Destination inconnue

Chapitre 2

Depuis ce week-end je n'allais pas très bien. Je me sens traillie. Mais aujourd'hui nous sommes jeudi et c'est la rentrée. Je vais retrouver mes amies et ça ira mieux. Enfin... je l'espère. Bon aller Tess, on se ressaisit ! J'ai bien envie de rester bien au chaud sous les couvertures.

- Tess tu vas être en retard ! cri mon père du bas des escaliers.

Je lui réponds que je suis déjà debout. La porte s'ouvre.

- Je vois ça ! ricane mon père.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Je suis prise la main dans le sac, ou plutôt les pieds dans les draps. Mon père s'approche et tire les couvertures. Ah ! Il fait froid. Je suis en boule sur mon lit et fronce les sourcils pour lui montrer mon mécontentement. Il rigole de plus belle.

- Aller princesse lève-toi.

J'obéie à contre cœur et file dans la salle de bain pour prendre ma douche. J'aime sentir l'eau chaude couler sur mon visage et glisser sur mon corps pour réchauffer ma peau. Ça a quelque chose d'apaisant.

Une fois habillée, je descends prendre mon petit déjeuner. Mon père nettoie le plan de travail. Je m'installe à la table où m'attendent mon bol de lait et mon paquet de céréales. On ne parle pas mais je suis heureuse qu'il soit là. Mes parents travaillent beaucoup alors ça me fait plaisir lorsqu'ils prennent une journée pour moi. Même si cette fois c'est pour me conduire au lycée. Je me souviens, quand j'étais petite, je faisais semblant d'être malade pour qu'ils restent à la maison et qu'ils s'occupent de moi. Une fois mon petit déjeuner avalé et mes dents lavées, je suis fin prête et monte dans la voiture. Je pousse un soupir.

- Ça ne sert à rien de stresser Tess. Ce n'est qu'une rentrée comme une autre, tente de me rassurer mon père.

Il me regarde, me sourit, alors je lui rends son sourire. Il ne peut pas comprendre, il ne sait pas ce qu'il s'est passé et je ne lui dirais rien.

Nous arrivons sur le parking du lycée et mon père coupe le monteur mais je reste là, sans bouger. Je suis prise de panique, je ne peux me résoudre à sortir. Je répète en boucle dans ma tête « tout va bien se passer, tout va bien se passer... ». Mon père me regarde, intrigué. J'affiche un sourire, l'embrasse et me décide enfin à descendre de voiture. Je ne voudrais pas qu'il se doute que quelque chose ne va pas et qu'il me pose des montagnes de questions. Je me dirige vers la grille où sont agglutinés tous les fumeurs.

- Teeeeeeess !!

J'ai à peine le temps de me retourner qu'Audrey me saute dans le bras. Je peux à peine respirée, le nez enfouit dans son écharpe mais ce contact m'apaise. Audrey est ma meilleure amie depuis trois ans déjà. Je peux tout lui dire elle ne me jugera pas, sauf... ça. A cette pensée je me crispe. Elle doit le sentir car elle s'écarte, les mains toujours sur mes épaules, et me scrute du regard. Je lui souris.

- Ça va ? Comment ce sont passées tes vacances ?

- Au mon dieux Tess tu ne devineras jamais !

Et la voilà partie dans un monologue interminable, comme à chaque retour de vacances, sur le garçon qu'elle a rencontré. Elle a toujours pleins d'aventures à me raconter et moi, de nature plutôt discrète, j'aime l'écouter. C'est sans doute pour ça que l'on s'entend si bien. On se dirige vers la salle de rassemblement tandis qu'elle me parle du beau barman qui l'a invité à diner au bord de la plage après son service. Sur le mur à côté de la porte, est appuyé Damien qui discute avec ses deux meilleurs amis. Mon cœur s'accélère et j'hésite à faire demi-tour. Non Tess, sois forte ! Je lève le menton et entre dans la salle sans lui lancer un seul regard. Etonnée, Audrey s'est arrêtée de parler et me regarde, les yeux emplis de questions.