La ville

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La fille raconta alors sa vie quotidienne dans la cabane qu'elle habitait, elle fit part de ses éclats de rire, ses petites aventures dans les arbres et les champs, ses amis de la colline. Puis elle continua son récit, le premier élément perturbateur:
,, C'était lors d'une journée comme les autres, les gens de la ville étaient venus. Ils m'avaient beaucoup effrayé! Ils nous forcèrent à quitter la colline, juste moi et mes amis, les adultes resteraient. Nous étions tous les cinq contre cette idée, on avait une vie tellement paisible et agréable, et en plus on ne voulait pas quitter nos parents (bien que moi je n'avais pas vraiment de parents). Bien évidemment, on ne s'est pas laissé faire! Mais ils nous ont emmenés de force...
En ville les gens nous appelaient "sauvages", heureusement que les gardes qui nous escortaient étaient là pour faire en sorte que les gens arrêtent de nous traiter comme tels. J'ai vite compris que les les citadins étaient très fermés d'esprit, incapable de voir les étrangers (si je peux dire, car nous habitions le même pays) comme des êtres humains comme eux. Ils nous emmenèrent dans une maison où nous pouvions vivre tous ensemble. Une fois que nous nous étions plus ou moins installés, les personnes nous menèrent dans un grand bâtiment carré que je pensais être une prison la première fois que je l'ai vue: l'école. Tous les autres "de votre âge" comme ils disaient y sont depuis bien longtemps.
Nous avions une classe spécialement pour nous, avec une professeure privée.
Nous faisions désormais notre vie dans cet environnement dangereux, parsemé de centaines d'immeubles, de voitures et de passants nous regardant de travers. Je haïssais cet endroit, je dormais peu à cause du bruit et des souvenirs désagréables.
Puis vint notre premier cours de musique. Au fond de la classe, il y avait un piano. Aujourd'hui, je ne sais toujours pas pourquoi je m'y suis dirigée; c'était certainement instinctif. J'ai commencé à jouer alors qu'à cette époque je n'avais jamais vu cet instrument au par avant. Les quelques notes que je jouai ne sonnaient pas faux et au contraire, une douce mélodie sortait de cet étrange objet musical. La maîtresse ainsi que mes amis m'applaudirent.
"Tu est extrêmement douée, une véritable pianiste! Si le directeur t'entendais, je suis sûre qu'il te ferait entrer en tant que musicienne dans la chorale de l'école. Félicitations!"
Je ne répondis pas, certainement parce que je ne connaissais pas le sens du mot "pianiste" ou parce que je n'avais pas envie de me mêler aux autres élèves; je n'en ai aucune idée.
Mais c'est bientôt que j'acquis des ailes et que tout changea, un changement bien plus grand que celui de la ville. ,,

La jeune fille aux ailes ( Histoire Arrêtée )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant