Un lundi, en cours de sciences, madame Blanc nous déclara :
« Pour vendredi prochain, vous me ferez un exposé sur certaines maladies que je vais vous donner. Au choix : la leucémie, le cancer, ou le sida. A présent, mettez-vous par groupes de trois ou quatre. »
Nous nous sommes précipités pour choisir nos coéquipiers, c'est-à-dire nos amis. Evidemment, Lara s'est retrouvée seule. Madame Blanc a soupiré, et a envoyé Lara dans le groupe que je formais avec Zoé et Lison, mes deux meilleures amies. Malgré nos protestations, elle n'a pas fléchi. Si cela m'a mise en colère à l'époque, j'en suis si heureuse aujourd'hui !
Les groupes étant formés, madame Blanc nous a demandé de choisir un thème. Franchement, nous nous en fichions un peu, et nous avons pris le sida, à tout hasard. Puis, nous avons convenu de nous retrouver le lendemain, après les cours, pour préparer notre exposé.
Le lendemain donc, Zoé, Lison et moi avons débarqué chez Lara, bien décidées à travailler un peu. Nous fûmes accueillies par Mr Smith, le père de Lara, qui nous apprit que sa fille « ne tarderait pas à rentrer ». Une demi-heure plus tard, Lara n'était toujours pas là. Lison dût rentrer chez elle de peur d'être en retard. Monsieur Smith semblait sérieusement inquiet. Un quart d'heure encore s'écoula, pendant lequel Zoé et moi n'avons pas dit un mot ; et, à six heures moins dix, monsieur Smith, l'air désolé, nous proposa de rentrer chez nous. A tout hasard, nous lui laissâmes, avant de partir, nos numéros de téléphone respectifs. Sur le chemin du retour, Zoé, d'habitude si bavarde, marchait silencieusement à côté de moi. Moi-même, j'étais songeuse : qu'était-il arrivé à Lara ? Pourquoi n'était-elle pas rentrée chez elle ? Avait-elle fugué ? Cela paraissait peu probable. Lui serait-il donc arrivé quelque chose ? J'eus la surprise de constater que je m'inquiétais pour cette fille que je ne connaissais qu'à peine, qui ne parlait jamais, et dont tout le monde se moquait. Me serai-je donc attaché à elle ?
Le lendemain était un mercredi, et nous n'avions pas classe. Je passai toute la matinée à me tourmenter. J'essayai de faire mes devoirs, mais j'avais en tête les mêmes questions que la veille, et mon exercice de maths fut terriblement bâclé. Finalement, incapable de me contenir, j'appelai les Smith. La mère de Lara décrocha ; je me présentai comme une camarade de sa fille. Madame Smith se montra adorable, m'expliquant que Lara allait très bien, et que, si je le désirais, elle pouvait venir chez moi à partir de quinze heures pour travailler à notre exposé. J'acceptai, et, sitôt que madame Smith eût raccroché, j'appelai Zoé et Lison pour les mettre au courant. Toutes deux étaient disponibles, et vers trois heures et quart, nous étions toutes réunies autour de l'ordinateur.
Lara s'entendait très bien à rechercher des informations, et nous fûmes rapidement incollables sur le sujet choisi. Nous pouvions expliquer comment le sida s'installait dans un organisme ; nous étions capables de parler de la trithérapie et de la quadrithérapie ; nous savions qu'il faut ménager les personnes atteintes ; bref, nous avions en main toutes les clés pour réussir notre exposé. Il n'y avait plus qu'à organiser les informations. Nous verrions à préparer des images si nous en avions le temps. Vers 18h, Lara, Lison et enfin Zoé rentrèrent chez elles. Fière de notre travail, je refis entièrement mon exercice de maths, et avec soin !
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Lara Smith
Short StoryLara est arrivée en cours d'année dans la classe de CM2 d'une petite école. Différente, elle sera rejetée, moquée par ses camarades de classe. Car Lara cache un grand secret...