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아침이 밝아와도 곁에 있어줘

Cette nuit-là, je ne dors pas.

Ce n'est pas que je n'y arrive pas. J'ai peur. Depuis quelques temps, quelques semaines ou quelques mois, je ne sais plus, j'ai peur de dormir. Le sommeil, semblable à un poulpe aux tentacules piégeurs, m'attire dans des profonds auxquelles je désire échapper. Des abysses si sombres, si obscures que j'y croise mes démons les plus redoutés. Ces êtres démoniaques contre lesquels j'ai lutté de longues années, dont je suis parvenue à me défaire et qui aujourd'hui viennent me chasser dans mes rêves.

Je ne dors donc pas. Et je suis seule dans une chambre trop grande.

Pendant des années, j'ai été habituée à vivre dans un espace clos, tellement exigu que j'avais l'impression de piétiner sans cesse les huit filles avec lesquelles je vivais. Et ces huit filles, bien qu'elles m'aient évidemment de très nombreuses fois tant agacée que j'ai voulu leur crever les yeux ou leur découper les intestins, me manquent.

Je suis seule et j'ai peur.

Les ombres que je fuis me cherchent jusque dans mon monde le plus intime, dansent sur les murs immaculés de ma chambre, mon dernier refuge. Les vrombissements des moteurs dans la rue en contrebas et les enseignes lumineuses qui brisent les ténèbres de Séoul ne parviennent à me rattacher à un univers duquel j'ai l'impression de me détacher de plus en plus. Je glisse vers l'inconnu, attirée par une force supérieure contre laquelle je ne parviens plus à lutter.

Et alors que l'angoisse referme ses mains glaciales sur ma gorge, tu sonnes à ma porte.

LullabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant