Chapitre 40

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(Point de vue de Mark)

Tout s'est passé très très vite.

Ilona est tombée à la renverse dans mes bras.

Violette est arrivée en courant.

J'ai sentit le stress monter en moi, me prendre la tête, les tripes. J'ai vu Violette hurler, crier, je l'ai entendu m'insulter de tous les noms, je l'ai entendu lâcher des "Mark, je te hais, Mark, je te déteste !!". Je me suis sentit partir, je me suis sentit inutile. J'ai hurlé, j'ai hurlé à la mort, j'ai hurlé à la mort de me ramener Ilona.

J'ai vu les pompiers arriver, comme pour nous rassurer, nous montrer qu'on pouvait y arriver. Mais au bout de quelques minutes, j'ai vu leurs visages se décomposer, leurs yeux se fermer, leurs poings se serrer, leurs dos se tourner.

J'ai sentit mes genoux se cogner contre le sol, j'ai sentit les larmes me monter, mon visage s'humidifier, la culpabilité envahir mon corps, j'ai vu la haine, j'ai vu ma vie défiler, j'ai vu la mort arriver. J'ai sentit le poids du monde sur mon dos, et j'ai réalisé que je ne pouvais pas le porter. Alors je l'ai laissé s'écraser sur moi, parce que j'étais responsable, parce que tout ce que je faisais maintenant n'avait plus aucun sens.

Nous sommes le 20 décembre, et dans cinq jours, c'est Noël. J'ai serré les pulls que j'ai laissé Ilona porter de toutes mes forces, j'ai embrassé ce collier que je lui avait acheter pour Noël, j'ai démissionné de mon poste de surveillant, j'ai été détesté, par Violette, par moi-même, par le monde. J'ai pleuré seul dans le noir pour cette jeune fille que j'aimais, j'ai crié que j'étais désolé, mais personne ne m'a relevé. J'ai caressé son front une dernière fois, j'ai serré sa main un dernier instant et je les ai laissé l'emporter. J'ai pleuré sur sa tombe, j'ai voulu mourir à sa place, en espérant pouvoir donné ma vie pour la sienne. Mais rien n'y a fait, la culpabilité ne s'est jamais effacé. J'ai déprimé, j'ai vomi, j'ai pleuré, je n'ai plus mangé, j'en ai voulu à tout ces cons, qui lui faisaient vivre un enfer permanent, je m'en suis voulu à moi même, d'avoir été un moins que rien jusqu'au bout, j'en ai voulu à la mort de ne pas m'avoir prit à sa place.

Je ne suis rien devenu. Je n'ai plus jamais aimé, ma vie n'avait plus aucun sens. J'ai élevé mon fils sans trop intérêt, et j'ai fondu en larmes à chaque fois que sa petite voix fluette murmurait : "Elle est où Ilona, papa ?"

J'ai voulu crever. Oui. J'ai même essayé. Mais je n'y suis pas arrivé. C'était comme ci même la mort ne voulait pas qu'elle et moi soient réunis. Pourtant dans le creu de mon coeur, elle y réside toujours, elle sourie et elle va bien. Ilona était merveilleuse, Ilona était jolie, Ilona était mature, Ilona était magnifique. Mais personne ne s'en rendait compte. Personne sauf moi. Ilona savait ce qui était bon pour chacun, Ilona était émotive, un peu trop. Ilona avait de beaux cheveux. Ilona avait de beaux yeux. Ilona avait une douce voix, Ilona n'avait pas un corps parfait, Ilona n'était pas parfaite, mais Ilona était Ilona, et c'est ce qui faisait que d'une certaine façon elle était quand même parfaite.

Ilona n'est pas tombée sur les bonnes personnes, non. Pas même moi. Je ne me suis jamais vanté, je n'étais pas quelqu'un de bien, et je ne l'ai jamais été, et je ne le serai jamais. Je ne méritais pas Ilona, personne ne la méritait, et personne ne méritait ce qu'elle ressentait.

Je n'ai plus jamais eu de contact avec Violette, je ne sais pas ce qu'elle est devenue, comment elle va, toutes ces choses la. Je n'ai jamais revu Regan, ni Quentin, ni personne d'autre. Tous on fait une croix sur ce passé et tous ont reprit de zéro, en évitant ainsi de se sentir coupable une seule seconde alors qu'ils l'étaient probablement tous et peut-être, plus que moi je ne l'étais.

La seule chose que j'ai osé garder en tête, c'est que Ilona m'aimait. Et, peut-être que de là où elle est, si elle est quelque part, elle m'aime toujours, comme moi je l'aime toujours.

J'ai admiré son courage, courage que je n'ai pas eu. Quand je me suis regardé dans une glace, mes cernes et mon teint blanchâtre m'ont rappelés le visage d'Ilona, quelques jours avant la fin. Je me suis rendu compte de son état physique, comme mental. Ses ressentits qui faisaient du n'importe quoi, des hauts comme des bas, sà force physique qui se casser la gueule un peu plus chaque jour.

J'étais stupide de lui dire que tout s'arrangerait, parce que il était évident que pour elle il n'y avait qu'un moyen d'en finir.

J'ai vu mon corps se décomposer, j'ai vu mon moral partir en fumée. J'ai vu mes bras s'ouvrir, j'ai vu mon rire se fausser, mes pleurs s'intensifier. J'ai vu tout ça et je n'ai pas bronché, je n'ai pas bronché parce que c'était ce que je méritais, ce que je méritais pour tout ce que j'avais fait.

À présent, je n'avais plus le droit de sourire, c'en était fini. J'étais condamné à souffrir.

Cette fille était tout ce que j'avais de plus cher au monde. Elle était tout pour moi.

Je n'en peux plus, je n'en peux plus de souffrir. Cette fille était merveilleuse, cette fille ne méritait pas tout ça. Elle était drôle, gentille.

Elle ne méritait pas de souffrir.


Et moi je l'ai laissé, je l'ai laissé mourir.



FIN

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Un amour interdit [Relation élève/surveillant]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant