Assis sur son lit, des feuilles de papier éparpillées autour de lui, un jeune homme brun regardait par la fenêtre. Le moniteur cardiaque près de son lit lui rappelait sans cesse qu'une émotion trop forte pourrait lui être fatale. Il posa son stylo sur la table de chevet près de son lit et étendit sont bras pour ouvrir la fenêtre, unique échappatoire qui lui restait dans ce monde fait de blanc, d'hommes en blouse blanche et de check ups quotidiens.
Depuis presqu'un an qu'il était installé quotidiennement dans ce lit, William T. Spears avait pris pour habitude de se perdre dans son imagination en écrivant toutes les histoires qui lui passaient par la tête. Il avait commencé il y a de cela 5 mois, et les médecins, trop heureux de voir que ce patient montrait une volonté de revivre, lui avaient fourni tout le matériel nécessaire.
Pour l'aider dans ses longues réflexions à la recherches de l'inspiration, William s'était trouvé chanceux d'avoir une rivière en face de sa chambre. Ce n'était qu'une rivière artificielle pour mettre du baume au coeur des patients convalescents ayant obtenu le droit de sortir de leur chambre, mais c'était tout de même une vue apaisante que William affectionnait tout particulièrement.
Il recevait de temps à autres la visite d'un de ses collègues de travail, Ronald Knox, ainsi que de Grell Sutcliff. Ronald était celui qui venait le plus souvent et s'attardait le plus, lui racontant le maximum de détails sur l'administration et ce qu'il s'y passait.
"Les médecins semblent confiants Billy, tu vas bientôt sortir de là! disait le blond d'une voix enjouée, tout en caressant les cheveux puis la joue de William
-Si tu le dis... répondait William, le regard toujours tourné vers l'eau pure qui s'écoulait sous sa fenêtre.
-Au pire, s'il y a quoi que ce soit, mon coeur peut aimer pour deux!" finissait-il toujours par blaguer
Cette conversation avait lieu à chacune des visites de Ronald. William voulait y croire les premières fois, mais il abandonna tout espoir au bout de quelques mois. Un souffle au coeur aussi grave que le sien ne pouvait pas se guérir en un tour de main et nécessitait une transplantation cardiaque. Encore fallait-il trouver un donneur compatible. Même sans aucune connaissance médicale, William le savait. Il se savait également condamné mais gardait une certaine forme d'espoir, propre aux êtres doués d'émotions "Tant qu'y a de la vie, y a de l'espoir" se répétait-il sans cesse, litanie devenue peu à peu un requiem vide de sens au fur et à mesure que les semaines puis les mois passaient.
La seule chose à laquelle il se raccrochait comme à une ancre était le peu de joie que lui apportait l'écriture ainsi que la contemplation de cette source d'eau. Il se plaisait à croire qu'elle représentait le flux de sa vie et qu'elle se tarirait le jour où lui s'éteindrait. Cependant, la réalité revenait se faire une place dans ses pensées et il savait que cette eau coulerait avec ou sans lui. Il avait obtenu l'autorisation d'aller la contempler de plus près une fois par semaine, accompagné de quelqu'un. Parfois c'était une infirmière, mais il s'arrangeait toujours pour y aller avec Ronald.
"Ca lui fera plus de bien si c'est quelqu'un qu'il connaît docteur!" Ronald, qui était passé maître dans l'art de baratiner, avait fait jouer ses talents lorsqu'il a fallu convaincre le médecin traitant. Parfois, celui ci se montrait un peu plus intransigeant, mais il suffisait que Ronald évoque le bien être de William pour le faire craquer.
Cette fois-ci encore, cela ne rata pas, et le médecin autorisa Ronald et William à sortir de la chambre et se promener au fil de l'eau. Au fond du jardin de la clinique se dressait un grand arbre, dont la légende racontait qu'il était centenaire. A la fin de la promenade ils s'asseyaient à l'ombre de cet arbre et continuaient à discuter pendant des heures. Ronald surtout. William se contentait d'acquiescer d'un air absent tandis que la voix étonnamment calmante de Ronald lui permettait d'oublier son état.
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Aimer Pour Deux
Fanfiction"Mon coeur peut aimer pour deux" L'ironie était très puissante dans cette phrase pourtant anodine prononcée sans arrêt par l'amant de William depuis que celui-ci avait été admis à l'hôpital en raison d'un souffle au coeur. Pourtant, elle lui donne...