- Pourquoi tu fumes autant ?
- J'aime ça, ça détend, c'est... Je sais que t'y crois pas un mot, tu sais très bien pourquoi. Je fume parce que j'ai besoin de prouver que je suis là, j'ai besoin qu'on me regarde, j'ai besoin d'attention, de personnes qui s'inquiètent pour moi, je me sens seul et vulnérable, je me sens inutile et fade quand je suis moi-même, je me cache derrière des personnages qui ne sont pas ce que je suis, chacun d'eux est drôle, attirant, gentil, attentionné, aimant, travailleur. Alors que le vrai a juste peur, il a peur de sortir, il a peur de montrer qu'il est là, que tout les autres n'existent juste pour se faire apprécier. Alors certains de mes personnages font des conneries, quasiment tous, ils veulent aussi montrer qu'ils existent, que la peur de l'abandon est omniprésente, ils se rendent intéressants alors qu'ils sont encore plus vides de vie et de sentiments qu'un cadavre.
Et puis, ça détend, je sais je radote mais c'est un moyen de faire passer mon stress, pas forcément la nicotine, juste le fait de savoir que tu te fais du mal pour que ça te détende. Dans des situations où la pression est insoutenable tu grattes, tu écris, tu coupes, tu chantes, tu brûles, tu dessines, tu frappes, tu t'arraches les poumons petit à petit. C'est une manière d'exprimer ce que l'on ressent, une manière comme une autre.
Je sais que tu sais déjà tout ça alors pour répondre à ta question je vais encore me répéter mais voici la phrase que tu dois retenir : ''- Je sais pas, ça détend.''
- Pourquoi t'arrêtes pas ?
- Parce que j'en n'ai pas envie
- Plutôt parce que tu ne peux plus t'en passer non ?
- Oui en effet, tu le sais mais mon personnage est déjà assez peu attirant comme ça, parfois même répugnant, j'en suis à m'empoisonner pour prouver aux autres et à moi-même que je suis là, j'existe, je vis, je respire... Je te répondrai que je peux arrêter quand je veux, et tu me diras ''Alors arrête''.
- Alors arrête.
- J'ai pas envie je suis bien comme ça. Je ne le suis absolument pas et tu le sais, je tourne en rond encore et encore.
- C'est totalement con tu sais ?
- Je le sais, mais tu t'inquiètes pour moi et tant que j'aurai ce sentiment de sécurité je ne veux rien changer, je me sens dans un petit cocon attaqué de l'intérieur par des déjections acides, l'extérieur n'en pâtit pas, du moins pas encore. Mourir pour mieux vivre. C'est cette fumée, grisâtre, qui témoigne de l'état de mon cocon, bientôt elle sera noire, quand à moi je serai mort car j'ai eu peur, je n'avais pas le courage de l'affronter en face, j'espère que je te manquerai lorsque cela arrivera, sinon c'est que tout cela aura été fait en vain. Je t'aime tu sais ?
- Moi aussi je t'aime et je tiens à toi alors jette moi cette cigarette, écrase là et embrasse moi.
- Je ne peux pas, excuse moi...
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Le Confessional
Thơ caBienvenue dans mon intimité, je rentre dans mon confessionnal, je suis le pauvre pêcheur, la feuille et l'encre sont mes curés.