Cela faisait plusieurs semaines que la pluie battait contre les carreaux de ma chambre en rentrant de mes longues journées passées au lycée à rêvasser.
Mon esprit était bien plus agité qu'à son habitude, les idées fusant, mon imaginaire plus fertile et sujet aux égarements.
Durant ces semaines de pluie incessante, je n'avais plus revu Azur, son absence pesant un peu plus chaque jour. J'avais besoin de ses réflexions. J'avais besoin de son point de vue et de son ouverture d'esprit. Il m'était devenu indispensable en quelques semaines et maintenant que je ne pouvais plus lui parler, je comprenais à quel point le temps que j'avais passé avec lui m'était précieux.
Je crevais d'un manque insoutenable au fil des jours, mon sourire se faisant plus rare et mes crises de larmes plus régulières.
Était-il seulement possible de s'être ainsi attachée à quelqu'un en si peu de temps ?
Allongée une énième fois dans cette herbe verdoyante, la lune se reflétant dans le lac limpide au crépuscule, j'attendais. Notre conversation de la veille m'était restée en mémoire et le fait qu'Azur s'éclipse si rapidement après le constat de son irréalité ne faisait qu'attiser ma profonde curiosité.
Comment un être tel que lui pouvait ressentir de quelconques émotions ou un certain trouble après la mention de simples mots ? Comment un personnage de rêve pouvait avoir une conscience propre alors qu'il n'était que l'invention de mon propre esprit ?
« C'est assez simple. Enfin, de mon point de vue en tout cas. Je pense que si je t'expliquais le pourquoi du comment, je risquerais de te perdre en route. »
Cette voix amusée et détachée de la réalité me réchauffa le cœur alors que je tournai la tête dans sa direction, ignorant les bondissements de mon cœur au creux de ma poitrine.
« Explique-moi... Soufflai-je, souriant niaisement. »
Je changeai de position alors que mes membres commençaient à s'engourdir à force d'être restée à observer les goutelettes ruisselées contre la vitre de ma chambre, recroquevillée sur moi-même.
Je descendis de mon perchoir pour m'attabler à mon bureau, le temps n'était plus à la rêverie, j'avais des devoirs à faire.
Une dissertation de philo par exemple...
Quelle question m'avait été posée déjà ? Encore un être ou ne pas être ? Ou qu'est-ce que le bonheur ?
Si seulement je pouvais réellement trouver une réponse à ces questions... Si seulement cette réponse pouvait aller au-delà d'un peut-être... Si seulement ma subjectivité pouvait être véridique.
Si seulement...
≈≈≈
Il se gratta la nuque d'un air gêné, un mince sourire aux lèvres, ses prunelles brillant comme celles des enfants le jour de Noël. Mais il reprit une mine sérieuse, débutant notre conversation par un véritable coup d'État pour mon esprit.
« Doutes-tu de ta réalité ? »
J'errais dans les rues, traînant ma carcasse derrière moi. Je ne savais pas d'où venait cette pseudo dépression lassive mais j'espérais de tout cœur que je retrouverais le sourire lorsque la pluie se serait arrêtée.
Je souris en coin, voyant où il voulait en venir et sur quel sujet il voulait enchaîner.
« Non. Bien sûr que non car je n'en ai pas le besoin. Je vis donc j'existe. Qui de sain d'esprit remettrait en cause sa réalité en pensant réellement qu'il ne vit pas réellement ? On peut douter, mais au fond, on oublie. »
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L'Homme qui peignait les nuages ✔
NouvellesMon esprit tourmenté n'a jamais cessé de me hanter, enchaînant les absurdités. J'ai fini par comprendre le jour où j'ai relevé la tête pour regarder le ciel. Et que j'ai vu l'homme qui peignait les nuages, tout là-haut, sur son échelle, armé de son...