Chapitre 1 : Cours ma jolie, le passé est en train de te rattraper

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Chapitre 1

Noir. Tel est l'endroit dans lequel je me trouve, il fait entièrement noir. Je ne distingue aucun objet, mes yeux ne s'étant pas encore habitués à la pénombre. Mon cœur bat si vite, mon pouls s'accélère, je tente toutefois de respirer le moins fort possible pour éviter le moindre bruit pouvant alerter ma présence. Je ne suis pas seule, je le sais. Tout est arrivé si vite, je me suis retrouvée ici, dans ma penderie, en seulement quelques secondes. Je suis assise, entourée de mes vêtements, depuis des minutes ou bien des heures, je ne saurais le dire. Mais une chose est certaine, c'est que je suis ici depuis bien trop longtemps ; mes jambes me font mal, elles sont engourdies et ma tête me cogne si fort que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Comment sont-ils entrés ? Qui sont-ils ? Mes pensées se bousculent. Je suis pourtant arrachée de ces dernières par un bruit sourd venant du couloir, mon cœur s'emballe. Une silhouette apparaît, je ne peux la distinguer, homme ou femme, je ne peux savoir. Je comprends seulement que cette personne est mon ennemi en apercevant l'arme qu'elle tient dans ses mains. Je tente de ralentir ma respiration et me blottis dans le fond du placard lorsqu'un bruit résonne ; en me blottissant dans le fond un cintre est tombé, j'entrevois désormais la silhouette se diriger vers moi. Mon pouls s'accélère, il va me tuer, c'est certain, je ne pense qu'à ça, sa main atteint la poignée et la porte grince à son ouverture.

- R.A.S les mecs, on se tire, elle n'est pas là, on la retrouvera. On a tout de même ce qu'il nous faut donc c'est bon ! , crie une voix provenant du rez-de-chaussée.

Je ne reconnais pas cette voix. Le grincement de la porte s'arrête, puis sa main lâche la poignée et la silhouette s'avance vers la sortie puis descend. J'entends quelques minutes plus tard la porte d'entrée claquer et un véhicule démarrer, je reste tout de même une heure de plus dans ma penderie puis je me décide enfin à en sortir. Je m'avance, le cœur battant toujours aussi vite, je sors du placard et me retrouve face à mon miroir, les mains tremblantes. Je me trouve dans ma chambre, intacte, puis j'en sors et découvre une maison saccagée. Les murs sont troués par les balles des mitrailleuses, les meubles détruits, les cadres photos accrochés au mur sont quand a eux brisés. Cependant, ce n'est pas cette scène qui attire mon regard, ce sont les taches de sang sur les murs et le sol qui m'inquiètent. Je suis devant cette scène d'horreur, en pleurs et pense au pire, je me mets à courir dans toute la maison à la recherche d'un indice, d'une personne. En vain il n'y a pas la moindre présence de vie, je suis prise d'une crise de panique, tout mon corps se met à trembler, mes larmes ne cessent de couler sur mes joues et je ne parviens plus à respirer. Il me faudra trente minutes pour me calmer et retrouver mon souffle, puis mes pensées m'assaillent : qui sont ces personnes ? Les paroles de cet homme n'arrêtent pas de repasser en boucle : on a ce qu'il nous faut ! Mais qu'est-ce qu'il leur fallait ? Ma famille ? Où sont-ils ? Ils sont morts tous sans exception. Je ne les reverrai plus, c'est fini. Mais ce n'est pas possible, ce n'est pas possible ! Non, je refuse d'y croire ! Ils sont en vie. Tout se bouscule dans ma tête, mais une seule pensée ne cesse de revenir encore et encore : quel que soit le danger qui m'attend, je retrouverais ma famille.

* * *

Je retourne dans ma chambre tout en évitant de regarder les traces de sang dont je ne sais à qui elles appartiennent. Je fonce ainsi tête baissée jusque dans ma chambre, je prends un sac à dos assez grand pour y ranger assez d'affaires, je ne compte pas remettre les pieds dans cet endroit après y être sorti. Je prends quelques jeans, T-shirt, sweats, vestes enfin tout ce dont j'ai besoin en vêtements ; je m'empare de ma paire de basket préférée que ma mère m'avait offerte pour mes 17 ans l'année dernière. Je me dirige ensuite vers ma bibliothèque et prends deux, trois livres, mon carnet de citations puis je passe devant mon bureau et attrape le cadre photo posé sur celui-ci, c'est une photo de famille faite cette année, mes deux sœurs assises l'une à côté de l'autre font la grimace tandis que ma mère tient dans ses bras mon petit frère tout en souriant. Je n'apparais sur la photo qu'à moitié et en gros plan sur le côté, le déclencheur ayant pris la photo avant même que je n'ai eu le temps de m'asseoir à côté de ma mère. C'est une photo ratée, mais je l'adore, elle déborde tellement d'amour. Je la contemple ainsi pendant quelques minutes avant de me remettre dans mes préparatifs. Je me dirige ensuite vers la chambre de mon petit frère et prends dans son lit sa peluche, puis dans celle de mes sœurs où je chope une lampe torche. Enfin, je descends les escaliers et m'empare de l'arme cachée dans le placard de la salle à manger. Je considère une dernière fois cette maison dans laquelle j'ai vécu mes bons comme mes mauvais moments et m'approche de la porte d'entrée que je referme derrière moi.

Je me retrouve dehors, sans famille, sans maison, prête à les retrouver. Mais il me faut tout de même un endroit sûr où je pourrais trouver refuge pour une nuit. Une seule personne me vient en tête, je prends mon téléphone et compose le numéro suivant : 066 522 147, ça sonne jusqu'au moment où une voix grave se fait entendre à l'autre bout du fil :

- Allô ?, je ne réponds pas, quelques secondes après la voix répète : allô ? Suzie, c'est toi ?

Mon cœur s'emballe au son de sa voix, tout me tombe sur les épaules, mon souffle se coupe et mes larmes ne cessent de ruisseler sur mes joues, je m'effondre.

- Suzie, est-ce que ça va ? Où es-tu ? Réponds-moi. Tu es chez toi ? S'écrie la personne au téléphone, laissant percevoir une certaine inquiétude.

Je reprends ma respiration et essaie de me calmer. J'expire puis inspire et répète ainsi ce mouvement durant quelques minutes. La personne est toujours là. Je souffle une bonne fois pour toute et m'exclame entre deux sanglots, d'une voix tremblante.

- Ja... James .... J'ai, j'ai besoin de toi. Je peux te rejoindre chez toi ?

Live The Life You Love - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant