« Salut... Murmurai-je dans un souffle, fuyant son regard. »
Il arqua un sourcil me regardant bizarrement puis continua son chemin sans un mot, m'ignorant comme si je n'avais été qu'un chien aboyant au bord du trottoir après les voitures.
Je bouillonnais de l'intérieur, gardant la tête baissée comme la petite conne que j'étais.
Seize mois.
Seize mois, c'était le temps qu'il m'avait fallu pour rassembler mon courage afin de lui adresser un simple bonjour sans raison apparente dès que je le croiserai.
Deux secondes.
Deux secondes, c'est ce qu'il lui avait suffi pour réduire tous mes efforts en un vulgaire tas de poussière.
Qu'est-ce qui ne va pas cette fois ? Je suis trop laide pour ta belle gueule ? Trop idiote pour ton intelligence à toute épreuve ? Trop niaise pour ton égo surdimensionné ?
Si tu savais à quel point je tuerais pour enfoncer mon poing dans ta face, juste comme ça, pour le plaisir.
Je n'ai personne sur qui pleurer bien sûr, aucune épaule sur laquelle m'appuyer et encore moins de larmes à faire couler.
Alors tu vas gentiment arrêter de me foutre des vents et m'accorder un sourire.
Sauf que bien entendu, j'étais seule. Je ne pouvais pas extérioriser mes pensées. Je ne pouvais pas parler de mes problèmes de cœur.
Je ne voulais pas.
Je ne voulais pas de pitié dans ce monde, de culpabilité, j'étais trop fière pour l'avouer, trop fière pour me l'avouer.
J'avais 17 ans merde. Est-ce que c'était encore possible qu'à 17 ans on gère un amour de pacotille avec si peu de maturité ?
≈≈≈
« L'eau nébuleuse, les réverbérations du soleil se reflètent dans le miroir des âmes éperdues. L'herbe humide des gouttelettes de cordes que les nuages déversaient sur nos parapluie ou têtes découvertes.
Le monde vu du soleil ne se résumait qu'à une fourmilière désorganisée où les fourmis les plus idiotes se proclamaient sauveur de l'humanité ou au contraire son destructeur.
Les fourmis sont divisées, ne s'entendent pas, se détestent même entre elle.
Dans le bestiaire de la bêtise humaine, les sept milliards de spécimen seraient retranscrits comme exemple de cette expérience, les cobayes ne se sauraient même pas observer et le soleil aura le résultat de son test : celui que nous avons toujours rejeté au fond de nous.
Parce que, bon dieu, nous sommes tous cons. Tous. Vous, moi, eux. Nous sommes tous cons à la même intensité : à vouloir l'égalité, on se divise encore plus, à vouloir la liberté, on opprime celle des autres, à vouloir la fraternité, on rejette ceux qui ne la veulent pas.
Le monde pourrait se résumer en un seul mot : fermer.
La fermeture d'esprit des gens qui se croient ouverts.
S'enfermer dans un mot en se disant ouvert ne fait que se refermer encore plus dans notre ouverture.
Le monde est compliqué...
- Très beau discours. Un peu sinistre et très casé, mais la parole de chacun est bonne à entendre. »
Je sursautai, cherchant qui avait parlé, personne à gauche comme je l'avais d'abord cru, mon cœur tambourinait dans ma poitrine, où était la personne qui avait parlé ?
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L'Homme qui peignait les nuages ✔
Short StoryMon esprit tourmenté n'a jamais cessé de me hanter, enchaînant les absurdités. J'ai fini par comprendre le jour où j'ai relevé la tête pour regarder le ciel. Et que j'ai vu l'homme qui peignait les nuages, tout là-haut, sur son échelle, armé de son...