Chapitre 5: Central Park

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"Alec, tu n'es pas sérieux là? Comment peux tu avoir envie de revoir cette fille? Elle n'est même pas si jolie. Perso, moi, même avec des gants je n'y toucherais pas."

"Ca tombe bien Julia, personne ne te demande d'y toucher. C'est quoi ton problème avec Nikki? Elle t'a rien fat, fou lui la paix."  Rétorque Alec sur la défensive. 

Depuis vendredi, la pluie ne nous a pas quittés. Alec, Julia et moi avons donc décidé de nous retrouver au art' café pour débriefer la soirée de vendredi soir. Cela fait une heure que nous sommes là et cela fait une heure que Julia et Alec se disputent à propos de Nikki. En ce qui me concerne, je ne comprends pas trop la réaction de Julia, qui semble avoir un dent contre Nikki. Bien que je ne connaisse Julia que depuis quelques jours, elle ne me semble pas être le genre de personne à détester qui que ce soit. Je la regarde plus attentivement et essaye de lire, de décrypter sa réaction. Ses longs cheveux roux semblent électriques et vont dans tous les sens. Selon Julia, tout cela est dû à la pluie. Ses grands yeux verts reflètent une multitude d'émotions. La colère, notamment. Au fur et à mesure que le débat se poursuit, le rouge lui monte aux joues et son ton monte. 

"Et toi, Lucy, tu ne trouves pas qu'elle semble fausse cette Nikki? Si c'est bien son vrai nom. Je suis certaine qu'au fond elle se prénomme Marie-Chantal, mais comme elle a honte, elle se donne un faux nom. Avoue Lucy, elle en serait capable", me lance Julia, à la recherche de soutien. 

Merde, j'en sais rien moi. Je m'en masse royalement de cette Nikki. Ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi cet Ismaël ne m'a pas rappelé. 

"Ecoute Julia, je veux bien que ce ne soit pas la fille la plus naturelle de l'univers, mais je ne comprends pas trop ta haine envers elle. Alec est assez grand pour savoir ce qui est bon pour lui, nan? " Je lui répond, espérant la calmer. Je pose ma main sur son bras, tentant de lui faire comprendre mes propos. En vain. Julia repousse ma main, me fusille du regard et se lève. 

"Puisque vous semblez tous les deux trouver cette Nikki si géniale, vous n'avez cas louez ses prouesses à deux. Moi je me taille." Sur ce Julia, prend son sac, son IPhone et se dirige vers la sortie du café. Sans un seul regard, elle nous quitte. 


"Euh, Alec, tu peux m'expliquer ce qui vient de se passer?" 

Alec me regarde d'un air fatigué et tout en levant les yeux au ciel, il me dit: "Scène typique Julia". 

"Cette fille maîtrise parfaitement l'art des sorties dramatiques, c'est une artiste que veux-tu?"

Je crois qu'il a du lire dans mes yeux que cette phrase ne répondait pas à ma question,                  car il clarifie: "Ecoute, tu ne connais que Julia depuis 3 jours et, ne te méprends pas, j'adore cette nana, mais elle à l'art de créer des drames. Franchement, tu ne dois pas le prendre personnellement. Ce soir, elle se rendre compte que sa réaction est déplacée et elle fera tout pour se faire pardonner"

"Hm, si tu le dis. Je suppose que je n'ai plus qu'à te croire." Je souris à Alec et bois une gorgée de ce chocolat chaud divin. 

"Mais dis-moi Lucy, quid de toi et ton mec?" Me questionne Alec, sourire en coin. "Julia m'a raconté que tu avais passé la soirée dans les bras d'un brun "ultra canon Alec, si tu l'avais vu!"", dit-il en imitant la voix perchée de Julia. 

J'éclate de rire. 

"Hmmm, tu ne l'as donc pas vu. Dommage, je comptais sur toi pour m'en dire un peu plus sur lui. Je t'avoue que la soirée est assez floue." Lui dis-je en rigolant. 

"Tu m'étonnes, vu tous les shots que nous avons pris! Si ça peut t'aider, moi je suis resté dans le bar jusque 3 heures, mais à ce moment là tu avais déjà disparu avec ton mystérieux prince. Si j'ai bien compris, vous êtes partis prendre un bout à manger, du moins selon Julia."

Un autre déclic se fait. Je me souviens effectivement me promener avec Ismaël, main dans la main, dans l'Upper West Side. Nous sommes passés devant Juilliard. Lui ai-je dis que je commençais mes cours là-bas lundi? Je ne crois pas. Nous nous sommes arrêtés au Macdo. N'ayant pas très faim, nous avons commandé un burger pour deux. A mon avis, il s'agissait plus d'une technique d'approche, qu'un choix réellement du à ma "petite faim". Un autre souvenir de cette fameuse soirée me revient. 

"Lucy", me murmure Ismaël dans l'oreille, "tu es prête? A trois, on court!" 

Je suis dehors avec Ismaël, ses doigts toujours enlacés dans les miens. Il pleut des cordes, il fait gelant, pourtant, aussi cliché que ce soit, je n'ai pas froid, malgré que ma blouse soit trempée et mes baskets, inondées. Nous courons comme ça, main dans la main, tel un couple amoureux, surpris par la pluie. Nous arrivons devant la grille de Central Park. Celle-ci est fermée. 

Ismaël s'abaisse devant moi et me pose sur ses épaules. Il se relève et  j'atteins le haut de la grille. 

"Saute Lucy! Saute!" Me crie Ismaël, un éclat de rire transperçant sa voix. Une fois de plus j'obéis. J'atterris sur mes 2 jambes, de l'autre côté de la grille. Ismaël me lance le sac du Macdo, qui contient toujours notre burger. Je l'attrape. Ismaël ne tarde pas à nous rejoindre, moi et le burger, de l'autre côté de la grille. Je le regarde d'un air espiègle et commence à courir. 

Je lui hurle: "Je vais tout manger, si tu ne cours pas assez vite". Une course poursuite s'ensuit dans le parc désert. Alors qu'Israël s'apprête à me rattraper, je tente un dernier sprint. Il aurait mieux fallu que je m'arrête là, car la nature me rattrape. Je glisse dans une flaque boueuse. Si j'étais déjà trempée, je suis désormais également remplie de boue. Ismaël se précipite vers moi et m'aide à me relever. Il lâche ma main et enlève son magnifique pull bordeaux. En le soulevant, son t-shirt se soulève brièvement. J'ai le temps d'apprécier la vue. Son corps musclé décroche un sifflement spontané de ma part. 

Ismaël lève un sourcil. "Dites-moi mademoiselle, seriez-vous en train de me faire des avances?", me demande-t-il d'un air sérieux. 

J'éclate de rire et cours me réfugier contre son torse. 

"Il me semble bien que oui", je lui souffle doucement. Ismaël m'éloigne de lui et regarde son t-shirt blanc, désormais rempli de boue. 

"C'est malin ça, maintenant je suis tout sale. Tiens, toi enfile mon pull." J'attrape son pull au vol. 

"Retourne-toi.", je lui ordonne, "je ne veux pas que tu me mates quand je me change."

Ismaël rigole: "Eh oh, tu ne t'es pas gênée toi!"

"Ce n'est pas pareil", lui dis-je. Ismaël se retourne et je me change. Je me souviens avoir espéré qu'il regarde tout de même un peu. 

Retour à la réalité. Alec me fixe avec un regard amusé. 

"Tu as des nouvelles de ton prince?" me demande-t-il. 

"Hm, non, du moins pas pour l'instant.", je lui réponds d'un air que je veux léger. 

Dieu seul sait à quel point je meurs d'avoir des nouvelles. 

J'ajoute: " Ne nous faisons pas de plans sur la comète, je ne reverrai probablement jamais ce type."

"Dommage", rétorque Alec, en passant la main dans sa chevelure enmelée, "tu as l'air de vachement l'apprécier."

"Ah bon, et sur quoi ce base ce jugement, Alec? Un sixième sens secret?" Je lui demande en pouffant de rire. 

"Oh je me contente d'un sens bien commun Lucy; la vue. J'ai vu une flamme jaillir dans tes yeux à la simple évocation de son idée. Je crois bien qu'il s'agissait de la flamme de l'amouuuur."

Sur ces propos, j'attrape le coussin à côté de moi et frappe Alec au visage. 

"Au lieu de dire des âneries, va payer l'addition, espèce d'idiot!" lui lance-je. 




Lost in the big appleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant