Rat des champs (sous contrat d'édition - retiré de Wattpad le 13/07)

chapitre un ~ le trou de souris

- chapitre 1 ~ le trou de souris -

----------

Mousehole.

Trou de souris.

Je répète inlassablement ce nom dans ma tête, mais je ne vois aucune pancarte indiquant ce village, que je recherche pourtant depuis plus d'une heure. Je commence sérieusement à désespérer. Le chauffeur de bus m'a laissé planté comme un idiot dans un patelin qui m'est inconnu en me conseillant de marcher tout droit durant deux kilomètres.

Il est bien gentil ce monsieur, mais j'ai quand même un bagage d'une vingtaine de kilos à traîner derrière moi ! En plus, toutes les routes se ressemblent dans ce coin de l'Angleterre et je sens que de vicieux cailloux se sont immiscés dans mes chaussures. C'est le début de la fin, comme dirait ma mère.

Dépité, je m'arrête au bord de la route, pose mes fesses sur ma valise et tente désespérément de capter un quelconque réseau. J'agite mon smartphone en l'air. Rien. Je le fais toucher le sol. Rien. C'est peine perdue. Je ne suis peut-être pas arrivé au trou de souris mais je suis bel et bien dans le trou du cul du monde ! Je regretterais presque d'avoir accepté l'invitation de mon grand-père. Si je lui avais dit non, je serais actuellement en terrasse dans un bar du vingtième arrondissement avec Blanche et Léonard, mes amis de toujours.

Je suis épuisé. Et j'avalerais bien un sanglier ou deux, comme Obélix.

- Vous cherchez quelque chose ?

Oh, ma bonne étoile scintille enfin ! J'observe l'inconnu du coin de l'œil. Il ne m'inspire pas vraiment confiance. Il ressemble à ces tueurs en série sur lesquels j'ai bossé en études de cas à la fac de droit. Je ne suis certainement pas venu dans les Cornouailles anglaises pour finir découpé en morceaux dans un fossé.

Je ne devrais pas faire le difficile alors que je suis perdu au milieu de nulle part.

Ok, je lui accorde le bénéfice du doute.

- Je recherche la ferme de mon grand-père, lancé-je dans un anglais approximatif. Paul Rossignol.

L'homme d'une cinquantaine d'années se gratte la barbe et me lance un regard étonné.

- Je ne savais pas que Paul avait des petits-enfants.

Je le sens dubitatif. J'aimerais surtout qu'il m'indique le chemin, ou mieux, qu'il me prenne dans sa voiture pour que je puisse enfin me reposer.

- Monte, je t'emmène.

Merci mon dieu. Je fais le tour de la voiture pour me rendre du côté passager. Je traîne difficilement ma valise. Je m'apprête à grimper, mais je me rends compte que le siège est rempli d'outils en tout genre. L'homme me fait signe de monter dans la remorque. Je me demande quel est l'intérêt d'avoir une remorque vide si c'est pour mettre tout son bordel sur le siège avant.

Je grimpe sans broncher à l'arrière du véhicule et m'installe le plus confortablement possible tandis que le moteur se met à ronronner. Après quelques centaines de mètres sur des routes étroites et sinueuses, j'aperçois des maisons aux couleurs pastel et surtout, la mer à perte de vue. Les camaïeux de bleu et de vert me fascinent. J'ai l'impression de sentir les embruns pour la première fois de ma vie. Je songe un instant à sauter de la remorque pour m'élancer sur cette plage. Pourtant, mon périple dans les Cornouailles ne fait que commencer. Je suis convaincu de pouvoir goûter au plaisir du sable fin sur mes orteils d'ici peu.

La camionnette s'arrête enfin, et l'homme qui me conduit se met à klaxonner comme un dingue.

- Paul, je t'apporte quelque chose.