Encore une longue journée. Je rentre chez moi, tard dans la nuit. J'ouvre la porte, je rentre, je soupire.
J'enlevais lourdement ma veste, je posais mon parapluie dégoulinant et me déchaussais. C'était toujours comme ça, de la pluie, de longues journées maussades et de l'ennuie, beaucoup d'ennuie. Je secouais mes cheveux trempés et regardais vaguement mon reflet dans le miroir avant de soupirer une nouvelle fois.
J'entrais finalement dans mon appartement et déposais mes affaires un peu partout. En traînant des pieds, j'atteignis ma cuisine et j'y fis rapidement chauffer un plat de nouilles, par habitude. Je n'avais pas le temps de manger autre chose à vrai dire. J'avais toujours quelque chose à remplir, un dossier, des papiers, les factures... C'était toujours interminable.
Je m'installais alors lamentablement devant mon ordinateur, les jambes en tailleurs et un crayon à la main. J'allais encore une fois travailler trop longtemps, m'endormir dans le salon et me réveiller à cause de foutues crampes le lendemain.
Je commençais alors mes affaires, me concentrant du mieux que le pouvais sur mon ordinateur malgré la fatigue qui poussait mes paupières à se fermer. J'attachais mes cheveux, bien qu'ils soient déjà court, et chassais les mèches qui venaient gêner mon champ de vision déjà brouillé par le sommeil.
Je notais par-ci par-là de brèves choses, sur un cahier, un carnet, un tas de feuilles. Mon dos commençait déjà à me faire mal, sans parler de ma nuque. Finalement, si je ne voulais pas tomber, il vallait mieux aller me reposer pour de bon, même s'il fallait que je laisse tomber certaines de mes fiches à rédiger.Après avoir fait de mon mieux pour ne pas m'endormir, je laissais finalement tous mes projets de côté pour prendre une douche.
J'enfilais une tenue confortable et m'allongeais enfin sur mon lit. J'étalais mes bras sur toute la largeur et respirais profondément. Je n'appellais pas cela une vie, mais une obligation, un devoir. J'étais pourrie de l'intérieur par un métier infernal, dans un endroit misérable.Tout quitter ? Pour aller où, faire quoi ? J'étais prise au piège mais je savais qu'un jour, j'aurais la force de partir. Malheureusement ce n'était sûrement pas aujourd'hui.
Je regardais mon plafond d'un œil vide, la tête embrouillée par la lassitude.
Je n'habitais pas dans un endroit très agréable, mais j'y étais plutôt bien. Je me contentais de peu.Un vent glacial me balaya alors le visage. Ça m'arrivait souvent, l'isolation était mauvaise dans cet immeuble. Je me levais et vérifiais si je n'avais pas laissé une fenêtre ouverte, mais rien de ça. Seule la pluie venait hurler près de mes fenêtres.
Je retournais sur mon lit et m'assis simplement. Une bourrasque traversa une nouvelle fois la pièce. Un frisson me traversa le corps entier. J'attrapais une couverture dans laquelle je m'emmitouflais et un bruit se fit entendre dans le salon. Quelque chose avait sûrement du tomber. Je me levais alors, à contre-cœur, et allais vérifier. Surprise, je constatais que rien n'avait bougé.
J'étais trop fatiguée, je commençais à confondre ce que je voyais et ce que j'entendais. Je retournais dans ma chambre en baillant, bien décidée cette fois à dormir. Je me rallongeais donc, éteignant la lumière et en remontant ma couverture sur mes épaules.
Je fermais les yeux, me concentrant sur le bruit sourd de la pluie qui s'abbattait sur l'immeuble et essayais de m'endormir le plus rapidement possible.Pourtant, des bruits incessants ne cessaient de résonner. Comme des craquements sur le parquet. Je fermais les yeux un peu plus fort, persuadée que les arbres devaient se faire secouer par le vent.
Je commençais à avoir vraiment froid, je me recroquevillais sur moi même. Le bruit continuait de résonner quand soudainement, un souffle heurta mon visage.