Une Guerre Au Gout d'Uranium

Prologue : Arc-En-Ciel Morbide

Vendredi 25 avril 1986

La nuit est tombée depuis quelques heures sur la ville endormie tel un drap étoilé recouvrant les esprits endormis des habitants.

L'ordre est donné. Les lumières de la ville formant une constellation de sphères ors, s'éteignent délicatement, laissant apparaitre les novas argentées de la voute obscure .

Le réacteur s'est arrêté, laissant la ville sans électricité, comme suspendue dans le temps. Aucun bruit, juste le néant engloutissant la terre désormais seulement éclairée par les reflets infimes du dôme céleste.

Les cœurs s'arrêtent, tandis qu'une atmosphère lourde comme du plomb s'installe dans les esprits somnolant des ouvriers.

Le souffle court, ils attendent le résultat de leur expérience.

Les secondes passent comme d'interminables heures, pendant que personne n'ose produire un seul son.

Lorsque soudain, un bruit sourd retentit, faisant vibrer le sol et les tympans des hommes. Les yeux s'écarquillent, les infimes poils s'hérissent sur l'échine des employés, tandis qu'une onde de panique s'empare de d'eux, faisant rater un battement à leurs cœurs palpitants. Une deuxième intonation retentit dans le vide créé par la peur, tel un avertissement divin.

Comme un orchestre aux percutions irrégulières, la fulmination du réacteur hurle faisant s'élever dans les cieux d'une onde surpuissante, mille deux-cent tonnes de matière. La déflagration s'élance dans l'atmosphère comme un avertissement morbide aux milles couleurs de l'arc-en-ciel. Le rouge orangé mélanger au bleu vert des flammes, s'envole dans un tourbillon de soubresauts mauves clairs.

Les ouvriers, figés de terreur sont comme envoutés par ce spectacle d'une beauté infiniment mortelle aux pigments étrangement harmonieuses de l'apocalypse.

Aucun mot ne peut justifier une telle erreur de leur part, entrainant le déchaînement des particules destructrices. Avant même d'avoir plus relâché son souffle, la terre,tout  comme l'espoir avait cessé, la seconde où ces atomes en fissions avaient effleuré ce simoun désormais imprégné d'uranium.

Le trépas foudroyant de la vie est arrivé , faisant place à un ennemi fatal, vicieux et incolore. A croire qu' à cet instant, même l'espérance c'était  éteint en même temps que le destin de cette ville....