Une vie fictive

Prologue

   " Allez j'y vais! proclama Henri devant son ordinateur."

   Il ouvrit une page word, et commença à écrire. Henri était passionné par l'écriture depuis qu'il était tout petit. Il avait commencé par des poèmes, et des contes à l'école primaire, puis ses talents d'écrivain s'étaient démontrés dans les rédactions, et les divers exercices d'écriture au collège et au lycée. C'est en partie pour cette raison, ainsi qu'une organisation sans faille, qu'il obtenait toujours d'excellentes notes autant en français, qu'en histoire-géographie, ou encore dans toutes les autres langues. Après avoir obtenu son diplôme à la fin de la terminale, et il avait réussi le concours pour rentrer à sciences po. Pendant les deux premières années il s'était consacré à ses études, et avait arrêté d'écrire pendant son temps libre. Mais deux semaines avant son départ pour son voyage d'étude il avait décidé de reprendre l'écriture.

   Mais Henri souffrait tout d'abord d'un problème. Il manquait un peu d'imagination. Alors pour y remédier, il parcourut Instagram à la recherche de potentiels personnages pour sa première véritable fiction. Après une vingtaine de minutes, il tomba sur une photo d'une bande d'amis. En plaçant le curseur sur les têtes des personnes présentes sur l'image, leur nom apparaissait. Leur compte n'étant pas privé, il regarda ce qu'ils avaient postés. Ainsi son imagination se mit en route. Il prit un carnet dans un tiroir de son bureau, et écrivis les noms des différentes personnes en ajoutant une brève description physique, ainsi que des traits de caractère leur correspondant selon lui. 

   Après avoir fini son travail au brouillon, il réfléchit à l'intrigue de son futur ouvrage. Il voulait écrire un roman pour adolescents qui ne tombaient pas dans les habituels clichés. Il ne souhaitait pas écrire un triangle amoureux, ni un récit peuplé de créatures fantastiques. Il avait l'intention de conter une histoire réaliste, qui raconterait la vie d'un groupe d'amis qui rentreraient en classe de première. Il y aborderait des thèmes propre à l'adolescence, pour que les lecteurs s'identifient aux personnages, et que les intrigues feraient écho à leur propre existence. Mais pour l'instant il décidait d'écrire seulement pour lui-même un premier jet, et déciderai ensuite ce qu'il ferait de son écrit.

   Tout d'abord il fallait débuter le premier chapitre. Ses doigts parcouraient le clavier de son ordinateur portable à une vitesse étonnante. Les phrases s'affichèrent sur l'écran. Les mots apparurent de plus en plus vite, au fil de l'écriture. Henri se sentait de plus en plus inspiré. Il se sentait bien dans sa chambre, chez ses parents. Il adorait ça. Tout en écrivant, les souvenirs de son enfance affluaient. Il se remémorait ses premiers écrits, les premiers livres qu'il avait lu, mais surtout ses années lycée. Ses amis, ses professeurs, les activités qu'ils pratiquaient. Il se rappelait les problèmes qu'il avait rencontré, et ceux de ses amis, ses premiers amours, et les émotions qu'il avait ressentit. Désormais ses doigts volaient sur les touches, le nombre de mots accélèrent sur la page word. Ses propres expériences alimentaient son récit. 

   Une heure plus tard, le premier chapitre était écrit et corrigé. Il était fier. C'était la première fois depuis des années qu'il concrétisait un de ses projets. Il ne restait plus qu'à continuer à l'écrire. Il écrit ensuite le deuxième chapitre sur sa lancée. Plus il écrivait plus l'inspiration lui venait. Il arrêta d'écrire quelques heures plus tard, lorsque l'heure du dîner était arrivée. Il avait déjà écrit, et vérifié les quatre premiers chapitres. 

  Deux semaines s'étaient déjà écoulées depuis le début de l'écriture de sa fiction réaliste pour adolescents. Mais pendant ce temps-là il n'eut pas le temps d'écrire davantage. Entre les cours, les devoirs, et les préparatifs de son départ pour la Chine, son livre n'avait pas été très haut dans l'ordre de ses priorités. 

   Il s'apprêtai à partir pour l'aéroport, il vérifia une dernière fois ses valises, ses papiers, puis il prit ses clés de voiture. Il descendit les marches de l'escalier en colimaçon. Son père l'aida à mettre ses affaires dans le coffre, puis il lui serra la main en signe de au revoir. Son père n'était pas démonstratif. Il pensait que laisser paraître ses émotions était un signe de faiblesse, ce qui avait provoqué durant son enfance et son adolescence, à lui et à sa sœur nombre de problèmes avec leur père. Il s'en alla dans la maison, tandis que sa mère sortit pour le prendre dans ses bras. Elle pleurait silencieusement. Savoir son fils si loin de la maison lui faisait peur. Elle commençait à peine à s'habituer au fait que son fils ne vivait plus à la maison à Brest, mais dans un appartement à Paris, à part pendant les vacances, alors qu'il était parti il y a deux ans de ceux-là, alors le savoir dans un autre pays la chagrinait d'autant plus. Ensuite la mère fit place à sa fille de treize ans, Enora qui dit au revoir simplement à son frère. Puis Henri s'assit au siège conducteur, ferma sa portière, fit un dernier geste d'au revoir en direction de sa famille, et il partit vers l'aéroport.

   Cela faisait déjà une semaine que son frère Henri était parti en Chine. Alors que Enora s'ennuyait, elle se rappela que son frère avait de nombreux films sur sa clé USB. Elle parcourut la chambre de Henri à sa recherche, puis l'aperçus sur le petit bureau. Elle la prit, l'emmena dans sa chambre, puis la connecta à son propre ordinateur, et y rechercha les films. Elle y dénicha un document qui semblait-il était le début d'une fiction. Enora, qui venait de découvrir la plate-forme d'écriture Wattpad, et qui souhaitait y écrire une fiction, sourit. Elle avait trouvé le début de sa première fiction. Elle prit une clé USB dans sa chambre, copia le document, le recopia sur son propre ordinateur, lut le document en entier, puis enfin elle entama l'écriture du cinquième chapitre. Elle avait déjà pleins d'idées. La principale était une romance entre l'héroïne avec un nouvel élève ténébreux, chef d'un gang.