Prologue

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12 Avril 2008, 8h22

Florence, Italie.

Les détonations sourdes des coups de feu résonnent encore avec une telle force dans mon esprit que j'en viens à me demander si elles ne sont pas réelles. Adossé contre le mur d'une ruelle étroite et sinueuse, je tente tant bien que mal de reprendre mon souffle, mais ma respiration est bien trop irrégulière pour être récupérée pour l'instant. Je me penche en avant, les mains sur les genoux et expire un coup, les yeux clos. Je suis terrifié. Ma peur me fait trembler et je m'attends à tout instant à voir débouler d'un côté comme de l'autre mes poursuivants. Ce n'est qu'une fois que j'ai rouvert les yeux que je constate que l'aurore est déjà en train de baigner la ville de ses rayons naissants. Les cafés ne devraient plus tarder à ouvrir, je dois absolument trouver un moyen de contacter mon père. Lui seul saura quoi faire pour me sortir des ennuis dans lesquels je me suis fourré. Mon cœur continue de battre à tout rompre, j'ai froid, j'ai chaud, j'étouffe. Je tire sur ma cravate afin de la desserrer légèrement. C'est à peine si je sens la légère brise matinale qui effleure mon visage. Je n'arrive à penser à rien d'autres qu'à la situation dans laquelle je me suis mis. Je les entends d'ici me reprocher mon insouciance.

Je finis par me détacher du mur afin de sortir de la ruelle et peut-être trouver un café d'ouvert, bien qu'il soit encore tôt. Chaque fois que je pose un pied au sol, je me demande si l'autre va suivre. Je suis terrorisé à l'idée d'entendre à nouveaux ces coups de feu. C'est déjà un miracle que j'ai réussi à esquiver les précédents. Me retournant quasiment toutes les deux secondes pour vérifier que personne ne me suit, je finis par aboutir sur l'un des boulevards principaux. Je ne mets pas longtemps avant de repérer un homme en train de monter son store et commencer à installer des tables devant son enseigne. Je me dirige à pas feutrés vers lui et lui demande d'une voix mal assurée, mais cependant dans un Italien quasi authentique :

« Excusez-moi de vous déranger de si bon matin, mais vous n'auriez pas un téléphone pour que je puisse appeler ? C'est assez urgent. »

L'homme me fait signe d'entrer à l'intérieur du restaurant et m'indique un combiné accroché au mur dans un couloir sur la gauche. Je le remercie brièvement avant de m'empresser de le décrocher et de composer le numéro. Je porte le combiné à mon oreille, attendant tandis que les quelques intonations retentissent à l'autre bout du fil. Je sais qu'à Dallas, il fait encore nuit, mais je n'ai pas le choix. Je ne peux pas attendre six heures pour savoir quoi faire. D'ici là, mes chances pour quitter ce pays ne seront plus très haute. Les secondes qui s'écoulent me semblent interminables, pourtant après quelques instants, la voix endormie de mon père se fait entendre.

« Allô oui ?

- Papa, je suis tellement désolé, jamais je n'aurais pensé que la situation tournerait de cette façon. Il y a eu des fuites au tribunal, ils m'ont retrouvé et.. Je sais que j'aurais dû vous écouter, je sais pas quoi faire, s'ils me retrouvent je suis... »

Cette fois, je devine au ton de sa voix que mon père est bien réveillé.

« Calme-toi ! Prends le premier taxi que tu peux trouver et dis-lui de t'emmener à l'aéroport. Si tu ne quittes pas l'Italie tout de suite, il y a de grandes chances pour que tu y restes. »

J'hoche bêtement la tête, conscient pourtant que mon père ne peut pas me voir. Avant que je ne rajoute quoi que ce soit, il enchaine :

« Eh Ambroise, respire... Je sais que c'est dur de ne pas flancher maintenant, mais reprends toi. On se voit vite. »

Je préfère raccrocher sans rien ajouter, sachant pertinemment que je serai incapable de lâcher un mot de plus sans craquer. J'ai la gorge affreusement sèche et mon cœur continue de battre à tout rompre. Je ressors sans attendre du restaurant et fait signe au premier taxi que je vois passer. Je prie intérieurement pour que mes poursuivants n'aient pas déjà corrompu la moitié du pays afin de me retrouver. Je sais qu'ils en ont les moyens. 

[Titre en réflexion]Where stories live. Discover now