Chapitre XVIII

8 1 11
                                    

En sortant, je vois s/n devant la grille accompagné d'une fille qui est adossée sur un arbre. Je m'approche et le découvre en train de fumer.

__

Je continue d'avancer vers lui jusqu'au moment où il se retourne, je m'arrête alors. Il marche vers moi, j'observe ses longs cheveux bouger en même temps que le vent. Il a le visage assez crispé, sans que je sache pourquoi, ce qui lui crée un rictus.

« Tu fumes ? Je lui dis.

- Ouais de temps en temps, je te raccompagne chez toi ? »

J'acquiesce et il met sa main sur mon dos en me poussant légèrement. Je lui demande qui est cette fille et il me répond que c'est une amie d'enfance. Il ne faut pas que je sois jalouse, moi aussi je traîne avec des amis d'enfance, et il ne m'a pas fait de crise de jalousie. Puis, il ne peut plus en faire, je ne leur parle presque plus. On se tient la main et je lui fais des remarques sur sa désagréable odeur due à la cigarette qu'il a fumée:

« Bon arrête, c'est rien. Tu fais un caca nerveux juste pour une clope, dit-il lassé. Viens chez moi, y'a personne, on pourra être que tous les deux.

- Oh oui ! Je ne sais pas du tout à quoi ressemble ta chambre, je m'exclame toute innocente. »

Arrivés à la cité, je remarque que l'odeur de drogue est omniprésente, toutes les personnes dehors en consomment. La cité m'effraie un peu, les gens te scrutent du haut des immeubles sur les balcons, ils semblent te juger, les bâtiments sont abîmés, délabrés, la peinture n'est presque plus apparente, l'on ne voit bientôt plus que le béton qui se trouve en dessous. Une vieille dame sort son chien, une cigarette à la main, elle semble vide d'énergie, d'élan vitale, elle a le dos courbé, elle ne peut même plus regarder au-dessus d'elle, elle fixe le sol, sans émotion particulière. Est-ce-qu'à son âge, je serais pareil ? Cette question me fait peur, mais quand je le regarde, cette peur disparaît, je me sens confiante, prête à affronter le monde ma main dans la sienne. Il salue ses amis, en leur tapant dans la main et en faisant une accolade, il me présente comme étant sa copine, ce qui me ravie. Je me méfie en revanche des regards insistants des hommes ainsi que leur clin d'œil.

A l'entrée de son appartement, je suis plus pressée que jamais de voir où il habite,il met les clés dans la serrure, et me regarde, je me mets alors sur la pointe des pieds et l'embrasse avec tout l'impatience que de voir l'intérieur de chez lui. Je découvre alors un appartement sombre,qui sent le renfermé, mais je m'empêche de juger, il n'a pas choisi de vivre avec des personnes qui ne prennent pas soin de l'endroit où ils vivent. J'arrive alors dans sa chambre, il m'invite à y entrer la première et je me trouve surprise : sa chambre est lumineuse contrairement à toutes les autres pièces, les rideaux sont blancs,comme les murs, ce qui donne une atmosphère calme et paisible à mon goût. J'ai à peine le temps d'apercevoir les posters de rappeursque s/n me prend par les hanches et m'embrasse, sur la bouche, les joues, gauche puis droite, puis le cou, ce qui me procure des frissons dans tout le corps, je n'avais plus aucun pouvoir, je ne pouvais plus bouger, j'étais obligée de me laisser faire. Il m'allonge sur son lit une place, gris métallisé, et me caresse, le dos, les fesses, les cuisses, puis il remonte jusqu'à ma poitrine.Je commence à faire de même comme par instinct, touchant son torse musclé. Il se met ensuite à me déshabiller, une alerte sonne tout à coup dans ma tête : « Qu'est-ce-que je suis en train de faire ? Est-ce-que je suis prête pour cela ? ».Je reprends conscience et l'arrête donc en attrapant ses mains :

« Arrête s'il te plaît, lui dis-je doucement premièrement.

- Allez, je sais que tu en as envie. »

Soudain, son sourire mesquin réapparut. Il continue à me déshabiller en me tenant les mains, c'est alors que je crie et le pousse pour partir. J'arrive à la porte et me retourne, je le vois la main sur sa bouche, les yeux qui brillent comme s'il était en train de pleurer. Il me crie alors qu'il est désolé de tout son cœur. Je réponds aussi, je réponds que je suis désolée, oui je suis désolée de ne pas pouvoir lui rendre tout ce qu'il m'a donné. Oui, je suis désolée de ne pas pouvoir lui faire plaisir, de ne pas être prête pour cela. Je pars et rentre en pleurant sans m'arrêter une seconde de me rabaisser. 

Enfin rentrée, je regarde mon téléphone, il est bombardé de messages provenant de s/n qui disent: "Je suis désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a pris"; "pardonne-moi"; "je ne referai plus jamais ça"; "je suis tellement désolé"; "prends tout le temps qu'il te faudra pour me pardonner, je t'attendrai, toujours". Ses mots me brisent le cœur. Je commence sincèrement à culpabiliser en lisant ces mots doux et réconfortants...

Ma dernière année de lycéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant