Chapitre III: Un global bouleversement

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[Ne pas hésiter à me signaler tout type de faute en écrivant un commentaire entouré de "☡". Exemple: ☡ Il manque un S à cet adjectif ☡.]

Je m'avance alors vers lui et prends place à sa gauche. Il tourne lentement sa tête vers moi et me regarde de ses yeux noisettes dans lesquels j'adore plonger mon regard. On se regarde un instant, le vent souffle et la pluie s'est arrêtée, devenue alors juste une averse. J'analyse son regard: il semble y avoir de la tristesse, de la déception, à vrai dire, je ne peux pas choisir entre les deux. Je me décide alors à engager la conversation:

" Hugo... pourquoi ?

Il soupire en regardant dans le vide et me répond.

- Em, j'arriverais jamais à t'expliquer pourquoi. Je peux pas. Ne cherche pas à me parler ou à m'approcher, je te parlerai plus après cette conversation. C'est fini.

Sortis de nul part, je ne comprends pas ses propos, j'essaie de penser avec raison, de sortir une phrase correcte mais je n'arrive qu'à prononcer un mot:

- Mais...

Aussitôt dit, il continue son discours.

- Arrête putain ! Je t'ai dit que c'était fini ! Y'a plus moyen ! Bordel...

J'écarquille les yeux et essaye de lire en lui comme je le fais habituellement quand ça ne va pas, je sens les larmes me monter aux yeux quand je découvre que rien ne vient. Il se lève d'un coup et part en trombe.

- Mais Hugo, putain ça peut pas se terminer comme ça !

Je fonds en sanglots et cours vers lui, soudain je me stoppe quand je le vois arrivé à la porte qui mène à l'escalier, ce qui m'a fait m'arrêter est la personne qui se trouve derrière cette porte. Je remarque que c'est le même mec qui était avec lui hier dans la rue. Je recule d'un pas exprimant mon incompréhension et pose ma main sur la tête.
J'entends soudain Hugo prononcer les mots "comment je vais faire putain".

Je les regarde partir ne sachant pas quoi faire et reste immobile, sous la pluie qui fait sa réapparition.

____

"C'est bien d'être en retard pour son deuxième jour, c'est bien ça Emèr, tu peux pas faire mieux", me dis-je à moi-même.

J'arrive devant la salle de cours et reprends mon souffle en m'appuyant sur mes genoux. Je me redresse, penche ma tête en arrière et soupire. Je toque à la porte et entre en disant bonjour au professeur, j'essaye de faire abstraction des regards insistants ou devrais-je dire "stares" comme je suis en cours d'anglais.

"Je rêve où t'es en retard ?

- Tu rêves pas, j'ai eu quelques problèmes en cours de route...soufflai-je à Élise pour ne pas me faire repérer par le prof.

A vrai dire, je n'ai pas trop envie de me faire crier dessus une fois de plus...

- Y'a un mec à côté d'Hugo qui arrête pas de te mater !

- Oh, tu sais, c'est pas le premier !"

Je lui dis ça tout en sachant qui il est. Élise, elle, le prend comme ça vient et commence à rire à haute voix. Le professeur la repère et Élise s'excuse d'une voix douce, ce qui nous fait rire.

La journée passe, lentement, je n'arrive pas à écouter ce que les professeurs disent, il n'y a pas une minute où je ne pense pas à Hugo, et aux mots qu'il a prononcé. Je ne sais pas quoi penser, je suis désemparée. La fin de la journée arrive et je rentre chez moi, sans faire attention à rien.

18 heures 30 passé, je décide de m'accorder un peu de repos et d'arrêter de travailler, je me mets sur le lit. Je regarde le plafond et me mets à rêvasser quand j'entends quelqu'un toquer à ma porte et entrer.

"Tu veux venir ou pas avec nous à l'hôpital, me propose mon père ?

- Bien sûr, répondis-je.

- On part dans dix minutes."

Il retourne dans le couloir et je l'entends discuter avec ma mère pour savoir si elle vient ou pas.

Je me lève et me prépare pour partir.

___

"Coucou Mamie... cette fois je ne suis pas venue avec Hugo, et je pense que tu ne le reverras pas de sitôt. Comment tu vas, dis-je comme si elle allait me répondre ? Moi ça va, mon année de terminal commence assez bien au niveau des cours. Je suis toujours célibataire, ça n'a pas changé. D'ailleurs, presque rien n'a changé depuis que tu es dans le coma. Tu me manques tellement, j'aimerais tellement voir tes beaux yeux bleu de nouveau, et voir dans ceux-là des étincelles, des étincelles de bonheur...

- Ma puce, on y va, me dit mon père pour me sortir de mon monologue.

- Je t'aime Mamie, je n'ai pas pu te le dire assez, je t'aime plus que tout, ne meurs pas. Je t'en supplie, vis pour l'éternité, je lui glisse ces mots en même temps qu'un baiser et qu'une larme qui coule sur ma joue."

Dans la voiture, j'appuie ma joue contre la fenêtre, c'est la première fois que j'ai autant de problèmes dans ma vie. Ce n'est pas grand chose si on compare à d'autres mais, pour moi, c'est énorme. Et puis, on ne peut pas vraiment dire pire ou moins pire puisque de toute façon, chacun ressent les choses différemment.

____

"Tu nous rejoins ce soir à 21 heures ? On va dans un immeuble abandonné ! Ça va être trop cool, se réjouit Élise au téléphone !

- J'sais pas, je suis pas dans le mood là...

- Y'a quoi ?

- J'ai vu ma grand-mère à l'hôpital, elle va pas mieux, soufflai-je.

- Rien de mieux que sortir pour oublier ! Aller, viens !

- Nan, vraiment, j'préfère rester avec mes parents ce soir."

Élise n'insista pas plus, on raccrocha donc. C'est vrai qu'elle a raison mais je me sens mal pour mon père, je me mets à sa place et ça doit être tellement dur, déjà qu'en tant que petite-fille c'est difficile pour moi d'envisager son décès. Si je perds ma grand-mère, je ne sais pas comment je le supporterais, à vrai dire, je ne sais pas comment je supporterais la mort d'un membre de ma famille. Je ne peux pas m'imaginer vivre sans mes parents. Je n'aurais plus aucun repère. Je serais perdue, sans vie, car c'est eux qui m'ont permis de vivre et c'est eux qui font tout pour que je sois épanouie. Ce sont eux qui m'ont donné de l'amour, ce sont eux qui m'ont apporté de la confiance en moi, ce sont eux qui m'ont vu grandir ce sont eux qui m'aiment plus que tout au monde. Comment vivre sans eux ? On dit que l'adolescence représente le détachement des enfants de leur parent et leur passage à l'âge adulte mais je le sens bien, oui, je le sens au fond de moi que sans eux rien n'est possible.

Je veux mourir avant eux.

Oui, je veux mourir avant eux, c'est la seule solution, je ne veux pas qu'ils souffrent mais je sais que je souffrirai plus. Dans le cycle naturel ce sont les parents qui meurent avant les enfants, mais pourquoi c'est à nous de l'accepter ? Pourquoi on devrait vivre comme ça ? Je ne peux pas moi. Ça m'est impossible.

Mon téléphone vibrant me sort de mon rêve, c'est un message d'un numéro inconnu, il dit "Si tu veux savoir ce qu'il se passe dans sa tête rejoins moi dans le parc qui se trouve dans ton quartier à 23h30. A tout à l'heure... Em.". Je fronce les sourcils et regarde l'heure: il est 23 heures 15. Le temps est passé extrêmement vite. Je me tourne vers la fenêtre et observe le soleil qui se couche, j'essuie quelques larmes qui ont coulées et me tapote les joues: si je veux savoir, il faut que j'y aille.

Mon esprit se dirige ensuite vers la personne qui m'a envoyé ce message, je devine sans doute que c'est la personne que je vois si souvent avec Hugo. Je me demande pourquoi il s'intéresse à moi, pourquoi il veut "m'aider". Ce mec m'intrigue, je ne sais pas qui il est et lui a même mon numéro. Je devrais sans doute être prudente et ne pas y aller mais j'en ai besoin. De plus, je connais mon quartier plus que quiconque.

_____

Arrivée au parc, j'envoie un message à la personne qui m'a contactée: "Je suis là, à côté du toboggan.".

J'entends un glissement à ma gauche qui me fait sursauter, et je vois son ombre...

Ma dernière année de lycéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant