Chapitre 2

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Il me lance un regard profond. Je ne sais pas quoi penser. Je suis un peu déstabilisé. Il a l'air de s'être attendri sur mon cas. J'attends qu'il dise autre chose, mais non, rien de plus. Il se lève, s'excuse et pars de la salle en me tournant le dos. Au moment où il franchis la porte, je l'interpelle, fais une pause, et dis :
- « D'accord.
- D'accord quoi ?
- J'accepte de vous parler. »
Je n'arrive pas à voir comment il réagit. Il retourne à sa place :
- Par contre, je ne veux m'adresser qu'à vous.
- Je suis tout ouïe.
- Je veux dire par là, que je n'ai pas envie que l'autre, là, puisse m'écouter.
- Mais c'est le gardien, il est obligé de rester dans la pièce.
- Vous en êtes sûr de ça ?
- Je vais voir ce que je peux faire.
- Ah, je n'ai pas envie non plus que les connards m'entendent. Oui, ce terme est destiné à vous derrière les caméras. »

Je le vois acquiescer. Je me pause et réfléchis sur ce que je viens de lancer. Ce doit être encore une de mes pulsions. A force de remuer les idées dans ma tête, c'était évident que ça allait sortir. Je n'ai pas mâcher mes mots. J'en profite pour dire mes quatre vérités. Je vois le lieutenant sortir de la salle. Le silence revient. Le néant règne en maître dans la salle. Je suis à nouveau oppressé dans cette pièce délabrée. On dirait que rien ne vit, tout pourrit sur place, mais rien ne meurt. Ce vide m'angoisse. Je me tourne vers la caméra pour fixer son voyant. Le temps semble se ralentir, comme s'allonger. Tout se fait long ici. Je vais devoir attendre à nouveau l'arrivée du lieutenant. Putain. Mais pourquoi j'ai accepté de lui parler ? Qu'est-ce que j'ai fais ? Je n'ai aucune envie de le faire. Je suis tellement con d'avoir agis sur un coup de tête. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Je suis crevé, presque somnambule. Mes paupières deviennent lourdes. Je voudrais dormir, retrouver le calme, être apaisé. Mais ce n'est certainement pas ici que je vais trouver ce dont j'ai besoin, entourés de flics. Qu'est-ce qui peut bien se dire de l'autre côté ? Ils sont comme tant d'autres à juger sans connaître, à te coller des étiquettes, à te rejeter pour ce que tu sembles être.

Ses putains de néons commencent à me cramer les yeux. Je ne sais pas combien de temps je moisis ici. Ils en ont rien à foutre des conditions dans lesquelles je suis. Eux qui veulent préserver la loi, ils sont incapables préserver leur locaux. Dans l'un ou l'autre, ils ne savent pas faire leur job correctement. Toujours à se croire au-dessus des règles, on en voit bien le résultat.
D'un coup, une voix vient tuer le silence pesant de cette pièce. Elle sort du talkie-walkie du garde. Ce doit être son chef. Il lui demande de me tirer dessus si je bouge. C'est désespérant de voir à quel point ils me prennent pour celui que je ne suis pas. De toute façon, ils ne cherchent pas à comprendre. Juste à savoir.
En me perdant dans mes pensées, je n'avais pas remarqué pas que le voyant s'était éteint. Lorsque je me retourne, je vois bel et bien le garde, bras tendus, l'arme braqué sur moi. Il tremble de peur. Je ne bouge pas. Je sais que le moindre geste me serait fatal. Mais après tout, qui sait ? N'est-ce pas là une dernière opportunité, l'occasion rêvée, tant espérée et attendue depuis si longtemps et ainsi boucler la boucle. Je vois déjà les gros titres dans les journaux : « Le tueur en série s'écroule dans son propre piège ». Je réfléchis, mais trop tard le lieutenant arrive, essoufflé. Le garde sort. Je me trouve de nouveau nez à nez face à lui. Je n'ai aucune idée de comment va tourner la discussion.
J'ai peur. On se regarde l'un l'autre ne sachant pas quoi dire. J'aimerais tellement ne pas être ici. Je ne me sens pas à mon aise. Je me referme sur moi-même, et redeviens muet.

« - Alors, on a perdu sa voix ? », me demande-t-il .

Je ne lui réponds pas. J'essaye d'éviter son regard, de penser à autre chose, de sortir mentalement de cette pièce. Putain l'enfer. Je me sens triste d'un coup, comme envie de pleurer, et me libérer de ces murs qui m'étouffent.

« - Excuse-moi de te bousculer, mais je n'ai pas trop le temps. J'aimerai vraiment que tu sois coopératif sur ce coup. »

Je le regarde tristement, tout en ayant une profonde colère en moi contre moi. Je me déteste.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 19, 2018 ⏰

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Je viendrais vous tuer ce soirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant