. Chapitre 2 .

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Bip, bip, bip...

Adélaïde ouvrit les yeux. Autour d'elle, tout était blanc. Trop blanc à son goût. Elle cligna des yeux, en tentant de mieux percevoir ce qui l'entourait.

- Adèle?
- Mmh... Oui...
- Adèle! Enfin, tu es réveillée!

Elle se tourna vers son interlocuteur. Marco. Elle tenta de lui sourire mais tout son corps lui faisait atrocement mal.

- Ne bouges pas, tu risques de souffrir pour rien. Tes parents sont partis se prendre un café.
- Où sommes-nous?
- À l'hôpital. Tu es dans le coma depuis un mois.

Son dernier souvenir se rapportait à sa fête. Son chat, le gâteau, les sourires, trou noir...

- Qu'est-ce qui m'est arrivé?
- On ne sait toujours pas. Ton corps a agit comme jamais auparavant.
- Oh...

Le soleil illuminait toute la pièce, ce qui fit grogner l'adolescente. Le soleil est trop chaud, trop clair, trop joyeux, trop... Trop.

- Nous sommes sortis de la maison, alors!, réalisa-t-elle finalement.
- Oui, même si ça aurait été préférable que ton coma n'arrive jamais.

Marco prit la main d'Adélaïde. Certainement, l'état de la fille l'avait beaucoup touché. Plus qu'il ne l'aurait pensé. Chaque jours, il était venu la voir, après l'école. Chaques jours, il s'était fait un sang d'encre pour la belle amie. Son état comateux la rendait féerique, presque irréelle. Il avait détesté le sentiment de vide qu'elle avait laissé place en se limitant au silence. Lui qui avait l'habitude de la voir débordante de joie, malgré toutes ses épreuves quotidiennes.

- Le chat va bien...?, demanda-t-elle.
- Oui, il va très bien. Il s'ennuie de toi, mais il continue sa petite vie de chaton...
- Adélaïde!, s'écria sa mère, qui venait d'entrer dans la pièce.
- Maman!

Celle-ci courut vers sa fille. Entre larmes de joie et éclats de rire, l'adolescente pu retrouver un semblant de normalité. Son père arriva quelques temps plus tard. Pour la souffrante, être entouré des personnes qu'elle aimait plus que tout était le plus beau cadeau qu'elle puisse avoir.

~

La plupart des gens disent "après la pluie, vient le beau temps". Adélaïde n'a jamais aimé le dire de cette manière. Pour elle, c'est plutôt "après le beau temps vient la pluie". Le beau temps, c'est bien, certes, mais la pluie, c'est la plus belle chose qui puisse arriver. Elle lave les rues de ses malheurs, nourrit les végétaux, fait sourire les plus jeunes qui aiment sauter dans les flaques d'eau et permet la vie. La fille était de retour chez elle depuis deux jours, après un long séjour à l'hôpital d'un mois et demi. Son chaton l'avait chaleureusement acceuilli, à son plus grand bonheur. Ses parents sont retournés à l'hôpital, afin de clarifier les dernières précautions à prendre pour ne pas qu'un incident malheureux de ce genre survienne à nouveau. Pour ne pas rester seule en ce samedi pluvieux, Marco a décidé de venir lui tenir compagnie... Le garçon est arrivé avec cinq minutes d'avance, comme toujours.

- Je viens d'avoir une brillante idée!, dit Marco.
- Lorsque tu dis ça, ça vire souvent au désastre... Allez, dis!
- On pourrait danser!
- Pff! Toi, danser? Et moi aussi? Ce serait un double miracle!
- Mais non! Ça va être amusant!

Marco prit les mains de l'adolescente et commença à les balancer de gauche à droite.

- Je suis con! Il manque de la musique, bien sûr!, s'écria Marco.

Il courut vers son sac et en sorti son cellulaire. Après quelques secondes, une chanson d'Elvis Presley résona dans la pièce. Adélaïde se mit à rire et se dandina sur son fauteuil roulant. Marco la fit tourner et tous les deux chantèrent les paroles du chanteur. Après plusieurs chansons de ce genre, Marco mit une des partitions du lac des cygnes, de Tchaïkovski. L'une des mélodies les plus connues, dans le monde du ballet.

- Je vais te soulever, d'accord?, demanda le garçon.
- Mais pourquoi?
- Parce que tu vas devenir une ballerine, l'instant d'une chanson!

L'adolescent réussit à soulever la fille aisément. Elle était aussi légère qu'une plume. Adélaïde s'accrocha fortement à Marco, pour ne pas tomber. Celui-ci semblait plutôt amusé de la situation, et commença à tournoyer avec elle dans ses bras. Il était fort et habile, ce qui lui permettait de faire tournoyer la brunette comme bon lui semblait. Elle éclata de rire lorsqu'il la souleva haut dans les airs, et elle se sentit comme un oiseau. Un oiseau sans ailes, mais tout de même. Elle se sentit libre, l'instant d'une mélodie.

~

Adélaïde mangeait des cookies avec Marco dans la salle à manger lorsque ses parents arrivèrent. Ils ne se sont pas gênés d'entrer en trombe dans la pièce d'à côté. Pourtant, quelque chose clochait. Sa mère pleurait. Les deux adolescents se regardèrent, inquiets. Ils décidèrent d'aller les voir. La fille ne comprenait pas ce qui pouvait mettre sa mère dans un tel état. Arrivés devant la porte fermée d'où se trouvait les parents d'Adélaïde, ils firent ce que tout les enfants font; écouter en cachette.

- Comment va-t-on lui dire?, dit la voix chagrinée de la mère.
- Nous allons être sincère avec elle. Notre fille a le droit de savoir ça... C'est sa vie.
- Je... Je ne veux pas qu'elle... Qu'elle...
- Je sais. Nous allons en profiter, pour le peu de temps qu'il lui reste...

Adélaïde comprit ce que ça voulait dire. Elle s'en doutait, même, mais elle n'a jamais voulu voir la vérité en face. Elle jeta un coup d'œil prude vers Marco, qui restait impassible. À ce moment précis, elle aurait voulu devenir invisible. Elle se sentait de trop, ici. Le garçon bougea finalement et entraîna la fille avec lui. Son masque froid qu'il réservait pour les désastreuses situations commençait à s'effondrer, peu à peu. Il ne pouvait simplement pas la perdre. Pourquoi tout ceux que j'aime doivent me quitter?, pensa-t-il. Malgré tout, il fallait qu'il reste fort, devant elle. Pour elle. Il ne pouvait pas la laisser s'écrouler. Ils étaient maintenant dans la chambre d'Adélaïde, sous un lourd silence. L'adolescent finit par prendre parole.

- Je ne vais jamais t'abandonner. Quoi qu'il arrive, je serai toujours là.

Danse Sous La PluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant