12. Dérive

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JIMIN:

Vivre sans elle était si difficile, si douloureux... Chaque jour qui passait me semblait interminable. Je pensais sans cesse à elle et souffrais de savoir que je ne la reverrais plus jamais, que je devais vivre sans sa présence dans ma vie. J'avais déjà connu ce sentiment de perte par le passé, mais j'avais l'impression que cette fois le manque était plus puissant. Peut-être parce que je n'avais encore jamais éprouvé un amour aussi intense. J'avais pourtant beaucoup aimé les femmes qui avaient partagé ma vie... Souffrais-je davantage de la perte d'Émilie parce qu'elle ne m'avait pas appartenu ? Était-ce pour cette raison que chaque sensation que j'éprouvais envers elle s'en trouvait exacerbée ? Lorsque je pensais au fait qu'elle ne ressentait rien envers moi, la douleur était pire encore. Cela aurait dû briser mes envies de construire avec elle, mais je ne parvenais pas à lui en vouloir ni à tourner la page. Pourtant il n'y avait aucun espoir... Il n'y en avait d'ailleurs jamais eu, il s'agissait seulement de moi qui m'étais montré déraisonnable.

J'avais du mal à supporter le fait que je ne savais pas comment Émilie allait, comment elle vivait... J'avais si peur qu'il lui arrive quelque chose ou qu'elle finisse par faire de mauvais choix... Je ne parvenais pas à la laisser ni à l'oublier. Tout en elle me manquait. J'avais besoin de la protéger, de la voir, de savoir...

J'avais commencé par passer des heures entières dans mon lit, dans l'obscurité. Je n'avais plus le cœur à faire quoi que ce soit. Lorsque je tentais une activité telle que la lecture ou regarder la télévision, cela ne servait à rien, mon esprit ne s'accrochait pas du tout à ce que j'étais en train de faire et continuait à penser inlassablement à Émilie. J'avais fini par laisser tomber toute activité et vivais comme un zombie. Je me lavais, je mangeais, je dormais, et c'était tout. Je me désespérais moi-même à être aussi misérable, je ne pouvais passer ma vie dans cet état... Pourquoi ne parvenais-je pas à me ressaisir ? Perdre cette fille qui me hantait n'était pourtant pas la fin du monde... La vie était toujours aussi belle, mes proches et moi avions la santé... J'étais tellement en colère contre moi-même pour me laisser aller à ce point !


Le fait que je ne fasse rien de mes journées était en grande partie responsable de mon état. Si encore j'avais trouvé un nouvel emploi, cela m'aurait occupé et aidé à me vider l'esprit. Mais j'avais contacté tous les établissements scolaires qui proposaient des cours en mathématiques dans un rayon de deux cents kilomètres et n'avais encore reçu aucune réponse positive. Jamais Émilie n'avait tenté de me joindre non plus, ce qui était logique, mais me faisait encore davantage souffrir parce que je gardais un minime espoir insensé. Je n'avais pas osé garder le contact avec les professeurs qui enseignaient au lycée d'Émilie, par peur qu'ils découvrent que mon excuse de départ n'était qu'un mensonge. Je n'avais aucun autre ami dans cette nouvelle région où je n'avais guère pris le temps de sortir.

Bientôt une nouvelle idée naquit dans mon esprit. Une mauvaise chose que je faisais rarement : me saouler. Cela m'aiderait à tout oublier, à ne plus souffrir. J'avais alors commencé à me rendre au Moon Club, le seul endroit qui me venait en tête à cause de mes pensées qui ne tournaient plus qu'autour d'Émilie. Il s'agissait du seul endroit qu'elle m'avait mentionné. Je nourrissais aussi l'espoir de l'y revoir un jour, bien que je refusasse de me l'avouer clairement. J'avais tellement envie de voir à nouveau cette magnifique jeune fille, m'assurer qu'elle allait bien, imprégner une dernière fois ses si jolis traits dans ma mémoire... Elle me manquait tant que cet espoir était peut-être la dernière chose qui m'aidait à ne pas sombrer dans la folie... Je ne comprenais pas comment j'avais pu en arriver là, mais qu'importait...

Chaque soir je me rendais dans cet endroit imprégné d'Émilie, comme pour m'accrocher à cette dernière chose d'elle qu'il me restait dans la vie active. J'avais fait la découverte de ce petit bar à la salle très lumineuse, où l'ambiance était souvent chaleureuse et amicale. Jeune et ancienne génération s'y côtoyaient sans soucis, le dialogue se nouant parfois entre les deux.

Enseigne-Moi (Jimin-BTS / Hetero / Lemon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant