The First Crash

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"Mais oui Maman... Tout va bien aller, dis-je, mon smartphone collé à mon oreille.
- Ça doit être éprouvant pour toi de partir aussi loin.. Toute seule en plus."

La pauvre... Elle est inconsolable, et en plus elle essaie de me faire croire que ce n'est pas parce que je vais affreusement lui manquer.

"Il y a des tas de gens comme moi qui ont été sélectionnés, je ne serai pas seule, dis-je en essayant de la rassurer quand même.
- Bon... Ton trajet jusqu'à Paris s'est bien passé ?
- Super. On n'a pas eu trop de circulation, pour une fois. Les voix aéro-automobiles sont quand même appréciables, et pourtant, je n'aime pas tant ça, tu le sais.
- Oui.. Tu dois être fatiguée, ma chérie.
- Mais non, Maman... Je fais partie des plus chanceux, je suis tout près de Paris, dont l'aéroport a été désigné point de rendez-vous des sélectionnés au concours. Les étrangers européens ont dû nous rejoindre avec un autre vol avant.
- Mais pourquoi ?
- Je crois que c'est parce qu'ils ne veulent pas nous mélanger à la ligne publique. On a une sorte de vol privé. Après tout, notre voyage est offert."

En fond, j'entends une petite sonnerie avec une voix féminine qui annonce mon départ à travers les micros de l'aéroport.

"Maman, faut que je te laisse. Promis, je t'envoie un email quand je suis arrivée à New York.
- Bisous ma chérie. On t'aime fort.
- Je t'aime Maman."

J'éteins mon smartphone d'un geste tremblant, puis me retourne vers Anthony. Il me tend mon sac de voyage en souriant.

"On y va ?"

Je souffle un coup, stressée.

".. Ouais !"

Nous marchons d'un pas rapide vers l'air d'embarcation. Je jette un bref regard vers l'extérieur. Il fait sombre, il pleuviote. Le soleil n'est pas encore totalement levé, et les nuages continuent  à masquer le ciel.

Une fois devant mon jet, je remarque d'autres passagers en train de monter dans l'appareil. En haut des petits escaliers, des contrôleurs vérifient nos billets spéciaux.
Je me tourne une nouvelle fois vers Anthony, puis le regarde en souriant. Lui me sourit aussi un instant, puis me prend dans ses bras chauds.

"Ça va aller frangine. Fais un bon voyage. Nous sommes tous très fiers de toi.
- Merci Thony.."

Je le sers fort à mon tour, au bord des larmes. Je me retiens de fondre en larmes. Je me décolle de lui, et le fixe dans les yeux encore.

"Allez, dit-il. File !"

Je hoche la tête sans un mot, me retourne, puis m'avance vers les escaliers.
Je suis la dernière à m'enregistrer devant le contrôleur. Il me souhaite aimablement un bon vol, puis j'entre dans l'appareil.

Il s'agit bien la d'un jet de luxe. Le sol est couvert d'une belle moquette rouge foncé, les rideaux des hublots de la même couleur. Je me dirige vers mon siège que je tarde pas à trouver. À côté de moi, un homme aux cheveux blonds me sourit. Il s'excuse d'un timide "sorry" avant de me laisser passer et m'asseoir.

Je suis placée côté hublot. J'ai de la chance, je ne perdrai aucune miette du paysage - même si je doute qu'on ait tellement à voir à part de l'eau en traversant l'Atlantique.

Nous sommes vraiment très peu nombreux dans ce petit jet. Je pense qu'on est une vingtaine d'européens à avoir été sélectionné. Les candidats des autres continents ont été convoqué dans d'autres grandes villes.

L'avion se met en route vers la piste de décollage. Je regarde ma montre. On est pile à l'heure.

Après quelques secondes, nous sommes déjà en train de nous élancer. Je suis clouée à mon siège par la vitesse. À la fin de la piste, l'avion s'élève dans le ciel.
C'est impressionnant. Je vois le décor penché. Nous prenons de plus en plus d'altitude.

Une minute plus tard environ, l'avion se stabilise dans les airs. Notre vitesse avoisine certainement les 5 000 km/h. Nous serons à New York dans à peine une heure et demi.

Une fois dans l'Atlantique, je ne me préoccupe plus tellement de mon hublot. Je décide de dormir un peu pour passer le temps. Une longue journée m'attend.

Plus tard, je me réveille. Le blond est toujours à côté de moi, il regarde quelque chose sur son smartphone.

Je me rend compte que j'ai dormi un peu plus d'une heure. C'est quelques instants plus tard, en posant un regard sur mon hublot, que je vois les côtes américaines. J'aperçois même l'aéroport.

Je m'empresse d'interpeler mon voisin et lui montrer.

"Look ! Look !"

Il me sourit, puis s'avance vers le hublot pour regarder.

Une alarme retentit brutalement.

Dut ! Dut ! Dut ! Dut ! Dut !

J'interroge mon voisin du regard. Il semble aussi stupéfait que moi.

Partout dans l'avion, les passagers se lancent des regards interrogateurs, puis paniqués. Personne ne comprend. Le son de l'alarme est si bruyant que certains doivent crier pour se faire entendre de leur voisin.

Aucune information ne nous est donnée, autant par les micros que par les hôtesses et les stewards qui eux, ont tous disparu.

Notre avion dévie de son trajet. Nous nous éloignons de l'aéroport que je voyais juste avant. La manœuvre du système de pilotage - vu qu'il n'y a plus de pilotes depuis quelques dizaines d'années - doit certainement être volontaire.

L'avion se met à trembler violemment.

Tout le monde tremble, pleure, hurle au désespoir. Moi-même suis incapable de bouger.

Que se passe-t-il ici ? N'y a-t-il personne pour nous informer.

Soudain, nous sentons l'avion se pencher. Je ne sais pas précisément vers où, ma tête tourne, j'ai la nausée. Je regarde le hublot. Tout ce que je vois, c'est l'eau, l'Atlantique, ce décor penché.
Je comprends très rapidement.

Nous faisons un pic dans l'eau.

Je m'accroche à mon siège et ferme les yeux, attendant ma fin précoce.

MAYAZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant