Sonate au clair de la lumière

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Quand un air de mélancolie traverse le temps, quand un air envoutant devient soudainement oppressant, je joue. Bat de plein fouet les touches du grand instrument pour faire battre mon cœur. Dessiner dans l'espace, des ondulations colorées qui suivent le rythme. Sans oublier la pédale que je compresse pour intensifier le son, pour écraser mes idées sombres. Pour rompre le silence de cette solitude incessante. Pour crier à l'aide, mais personne ne m'entend. Qu'est-ce que je fais ? Où je vais ? Mais je ne vais nulle part, je reste dans mon box, dans ma tanière. C'est alors que j'ouvre les yeux et que je ne vois que l'obscurité. L'obscurité d'une chambre mauve endormis. Endormis dans l'aube d'un nouveau jour. Un nouveau jour qui ne sera pas si nouveau. Un nouveau mouton, oui sans doute. Reproduisant les mêmes actions machinales qui rythment tous les jours de ma vie. C'est la solitude qui me tue. Cette solitude qui me rappelle que personne ne viendra me voir, personne ne m'admirera derrière sa fenêtre, personne de m'observera avec envie. Personne ne découvrira ce corps translucide et maussade que je porte chaque jour. Cet emballage qui mériterait de disparaître.

- Se lever

- Boire son thé

- Aller aux toilettes

- Se brosser les dents

- Se peser

- Boire de l'eau

- Aller au lit.

Je ne

pourrai

supporter

davantage

cette

routine.

Je décide maintenant de changer. Il faut que je regarde tout ce bazar sous un angle nouveau. Il faut que je prenne de la hauteur. J'escalade mon bureau et la pile d'ordures qui s'y trouve. Il faut que je trouve un moyen de faire respirer cette pièce et moi par la même occasion. C'est une évidence qui me saute aux yeux comme ce loup qui me saute à la gorge : La fenêtre.

Je me saisis de la petite poignée en bois lustrée et ouvre le monde. J'entends des oiseaux gazouiller, le bruit d'un moteur qui tourne, une fenêtre se fermer. Un éternuement qui me fait relever la tête. Se dessine progressivement alors la silhouette de ce jeune individu. Ce qui me frappe, c'est la pâleur de sa peau. Dans un élan de panique, je referme brusquement les portes du paradis, ayant été prise en flagrant délit à épier ce corps vivant, oui vivant. Je me retourne afin de contempler mes murs, pour retourner dans ma bulle, me cacher dans le mauve. Mais c'est bien trop tard, tout a changé.


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⏰ Dernière mise à jour : Jul 24, 2017 ⏰

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