CHAPITRE III : Après l'effort, le réconfort.

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Les couloirs sont pratiquement déserts, et à l'inverse la cour est bondée. Je n'ai aucune envie de sortir, mais je ne peux pas m'éterniser là plus longtemps. De plus mon sac à dos est surchargé de matériel scolaire inutile d'en ce moment et alourdissant plus qu'autre chose.

C'est donc à la recherche d'un endroit où déposer mes affaires que je me dirige vers une rangée de casiers recouverts d'une peinture grisâtre et bordant le couloir. J'en trouve aisément un et y dépose mes fournitures scolaires.

Une fois chose faite, j'ai encore une vingtaine de minutes devant moi et je ne sais pas trop comment les combler. Je suis tentée d'aller dans la cour pour y retrouver Rosa, mais cette dernière ne m'a pas invitée à la rejoindre, le faire serait impoli de ma part.

Et puis, aller à sa recherche reviendrait à devoir affronter une multitude d'étrangers. Je perdrais sûrement mes moyens si par malheur quelqu'un venait à me poser une question ou à m'aborder. Je sais bien qu'il faudra que je m'y fasse un jour, mais je préfère retarder ce moment.

J'opte finalement pour m'isoler aux toilettes, elles deviendront sûrement un refuge pour moi, autant m'y familiariser.

Je mets mes écouteurs, et démarre ma playlist avant d'entrer dans les toilettes des filles, ces dernières ne sont pas loin de mon casier.

En entrant, je suis agréablement surprise puisqu'aucune odeur nauséabonde n'assaillit mes narines. Cet endroit n'a sûrement pas encore eu le temps d'être occupé par beaucoup de personnes, cela justifierait son état impeccable.

Quatre petites cabines rouges se suivent le long d'un mur carrelé de blanc à ma gauche, tandis qu'à ma droite, se trouvent des robinets surmontés d'un énorme et unique miroir immaculé.

Face à ce dernier, j'observe minutieusement cette jeune fille que j'ai presque du mal à reconnaître. Je regarde attentivement ces détails anodins, ce chignon des plus banals, ce petit corps de cent-cinquante-trois centimètres dénué de formes, ce visage passable, ces yeux d'un violet étrange mais naturel, et pour finir, cet aspect imparfait en général qui m'importe peu.

Après m'être assurée que la pièce est déserte, je porte la main au col de mon large pull, baissant cette dernière et entraînant par la même occasion les différentes couches de tissus que je porte. Un partie de la peau recouvrant le haut de ma poitrine se dévoile sous mes yeux. J'observe soigneusement le reflet de mon épiderme endommagée avant d'effleurer cette dernière du bout des doigts. Dans un soupir, je chasse les pensées néfastes qui me traversent l'esprit et remets mon vêtement en place.

Après avoir écouté quelques chansons de AC/DC, un groupe de rock connu que j'affectionne particulièrement, je retire mes écouteurs et me passe un peu d'eau fraîche sur le visage.

C'est tentant, mais je décide d'éviter de ressasser l'humiliation que je me suis infligée. Je pense plutôt à ma discussion avec Rosalya, et j'espère que c'est la première d'une longue série. Tout compte fait, me faire renverser par cette fille est une des meilleures choses qui me soit arrivée aujourd'hui. Je note aussi que malgré sa gêne et son manque total d'affinités avec moi, elle n'a pas hésité à m'aider.

Je pénètre dans une cabine et rabat le couvercle de la toilette avant de m'asseoir par-dessus.

Cette situation peut paraître ridicule ou désespérée, mais c'est de loin la plus agréable j'ai trouvé.

Je fouille mon sac, à la recherche de mon fidèle cahier, dédié à l'imagination et au gribouillages. J'ai envie de dessiner ce qui me passe par la tête.

Alex n 'a de cesse de louer mon « don de dessinatrice », j'ai beaucoup de mal à le croire, étant donné que c'est mon frère et que je ne bénéficie pas d'autre avis extérieur.

Laissant mes mains s'aventurer dans mes affaires, je frôle quelque chose d'inhabituel. Mon étonnement retombe lorsque j'extirpe ce carnet que j'avais presque oublié. Le carnet de 'Castiel'.

La curiosité me pique et j'ai bien envie d'y jeter un petit coup d'œil. Mais faire intrusion dans la vie privée de quelqu'un ne semble pas être une très bonne idée.

Je n'ai pas d'autre choix que de finalement le remettre dans mon sac à dos.

Les souvenirs de notre altercation refont surface et plus j'y réfléchis, plus je m'en veux d'avoir été aussi odieuse avec lui, c'est tout de même moi qui ai fait tomber ses affaires..

Et il était loin de se douter que sa remarque me blesserait autant. J'espère que carnet n'avait pas de grande valeur sentimentale. En rentrant, je retournerai près de l'arrêt de bus, les chances sont très minces, mais je l'y retrouverai peut être. Je pourrais alors lui remettre son carnet et peut être m'excuser.

Je me souviens vaguement de son joli visage, cadré de ses cheveux mi longs d'un rouge intense et atteignant ses épaules, de ses lèvres fines et ses de sourcils noirs froncés, ses yeux étaient gris, il me semble. Étrangement, j'ai une furieuse envie de le dessiner..

Je m'applique donc à esquisser son portrait après m'être emparé de mon cahier et du stricte minimum, c'est-à-dire un crayon surmonté d'une gomme.

Après une durée indéterminée, je contemple ce rapide portrait dont je suis plutôt fière. On peut y voir Castiel arborant un air diamétralement différent à celui qu'il a eu ce matin, il est paisible et un sourire léger flotte sur son visage.

Pour la deuxième fois aujourd'hui, je me laisse surprendre par une sonnerie retentissante, celle qui indique la fin de la pause.

Ayant pris soin de vérifier, à l'aide de mon horaire, dans quelle classe aura lieu mon prochain cours, je rassemble mes affaires à la hâte avant de m'engouffrer dans le couloir.

Arrivée a destination, j'aperçois quelques élèves patientant déjà devant la classe, et Rosalya en fait partie.

Lorsque cette dernière me voit, elle se dirige rapidement vers moi.

« Calaan ! Je t'ai cherchée partout ! T'étais où ? Je t'ai pas vue en sortant.. »

M'emparant de mon téléphone, je pianote fébrilement :

« Ne t'inquiète pas ! J'ai juste déposé mes affaires et j'ai traîné un peu. »

J'admets avoir légèrement menti, mais elle n'a pas besoin de savoir que je me suis lâchement enfermée dans les toilettes.

« Tu sais quoi ? Viens manger avec nous à midi, comme ça tu pourras faire connaissance avec mes amis ! »

Elle éclate de rire face à mon air surpris et affolé, avant d'ajouter, un large sourire s'étendant sur ses lèvres :

« Je t'interdis de refuser ! Tu verras ce sera super, et je te perdrai pas de vue cette fois ! »

Je finis par accepter, convaincue par ses paroles, mais tout de même peu rassurée.

Nous entrons finalement en classe après l'arrivée du professeur d'histoire et nous nous asseyons côte à côte - pour mon plus grand plaisir - décidées à papoter pour un long moment.

Le cours passe à une vitesse folle et une unique heure nous sépare désormais de cette fameuse rencontre avec le groupe d'ami de Rosa.

Je trépigne d'impatience et Rosa s'en réjouit. Elle refuse catégoriquement de me dire quoi que ce soit sur eux avant de me les présenter. Cela me rend on ne peut plus stressée et ça n'a pas l'air de déranger ma nouvelle amie, au contraire !

Je gribouille sur mon cahier, écoutant d'une oreille distraite notre professeure de science arrivée depuis une quinzaine de minutes, tandis que Rosalya pianote discrètement sur son téléphone muni d'une jolie coque en forme de panda.

Dans la surprise générale, la porte de la classe s'ouvre et tout les regards sont rivés sur cet individu qui n'a même pas pris la peine de frapper.


Je lève finalement mon regard avant de le poser sur lui et je n'arrive pas à y croire..

D'innombrables pensées m'assaillent, mais toutes vont dans le même sens:

« C'est pas possible ! Ça peut pas être lui ! »


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 15, 2017 ⏰

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