Chapitre un, la réapparition

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Lieu inconnu, 23 septembre 2108.

Dans l'ascenseur qui le mène vers les profondeurs des bureaux de l’Agence, l'homme desserre et ressert sa cravate nerveusement. Il a la cinquantaine, les tempes grisonnantes mais semble aussi stressé qu'un étudiant le jour d'un examen important. Sur sa poitrine est épinglé un badge sur lequel on peut lire :

Frédéric Hopkins
Chef d'équipe secteur 3.
Habilitation numéro 392710

L'ascenseur termine enfin sa descente et s'arrête, le chiffre -7 s'illumine.
Frédéric sort de l'ascenseur en grommelant vaguement dans sa barbe quelque chose à propos de mauvais choix de carrière, et de sous-sols oppressants.

Longeant un couloir aux murs écrus dépourvus de décoration, l'homme s'arrête devant une porte blanche à sa droite. Il inspire et expire plus fois de suite, tentant d'apprivoiser son humeur.
Enfin, il entre. La salle dans laquelle il se trouve ressemble à une suite de bureaux les uns à la suite des autres, une sorte d’open space dans lequel seul une cloison sépare un bureau des autres, le sien.

Il s'assied derrière son bureau, ôte du bout du doigt le mince film de poussière qui s'est déposé sur sa plaque de chef d'équipe pendant la nuit, et appuie sur le bouton d'appel.

“ - Richard ! Venez me voir voulez-vous ?”
Il relâche le bouton sans attendre de réponse. L'avantage d'être le chef de ce secteur, c'est qu'il n'a pas besoin d'être poli pour se faire respecter. Enfin c'est ainsi qu'il voit les choses.

Une minutes après avoir été appelé, le dénommé Richard entre dans son bureau.

“ - Vous vouliez me voir chef ?
- Je voulais revoir avec vous les objectifs du jour, répond celui-ci de manière autoritaire.
- Et bien, comme d'habitude nous devons contrôler l'état de la bulle, parer à d'éventuels problèmes techniques, vérifier les constantes du sujet et- ah non on ne vérifie pas ses constantes aujourd'hui, monsieur, c'est le jour où le sujet est renouvelé.
- C'est exact. C'est aujourd'hui, oui j'ai failli oublier, feint Frédéric qui en réalité n'a pas pu dormir en vue du renouvelement.

Il a toujours trouvé que le renouvelement était une étape particulièrement difficile. En tant que chef, ce sera a lui de le pratiquer cette année. D'où son stress.

- Vous allez bien monsieur ? s'inquiète Richard en constatant que de la sueur suinte du front de son supérieur hiérarchique.
- On ne peut mieux ! Allons nous débarrasser du sujet heu…
- 123, chef !
- C'est ça, du sujet 123, et remplaçons le par le sujet 126.
- 127 monsieur.
- Qu'est-il arrivé au 126 ?
- Mort le mois dernier, chef !
- Ah, c'est vrai. Ce jeune garçon qui n'avait pas supporté la quarantaine. Triste affaire, c'est sûr, triste affaire. “

Le chef et son assistant sortent du bureau et longent le même couloir qu'un moment avant en sens inverse. Ils montent dans l'ascenseur et Frédéric grommele.

- Je vous ai déjà dit que j'avais horreur d'être sous terre ?

Richard semble étonné.

- Assez paradoxal pour quelqu'un qui travaille pour l’Agence, non ?
- J'imagine.

Parvenus aux dixième niveau sous-terrain, à plus de soixantes mètres sous la suface de la terre, Frédéric parvient difficilement à masquer son malaise. Décidément, il donnerait cher pour être promu à la position de Directeur adjoint, dont le bureau se trouve seulement à un seul niveau sous terre.

Devant eux se dresse un spectacle qui en étonnerait plus d'un. Un dôme de verre gigantesque se dresse là, à cette profondeur. Doté d'une porte à côté de laquelle se trouve une tablette numérique apposée au verre de la paroi, le dôme est si énorme qu'on en voit pas la circonférence totale.

Le chef d'équipe prend la tablette en main et respire un grand coup, puis tape le code qui activera la mise à mort du sujet. Cela fait, l'on entend du gaz sortir d'une petite installation au sommet du dôme, au milieu du ciel artificiel.

Dans un silence gênant, les deux hommes attendent la fin de la procédure puis regardent sur l'écran de surveillance la position du sujet.

La tension monte d'un cran quand ils ne la voient nulle part.
Richard lance l'appel en appuyant un bouton rouge, la sueur dégoulinant sur son front : il est désormais assorti à son chef.

Aussitôt, toutes les portes de l'étage se referment automatiquement, empêchant ainsi l'évasion du sujet disparu.

Dans tous les sens, des employés courent, fouillant les moindres recoins du complexe et de la bulle tandis que les deux hommes fixent les caméras de surveillance, espérant la voir surgir d'une trappe, d'une porte, d'une cachette quelconque.

Mais ne la voyant nulle part, ils doivent bien se rendre à l'évidence, le projet numéro 123 a disparu.

***

Maison des Williams, au même moment.

Au milieu de son salon, Catherine observe son mari, de dos, plongé dans une conversation téléphonique.

- D'accord, dit-il à son interlocuteur, merci, au revoir.

Il raccroche, ému.

- Qu'a dit la gendarmerie ? demande-t-elle inquiète.

- Ils nous conseillent de nous rendre à l'hôpital, répond-il. C'est là qu'elle se trouve actuellement, elle avait quelques blessures légères. C'est aussi là-bas qu'ils nous prélèveront de l'A.D.N pour vérifier si c'est bien Amanda.

- Alors qu'attendons nous ? Allons-y maintenant ! dit Catherine en fonçant vers la porte, glissant rapidement son manteau beige sur sa silhouette frêle, puis cachant sa chevelure rousse sous un chapeau.

Le couple sort alors de la maison, et se dirige vers la voiture, où ils prennent la route, angoissés mais fébriles à l'idée d'enfin retrouver leur fille.

***

Bonjour ! On espère que ce nouveau chapitre vous plaît, c'est désormais ici que se poursuivent les aventures d'Amanda.
On vous réserve de jolies choses pour l'avenir, les amateurs de science-fiction, vous êtes au bon endroit.
N'hésitez pas (vraiment hein mdr) à voter et commenter.
Jade et Noemie.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2017 ⏰

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