Chapitre 8

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Je retourne dans la grande salle, attrape un verre de vin sur une table et le porte machinalement à mes lèvres. Je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits, José se tient soudain à mes côtés.

- Ana, ça va ? Tu es toute pâle !

- Ça va ! Ce n'est rien. Pourquoi ne m'as-tu pas parlé des photos José ?

Il me regarde, confus et triste.

- J'ai essayé de t'en parler. Je voulais le faire depuis longtemps. Quand je t'ai embrassé, je pensais que... Mais tu m'as rejeté ! Et Grey est arrivé !

- Arrête José, ça n'a rien à voir avec Christian.

Je le regarde avec chaleur.

- Tu es mon ami, tu le sais ?

Il me rend mon regard d'un air farouche.

- Oui !

- Tu es mon meilleur ami ! Mais je ne suis pas amoureuse de toi ! Je ne l'ai jamais été et je ne le serai jamais !

Mon ton n'a jamais été aussi ferme. Son regard douloureux me déchire. Je m'approche, inquiète, et le prends dans mes bras. Il me rend mon étreinte et nous restons enlacés ainsi quelques secondes. Je chuchote, ma joue posée sur sa veste.

- Je ne veux pas te perdre José ! Mais je ne suis pas faite pour toi. J'en aime un autre.

Il soupire.

- Grey ?

- Oui. Je l'aime.

Je me détache un peu pour le regarder dans les yeux. Il a l'air résigné. Il hausse les épaules et me lance, blasé.

- Il a acheté les sept portraits de toi ce con !

Je lui donne une petite tape, choquée par son irrévérence.

- José !

- Mais bon, soyons fair-play, grâce à lui mon expo va être une sacrée réussite !

Il a l'air si comique, à la fois dépité et fier de lui. Nous éclatons de rire et cette complicité me fait du bien. José se crispe soudain et lance.

- En parlant du loup.

Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Christian, accompagné de miss bouche-écarlate et du directeur de la galerie, marche d'un pas décidé vers nous. Il est temps pour moi de m'esquiver. Je presse la main de José.

- Je vais vous laisser discuter tous ensemble. Je serai au bar.

Je m'éloigne, me retourne aussitôt et lance.

- Et au fait José, tes portraits son vraiment magnifiques !

Il m'adresse un sourire éclatant. Je vois Christian nous foncer dessus et je pars en grandes enjambées pour atteindre le buffet. Je ne sais pas pourquoi, je ne peux m'empêcher de le tenir à distance. Je crois que j'ai la trouille. Je n'avais pas prévu de l'affronter aujourd'hui et encore moins habillée comme je le suis.

Je me place dans un coin et jette un regard circulaire sur la foule. Christian est à une quinzaine de mètres, il discute avec José, le directeur de la galerie et miss bouche-écarlate. Il est tourné vers moi et je me rends compte qu'il ne participe pas à la conversation. Il m'observe. Ses yeux sont brûlants de rage et je peux voir ses poings serrés dans les poches de son pantalon. Je me fige. J'ai envie de reculer, mais il capte mon regard. Il a l'air tellement furieux. Pourquoi est-ce qu'il est en colère encore ? Ça m'énerve tellement qu'il me fasse tout le temps me sentir coupable. Qu'est ce que j'ai fait cette fois ? S'il veut jouer à ça ! A mon tour, je le toise rageusement. Je le vois se redresser et ses mâchoires se crispent. Je déglutis mais continue à soutenir son regard. Pendant quelques secondes, il ne cille pas, puis soudain je le vois hausser un sourcil. L'ombre d'un sourire passe sur son visage. Il se moque de moi ! Je fais un pas un avant et c'est à mon tour de serrer les poings. Christian a l'air de beaucoup s'amuser d'un seul coup. Son corps se détend, il porte un index à son visage pour se caresser la lèvre inférieure. Le salaud ! Ses yeux montent et descendent tranquillement le long de mon corps et lorsqu'il les plante à nouveau dans les miens ils sont brûlants de désir. La température grimpe d'un seul coup. La chaleur familière se répand dans mon corps et se concentre dans le bas de mon ventre. J'ouvre la bouche dans un hoquet silencieux et sans réfléchir, je me mords la lèvre. Ses yeux s'écarquillent légèrement et sans rompre le contact il s'élance vers moi. Je me retourne brusquement pour me diriger vers une sortie de secours, je sais qu'il me suit, mais j'ai besoin d'air. Christian m'attrape juste avant que j'atteigne la porte. Je sens sa main se poser dans le creux de mes reins. Il me pousse fermement vers la porte, l'ouvre et nous nous retrouvons dans une petite ruelle déserte. Je lui fais face et l'espace de quelques secondes ni lui ni moi ne bougeons. Mes seins, comprimés dans mon bustier, montent et descendent frénétiquement, révélant mon trouble. Christian me fixe, ses pupilles sont si dilatées que ses yeux sont noirs. Le temps semble être suspendu.

Grey rebootOù les histoires vivent. Découvrez maintenant