Chapitre I ou comment se mettre dans le pétrin sans même prononcer un mot

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À cette période je ne me doutais pas de ce qui allait m'arriver. Vivre un vie ordinaire, comme cela semble loin... Si loin que parfois je me surprends à ne plus me rappeler la senteur des manuels que j'étudiais, le visage des personnes que je côtoyais chaque jour, le bruit assourdissant de la cohue à la cafétaria. Tout cela disparait petit à petit de mes souvenirs. Ce jour marqua le début de grands changements et ma vie ordinaire commençait à devenir peu à peu extraordinaire. Bons ou mauvais changements, vous le découvrirez bien assez tôt.

***

Le paysage n'était que brume, une brume épaisse, empêchant de voir ce qui existait au-delà de dix centimètres. Une jeune fille blonde se trouvait au milieu cette masse grisâtre. Elle scrutait autour d'elle tentant de percer avec ses yeux les contours de ce lieu étrange qu'elle ne discernait pas. Perdue, elle chercha à avancer prudemment en tendant ses bras à la recherche de quelque chose de tangible. Elle marcha encore et encore mais sans résultat. Dépitée elle s'arrêta. Que pouvait-elle bien faire ? Cela ne servait à rien. Devait-elle retourner sur ses pas ? Continuer tout droit ? Aller à gauche ? À droite ? Elle s'embrouillait dans ses pensées quand soudain elle entendit un son. On aurait dit un frottement. Elle se retourna brusquement prête à combattre ses pires cauchemars mais n'aperçut qu'une forme au loin, qui ressemblait à une forme plus condensée du brouillard qui l'entourait. Celle-ci se rapprochait doucement à vitesse constante. Peu à peu la blonde crut discerner une silhouette. Quand celle-ci fut assez proche pour qu'elle puisse tenter de la toucher avec son bras, la brume fut comme expulsée vers l'extérieur du cercle que la silhouette et elle formaient. Elle put donc observer la femme qui se tenait devant elle. Brune aux yeux bleus, elle semblait avoir la soixantaine. Son visage était marqué par quelques rides mais ses traits étaient fins, son regard doux, elle respirait la bienveillance. Et ses yeux... Ses yeux lui semblaient curieusement familiers. La femme ne bougea pas, attendant que sa cadette finisse de la scruter. Elles n'étaient maintenant plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Les yeux de la brune brillaient de tendresse et quand la jeune fille sembla revenir de ses pensées, elle lui sourit.

"-Bonjour Nora. Je suis très heureuse de te rencontrer. Si tu savais à quel point j'attendais ce moment. Je m'appelle Arianne.

-Euh... Eh bien... Bonjour. Cela va vous paraître impoli mais qui êtes-vous ? Vos yeux me semblent familiers mais je ne sais pas d'où... Et où sommes-nous ? Suis-je entrain de rêver ?

-Je me doute que tu dois avoir des milliers de questions mais nous n'avons pas beaucoup de temps. Tu vas bientôt te réveiller et je ne pourrai alors plus entrer en contact avec toi.

La blond ouvrit la bouche pour intervenir mais l'ainée ne la laissa même pas émettre une voyelle, elle enchaina directement semblant ne même plus respirer

- Ecoute-moi bien Nora. Il faut absolument que tu retiennes tout ce que je vais te raconter. Le temps presse et il faut faire vite. Je dois t'avouer certaines choses. Il est possible que cela te fasse un choc mais c'est nécessaire. Je suis ta grand-mère Nora. Angia et Céline étaient mes filles adorées. Je n'ai pas pu les protéger par le passé mais je vais rattraper mes erreurs. Tu vas vivre des choses terribles ma chérie mais tu ne seras jamais seule. Les légendes que tu étudies sont toutes vraies ma chérie et tu es ... .Ta mère te l'a caché pour ... mais cela implique... responsabilité puisque ... apprendre à contrôler ... . Nora ? M'entends-tu ? ... Je perds le lien. Je ..."

Un bruit strident retentit et tira Nora de son rêve. Elle se redressa en sursaut, son cœur battant un rythme endiablé dans sa poitrine et son esprit en ébullition face à ce rêve étrange. Celui-ci la laissait perplexe. Comment avait-elle bien pu voir sa grand-mère alors qu'elle ne l'avait jamais connu ? Pourtant ces yeux.... Maintenant qu'elle essayait de les comparer c'était vraiment évident, c'était bien les mêmes que sa mère. Peut-être s'était-elle imaginer une grand-mère dans son subconscient ? Perdue dans ses pensées elle ne se rendit compte de son absence que lorsqu'elle entendit sa tante l'appeler d'en bas. Il fallait qu'elle se dépêche pour ne pas arriver en retard à l'université. La jeune fille sortit de son lit en vitesse, s'habilla rapidement, vérifia le contenu de son sac de cours et descendit. Dans la cuisine elle salua sa tante avec un bisou sur la joue et en fit de même avec son oncle.

dANGErOù les histoires vivent. Découvrez maintenant