Quand tout s'effondre ...

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11h00 - Parc :

Je reste silencieux tout en marchant avec Gaston à côté de moi.

" Matteo, tu sais, Ambre ne le découvrira pas. Je te l'assure ! "

Je ne prends pas la peine de lui répondre quoique ce soit. J'entends Gaston soupirer.

" Tu as perdu ta langue ou quoi ?? "

Je hausse les épaules. Nouveau soupir de Gaston.

" Matteo tu es lourd là à ne pas répondre ! "

Nouveau haussement d'épaules de ma part suivi d'un autre soupir de Gaston.

" Bon je retourne au Roller si c'est ça ! Salut ! "

Je marmonne un salut et je vois Gaston s'éloigner d'une démarche furieuse les mains dans les poches.

Je ne peux pas lui en vouloir : je suis comme ça depuis qu'on a quitté le Roller suite à notre discussion avec la peste Ambre.

Je continue à marcher dans le parc sans savoir où aller. Mon téléphone vibre dans ma poche.

" Allô ? "

" Allô Matteo ? C'est moi. " dis la voix de mon père.

" Oui qu'est ce tu veux ? "

" C'est par rapport à ta mère ... "

" Quoi ? "

" L'avion qui devait la conduire à New York s'est crashé ... "

Je me sens trembler.

" Et ? "

" Matteo je suis terriblement désolé ... Il n'y a aucun survivant ... "

Je lâche le téléphone qui tombe dans l'herbe sans se casser.

" Matteo ? Tu es encore là ? " dit la voix de mon père inquiet.

Je sens les larmes me monter aux yeux.

" Matteo ? Matteo ? Réponds ! "

Je ramasse mon téléphone.

" Oui ... " dis je la voix secouée de sanglots.

" Je vais rentrer plus tôt ce soir. Ca va aller ? "

" Il faut bien non ? " dis je avec la même voix.

" Tiens le coup jusque ce soir après on verra ok ? "

" Ok ... "

" Allez je te laisse j'ai ma réunion qui va commencer. Bonne journée et à ce soir. "

" A ce soir ... "

Je raccroche et reste immobile et tremblant. Je compose le numéro de Gaston.

" Allô ? "

" Allô Gaston ? C'est Matteo. "

" Ah ... C'est toi ... "

" Tu peux venir ? " dis je la voix encore coupée de sanglots.

Gaston ne répond pas.

" Hé ho ! Gaston ! "

" Non désolé Matteo je ne peux pas ! Fallait réfléchir avant ! "

Gaston raccroche. De grosses larmes coulent sur mes joues. Pile au moment où j'ai besoin de mon meilleur pote il n'est pas là.

Je rentre chez moi et monte dans ma chambre. Je me jette sur mon lit et pleure à chaudes larmes.

12h30 - Chambre de Matteo :

Immobile ... Voilà ma position ... Personne ne viendra car personne ne sait que je suis ici ...

Gaston m'a lâché ... Ma mère est partie dans un autre monde où je ne pourrais plus la voir ... Mon père préfère rester travailler que d'être là avec moi pour partager avec moi ma douleur ...

Mourir ... Voilà la solution ... Comme ça je rejoins ma mère ... Ce ne sera pas une grande perte ...

J'emporterais avec moi ce qui s'est passé la nuit dernière ... J'ai menti à tout le monde ... Même à Luna qui est pourtant concernée ... Oui il s'est passé quelque chose cette nuit là ...

Comment mourir alors que je suis en parfaite santé ? Médocs ... Oui c'est ça je vais avaler un par un tout les médocs de l'armoire à pharmacie de la salle de bain ... J'y vais de ce pas ...

13h00 - Salle de bain de la maison de Matteo :

Ok ... C'est parti pour une mort sans douleur ... Ma mère a t elle ressenti le choc lorsque l'avion s'est crashé ? Bonne question ... La réponse est partie avec elle ...

J'ouvre l'armoire à pharmacie et y trouve les somnifères de mon père et moi. Je prends les 5 boîtes et commence à défaire tous les cachets des plaquettes. Je verse un verre d'eau et dissous les cachets dedans.

Cul sec ... J'avale tout le contenu du verre d'un seul trait ... L'effet se fait ressentir : ma tête tourne et je commence à somnoler debout ... Puis je m'écroule d'un coup ...

17h00 - Salle de bain de la maison de Matteo :

J'entends au loin la porte qui s'ouvre.

" Matteo ? Matteo ? Tu es là ? "

" Oui ... " dis je d'une voix faible.

J'entends quelqu'un monter les marches et entrer en trombe dans la salle de bain.

" Matteo ! Matteo ! " dit mon père en me secouant.

" Quoi ... " dis je avec la même voix.

" Qu'as tu fait ? "

Je pointe le verre brisé en mille morceaux par terre et les boîtes de somnifères vides sur le rebord du lavabo.

" Matteo ... Pourquoi ? "

" Je voulais la rejoindre ... "

Mon père me regarde tristement.

" Matteo ... Tu es tout ce qui me reste ... Je ne veux pas te perdre aussi ... "

Je me relève difficilement avec l'aide de mon père.

" Va te reposer. Je vais appeler un médecin pour être sûr que tu vas bien. "

Je vais dans ma chambre en titubant : ma tête tourne encore horriblement.

17h30 - Chambre de Matteo :

Je m'allonge sur mon lit en fermant les yeux.

Je me suis loupé ... La dose était trop faible pour me tuer ...

J'entends le médecin entrer et monter les marches. Il entre dans ma chambre.

" Matteo c'est ça ? "

" Oui c'est moi. "

" Tu peux t'asseoir doucement sur ton lit ? "

Je me relève et m'asseoit. Il m'ausculte et redescend voir mon père.

" Alors ? Il va bien ? "

" Il est en pleine forme. La dose était trop faible et heureusement. Par contre je vous conseille d'aller voir un psychologue. Sinon il pourrait être amené à repasser à l'acte. "

" D'accord merci docteur. "

" Voici la carte d'un psychologue spécialisé dans ce domaine. Celui que vous avez c'est pour revenir au présent. Celui là sert à accepter que la personne n'est plus là mais qu'il faut continuer à vivre. "

" Merci bien docteur. "

" A votre service M.Balsano. "

J'entends la porte s'ouvrir et se refermer. Mon père vient dans ma chambre.

" Ca va s'arranger ... Je te le promets ... Repose toi ... Je t'appellerais pour manger ... "

Il redescend. Je m'allonge sur mon lit et m'endors rapidement.

Tu as bouleversé mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant