Rusé comme un Renart

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Renart, soucieux, se promenait en espérant trouver de quoi payer sa dette auprès de ses nombreux créanciers. Il décida de se diriger vers la rivière afin de se rafraîchir. En s'approchant, il aperçut une ferme. Il traversa la rivière par le gué. Il vit alors Dame Pinçarde, l'oie, avec une bourse en bandoulière qui tentait maladroitement de se glisser dans le potager de la ferme. Renart s'approcha en espérant que l'oie ne l'ait pas aperçu. Malheureusement pour lui, il écrasa une branche et l'oie se retourna brusquement. Essayant tout de même d'attraper sa bourse il sauta sur elle. L'oie l'esquiva et il s'en fallut de peu que Renart ne tombe à l'eau.

Elle le regarda l'air méfiant puis commença à s'éloigner. Embarrassé par son échec, Renart changea de tactique. Il s'adressa à elle d'un ton mielleux pour la retenir :

« N'ayez crainte, Dame Pinçarde. Je n'ai d'autre envie que de seconder l'important personnage que vous semblez être, annonça doucement Renart ».

Il continua :

« Je suis moi-même important et assez habile dans mon domaine, affirma-t-il.

- Alors, vous pouvez peut-être m'aider, répondit-elle.

- En effet, rétorqua Renart, car ce qui peut sembler impossible au premier abord devient beaucoup plus aisé lorsqu'on réunit ses talents. En quoi auriez-vous besoin de mes services, Dame Pinçarde, finit-il. »

Dame Pinçarde réfléchit puis lui expliqua :

« Connaissez-vous cette ferme ?

- Oh, je la connais très bien.

- Elle est très réputée pour ses délicieuses salades craquantes.

- Je la connais mieux pour ses tendres poules, déclara Renart.

- Je voudrais bien m'introduire dans ce lieu, dit-elle.

- J'y suis moi-même souvent allé et je connais bien le chemin du poulailler, continua-il.

- Mais qui a parlé de poules, je vous parle de mes salades craquantes, protesta Dame Pinçarde. »

Renart s'approcha de la barrière :

« Venez, suggéra-t-il à Dame Pinçarde restée au bord de la rivière. Passez sous la barrière et je ferai de même pour rendre visite aux poules ».

Renart lui conseilla de laisser là ses économies pour mieux s'introduire dans le potager. Lui-même la suivant, sa bourse ne craignait rien. Confiante, l'oie suivit les conseils de Renart qui courtoisement la fit passer la première. Alors Renart lâcha brutalement la barrière sur son aile, provoquant des hurlements qui alertèrent le paysan.

Renart se moqua de l'oie :

« Ah Dame Pinçarde ! Je ne pensais pas que les rumeurs qui circulent à votre sujet étaient vraies ! Eh bien vous voilà punie : votre bêtise vous a perdue. Vous voilà bien avancée à présent. Moi je m'en retourne chez moi et je ne reviendrai plus. Et vous, pitoyable comme vous êtes, je vous souhaite bien du courage pour vous sortir de ce mauvais pas. »

Renart prit la bourse et partit, laissant la pauvre Dame Pinçarde aux mains du paysan.

Ainsi donc la bêtise des uns fait la fortune desautres comme l'a montré la malheureuse Pinçarde face au rusé Renart. Ne dit-onpas depuis lors bête comme une oie ?                                                   

Rusé comme un renardWhere stories live. Discover now