1 - C'était un haut diplomate

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"- Tu veux que je te dépose où, chéri ?" dit elle d'une voix mielleuse.

"- Sur le trottoir d'en face. Ça sera le plus simple. " répondit-il. Malgré les apparences, il était anxieux. Cette fois-là,  le patron avait misé gros sur lui. Tout lui pesait sur les épaules.

Elle accéléra.

"- On est presque arrivés..." chuchote-elle.

NaYung était belle, oui. Même très belle. Il savait qu'il avait de la chance de l'avoir comme petite-amie. Beaucoup de personnes le jalousaient, et parfois, ne se gênaient pas pour le montrer ouvertement.

Et elle l'aimait profondément. A en mourir. Elle avait déjà plusieurs fois pleuré à cause de lui et elle lui avait toujours pardonné, malgré ses erreurs, adultères et mensonges répétés. Elle, n'avait jamais fauté, elle l'aimait beaucoup trop pour ça.

Lui pourtant, son cœur battait pour une autre. Depuis longtemps. Cette dernière était beaucoup moins belle qu'elle, avait bien des défauts, et pas des moindres, mais il la désirait. Il ne vivait que pour elle et que par elle.

La voiture s'arrêta.

"- Bon courage, fais attention à toi. A toute,  JiWonnie .." elle avança ses lèvres vers lui. Malgré le dégoût qu'il éprouvait pour elle, il l'embrassa. Un baiser rapide et froid. Il prit son sac et sortit, sans un mot. Il claqua la portière derrière lui.

Il faisait nuit noire. On voyait seulement les phares de la voiture de NaYung.

Il traversa la grande route rapidement. Il s'arrêta devant le grand bâtiment, éclairé seulement à un seul étage. Le troisième.

Il mit un masque.

Il s'avança et sonna à la porte. Une mélodie de carillons se fit entendre, ce qui le fit sourire.

"- Bonsoir, que puis-je faire pour vous?" dit une voix, sortant de l'amplificateur.

"- Bonsoir, j'ai rendez-vous aujourd'hui avec Monsieur le diplomate." répondis JiWon.

"- C'est à quel nom ? "

"- Park YunYun. "

La porte s'ouvrit. Il entra en remerciant l'homme au bout du fil.

Il sortit de son sac l'arme qu'il chargea et qu'il cacha dans une poche intérieure de son costume puis mit son sac sur son dos.

C'était un grand hall, vide, lumineux et luxueux. Il était constitué de grandes colonnes de marbres, tout comme le carrelage.  Des lustres en cristal pendaient des plafonds par une chaîne d'or. Tout était propre et astiqué jusqu'au moindre recoin.

JiWon était subjugué par tant de richesses. Il se dirigea vers l'ascenseur, lui même tapissé de velours, entouré de dorures. Il appuya sur sur le bouton qui menait au troisième étage. Les portes métalliques se refermèrent. L'ascenseur montait. JiWon se regarda dans le miroir. Il remit en place son masque, passa sa main dans ses cheveux, épousseta son costume et ajusta le col de sa chemise blanche.

L'ascenseur s'arrêta et s'ouvrit avec un petit son de cloche. Il sortit rapidement. Il arriva dans un couloir aux murs et au sol de velours rouge, comme l'ascenseur.

Un très jeune homme l'attendait là.

"- Bonsoir, vous êtes Monsieur Park YunYun ?"

"- Oui."

"- Monsieur le diplomate vous attends dans son bureau. je vous y accompagne. Suivez-moi"

JiWon le suivit. Ils traversèrent de nombreux couloirs. Le chemin se faisait long. JiWon se demandait même si ce garçon, aux airs si innocents ne savait pas ses réelles intentions ici.

"- C'est ici. Je vous attendrait pour vous raccompagner à la sortie."

Il remercia le jeune garçon d'un sourire et ouvrit la porte de bois poli aux dorures complexes.

"- Bonjour Monsieur Park! Entrez, je vous attendait." dit un vieil homme, richement habillé. "Comment avancent les affaires, hein? oh non, je ne peut pas vous poser ce genre de questions... Dites moi, vous venez pour quoi, au juste?"

"- Je..."

Le vieux diplomate le coupa:

"- Et vous pouvez retirer votre masque, vous ne craignez rien... je suis un habitué du milieu."

"- Non, ça va aller. C'est juste pour des commandes non payées. Mais ça vous fait une grosse somme." dit-il en lui tendant un papier. "Le patron exige que vous le payer sur le champ. Et en cash."

Le diplomate prit le papier et pâlit.

"- Je ne peut pas... C'est beaucoup trop. Je ne peux pas avoir un autre délai?"

"- Je suis désolé pour vous, mais je ne fais qu'obéir aux ordres, je ne peut rien faire, pas de délai. Aujourd'hui c'est tout."

Le vieil homme regardait JiWon d'un air suppliant. Mais celui-ci restait impassible. Ce n'était pas son problème. Les affaires, c'est ainsi. Surtout dans ce milieu là.

"- Je m'en excuse." Le diplomate prit son téléphone et appuya pour appeler la police. C'était son seul échappatoire.

JiWon l'avait prédit. Il sortit son arme et lui tira dans la main, détruisant le téléphone avec. Le vieil homme hurla de douleur et s'écroula par terre.

"- JE NE PEUT PAS VOUS PAYER, JE SUIS DÉSOLÉ, C'EST IMPOSSIBLE!!!"

JiWon hésita. Il savait ce qu'il fallait faire dans ce cas-là. Il le savait pertinemment. Pourtant, son cœur, lui, lui dictait autre chose. 

"- J'aurai voulu que ça se passe autrement." souffla Jiwon

Il pointa son arme entre ses deux yeux. Le pauvre homme eu terriblement peur. Que lui avait-il prit de toucher à ça? Il savait qu'il devait en payer les conséquences, c'était un pari trop risqué. 

Il repensa soudain à sa femme. A sa gentille et douce femme. Avec ses petites fossettes qui apparaissaient quand elle riait aux éclats. Il adorait ses petits plats qu'elle faisait toujours avec amour. Qu'est-ce qu'il l'aimait!

Puis à ses deux enfants. Son fils avait bien grandi. C'était devenu un avocat reconnu. Et il avait sa petite famille, lui aussi, même si sa femme n'est pas celle qu'il lui aurait destiné. Elle était moins calme, plus libre, un peu trop libre mais elle le rendait heureux. Et il aurait dû s'en rendre compte dès le début. Maintenant qu'il a cette arme pointé sur lui, il s'en rendait compte. Il regrettait amèrement de s'y être opposé, à ce mariage.

Heureusement, se dit-il, son fils était têtu. Il ne l'avait pas écouté, et à cette heure-là, il avait une petite-fille. Qu'il n'avait jamais vue, en raison de cette union controversée. On lui avait dit que sa petite fille avait les cheveux bouclés de sa mère et les yeux de son fils. Elle devait être superbe.

Et puis sa fille, sa jolie fille. Elle était studieuse et n'a jamais fait quelque chose qui aurait pu le contrarier. Il ne s'était jamais réellement occupé d'elle, elle qui était si effacée et renfermée. Il aurait aimé, lui donner autant d'attention qu' à son fils. Malgré cela, il était très fier d'elle. Et il aurait aimé le lui dire au moins une fois dans sa vie.

JiWon regardait, stoïque, ce pauvre homme dont les larmes ne cessaient de rouler sur ses joues barrées de rides. Il ne savait pas ce qu'il avait vécu. Et puis, il ne voulait pas s'en préoccuper, et encore moins l'épargner, il avait assez de problèmes comme ça, il n'allait pas s'encombrer de ceux de cet homme qui avait tout pour être heureux, l'argent, l'amour et la gloire et qui pourtant se retrouvait ainsi, à être tué comme un lapin.

"- Je ne peux rien y faire, les ordres sont les ordres."

JiWon appuya sur la détente, la balle siffla dans la pièce et se logea dans le cœur du vieil homme, sous ses yeux tristes. Il s'effondra lamentablement, dans un râle sourd.

JiWon n'attendit pas qu'il finît son agonie. Il se précipita vers la sortie, en courant.

Il en était désolé, mais il avait déjà tiré deux coups de feu, cela avait dû forcément alerter quelqu'un. Il ne pouvait pas se le permettre.


WE'LL SEE - BOBBYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant