Il était vingt heures pile dans la rue du Pont Maudit. Un coin isolé et campagnard, calme.
Y'a personne qui vient jamais dans cette rue. D'ailleurs elle porte le nom de rue, mais c'est une putain d'impasse.
Bref, il est vingt heures.
Théo tourne au coin de la rue et s'arrête. Il attend. Une minute, deux minutes, dix minutes. Les filles mettent toujours beaucoup trop de temps à se préparer, il a jamais compris ça, Théo.
Quand, enfin, il la voit au bout de la rue, il pédale à fond pour la rejoindre. Ils se saluent. La bise ; joue un, joue deux.
C'est une routine, Adèle monte sur le guidon du vélo de son ami. Puis, quand elle est bien installée, il pousse sur ses jambes et c'est parti. Ils descendent la pente au bout de la rue. Il pédale, sans encombre. Le vélo, ça, il connait. L'pilote comme il se vante.
Ils longent le canal, à toute allure.
Les cheveux au vent, Adèle sourit. Ils n'échangent pas un mot, comme d'habitude, mais ils sourient, comme toujours.
Tout est calme.
Pas de musique, pas de cris. Seulement le bruit de l'eau et des branches qui craquent sous les roues du VTT.
Agréable.
Adèle, elle admire toujours le paysage, elle savoure la nature, c'est ça qu'elle aime. Ce sentiment de liberté, ah, ça c'est ce qu'elle aime !
Théo, lui c'est rouler à toute vitesse qu'il préfère. Pas les cheveux au vent, non -de toute façon il n'a plus de cheveux, ses copains l'appellent Caillou. Il avait pour habitude de rouler seul, toujours, il refusait qu'on l'accompagne.
Puis il a rencontré Adèle.