Guillaume avait passé près d'une heure sans que rien à propos du retard de train ne lui soit communiqué, il était alors quelque peu impatient, et stressé. Il s'était installé à un banc qui miraculeusement n'avait pas été pris d'assaut et avait patienté plus ou moins patiemment. Il fut soulagé lorsqu'il entendit que l'arrivée du train se ferait deux heures plus tard. Finalement mieux valait tard que jamais. Tout rassuré qu'il l'était mais toujours aussi angoissé, il décida de partir se promener aux alentours de la gare. Lorsqu'il revint, il n'eut pas à attendre longtemps avant de voir sortir du train une jeune fille brune qu'il reconnut immédiatement. Elle regardait autour d'elle en se dirigeant à pas lents vers la sortie son téléphone en main. Il se mit alors à avancer vers elle, la gorge serrée, et tendit le bras pour lui tapoter l'épaule d'une main légère. Elle se retourna et il lui sembla voir son ex-femme lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Cette ressemblance frappante ne lui était pourtant pas apparue sur la photo qu'elle lui avait envoyé. Elle était jolie, quoiqu'elle ait l'air complètement exténuée. Ils échangèrent un sourire, ne sachant ni l'un ni l'autre de quelle façon il convenait de se saluer. On ne rencontrait pas sa fille tous les jours !
Guillaume la guida vers la sortie de la gare en lui demandant posant quelques questions à propos du voyage, elle lui apprit ainsi la raison du retard. Ils discutèrent de choses et d'autres tandis qu'ils traversaient Paris et arrivaient dans la ville où vivait Guillaume. Il lui posa moult questions à propos de ses études, de sa vie en général jusqu'à ce que la conversation dérive sur ses parents. Mathilde tenta de bifurquer vers quelque chose de plus anodin mais Guillaume renchérit :
« Je suis surpris que tes parents t'aient laissé venir ici, venir me voir. Surtout Anne, après des années sans nouvelles... Lorsqu'elle est partie, elle m'a juré que je n'entendrais plus parler d'aucun de vous. Tu ne peux pas imaginer qu'elle a été ma surprise lorsque j'ai reçu cet e-mail de ta part l'année dernière.
La jeune fille ne sut que répondre et le laissa continuer.
-Ta mère t'a-t-elle dit pourquoi elle m'a quitté ? Et pourquoi cela justifiait qu'elle vous éloigne de moi ?
-En partie. Répondit Mathilde en haussant les épaules.
-Il se trouve qu'à cette époque je ne savais me rendre compte de ce que j'avais de beau dans ma vie. Je ne voyais que ce qu'il y avait de négatif, et crois moi la liste s'allongeait, entre mon travail que je venais de perdre, les factures et les dettes qui s'accumulaient, quelque part entre tout cela, je me suis perdu et j'ai commencé à résoudre mes problèmes en buvant. Je me rappelle la honte que je ressentais alors, j'étais incapable d'en parler à Anne et incapable de me rendre compte que je m'éloignais de plus en plus de ma famille, m'enfermant dans un cercle d'autodestruction. La situation devenant intenable, elle a fini par partir et je n'en conçois aucune rancœur. C'était inévitable. Je n'étais plus qu'une épave et pas un tiers de l'homme que j'aurais alors dû être. Vous m'avez alors été enlevé pour le meilleur mais à présent que je suis sobre et plus stable j'aimerais que tu fasses partie de ma vie même si tu as parfaitement le droit de ne pas en avoir la moindre envie. Je comprendrais, mais sache que si tu souhaites que nous établissions un relation... Peut-être pas celle d'un père et sa fille, car il me semble qu'il est trop tard pour cela mais au moins... Enfin, je ne te presse en rien... Il coupa le moteur de la voiture et en sortit, invitant une Mathilde songeuse à faire de même.
-N'as-tu pas faim ? lui demanda -t-il finalement.
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Une rencontre
ContoUn père, écarté depuis des années de sa famille, décide de renouer avec l'un de ses enfants.