Précepte n°23 : Parler une langue étrangère

43 7 11
                                    

Pourquoi ?

Parce que j'ai pu constater que parler une langue étrangère peut débloquer des situations embarrassantes. Vous sauverez ainsi votre entourage de probables gènes.

Les conseils du chef :

• Pas besoin d'être bilingue, les basiques vous suffiront tant que vous en savez plus que le voisin ! L'objectif est de se démarquer !

• Tout de même, plus vous en saurez et plus votre swag sera exposé au grand jour. Il sera ainsi sublimé par la douce lumière du soleil matinal.

• Je vous rassure : ça marche aussi l'après-midi. Même le soir, c'est vous dire. Et s'il y a des nuages, c'est bien aussi.

~~~

Salut les amis ! Bon alors pendant que je faisais le deuil du Japon (ouinnnnn c'était trop la base), il se trouve que j'ai revu une amie avec qui je suis partie. On a ainsi parlé du bon vieux temps et je lui ai montré une vidéo de truite. Une bonne journée en somme.

J'ai regardé des vidéos sur le Japon, vous allez me dire "Bah dato, ça change pas de d'habitude !", et vous n'avez pas totalement tort. Seulement, il y a un changement majeur. Je reconnais les endroits. Je regardais une vidéo qui présentait Tokyo, et je me suis mise à penser "Mais ça, cette image, c'est Osaka !".

Je regarde mes plans et mes claquettes Air France avec nostalgie. Ouin.

Je regarde des films et une voix crie dans ma tête "Hé, regarde la ligne verte sur les panneaux ! Ce gars va prendre la ligne Yamanote pour Shinjuku et Ikebukuro !". Ou bien "Regarde, un Shinkansen ! Tu te rappelles de la dame qui mangeait un bentô qui aurait clairement pu être qualifié d'oeuvre d'art ?".

Oui, bien sûr, que je m'en rappelle.

Si vous voulez, quand j'étais au Japon, tout m'a semblé normal. Attendu. Un peu comme si tout collait à ma personnalité, comme si j'étais à la maison, et en même temps pas vraiment. J'étais pas vraiment émerveillée comme les gens racontent dans les vidéos, j'étais plutôt "Ah ! ce que ça peut être confortable !". C'est ça, je ne pouvais pas être émerveillée car j'avais déjà vu tout ça, dans les vidéos ou dans les interviews, ou dans plein d'autres endroits - après tout, je suis ce genre de personne qui est obsédée au point de passer ses journées à se documenter.

Mais dès mon retour en France, j'ai senti le pincement au coeur. "Je veux y retourner." "Ça me manque de ne pas pouvoir aller au magasin de merch du coin, j'aimerais bien un nouveau porte-clé." "Ça me manque de m'incliner en disant merci." "Ça me manque de sentir l'odeur des tatamis." "Le riz, ça me manque."

Comme si tout ce qui paraissait ordinaire, attendu, était devenu une routine tellement encrée en moi que j'ai l'impression d'avoir laissé un bout de moi au Japon. Un petit bout qui fait que je suis un peu étrangère en France. Et ce en deux maigres semaines...

Je suis née et j'ai grandi quelque part, en France, dans un endroit où on dit pain au chocolat et où on mange des tartes au pommes.

Je suis attachée à mon pays, mais lui n'est pas attaché à moi. J'ai toujours été étrangère aux autres, tout le village me connaissait comme étant une fille un peu louche.

Là, tout bougeait. Il y avait des tas de gens, des tas d'histoires qui s'entremélaient, tout en gardant une certaine distance. Les gens ne me regardaient pas quand je portais un t-shirt plein de couleurs, ils ne me regardaient pas avec mes cheveux courts.

Ils n'y sont pas habitués non plus. Ils se taisent simplement quand ils voient quelqu'un. Ça ne les empêche pas de penser, simplement, ils ne laissent pas voir ce qu'ils pensent, du moins le moins possible, parce qu'ils sont réservés et se disent "Ah, je ne la connais pas, partons du principe que c'est une personne extraordinaire !".

Il n'y a pas d'effusion au Japon. Tout est calme, tout en dehors des salles d'arcades. Ce qui peut paraître froid à certains, mais pour moi, totalement naturel. Ce n'est pas froid, ce n'est pas silencieux, ce n'est pas indifférent. C'est juste une impression de "oh, tout est normal. Peu importe".

C'est une impression, une ambiance qui m'a tout de suite mise en confort, contrairement à chez moi où je me retourne pour voir des gens intrigués, ou en train de rire.

Bien sûr, ces gens ont des pensées. Simplement, la voie publique n'est pas l'endroit pour les exprimer. Sur la voie publique, tout le monde doit avoir de la place, alors personne ne parle, comme pour ne pas déranger le calme ambiant et ne pas couper les réflexions des autres. Comme si tout le monde observait, puis jugeait dans sa tête, mais montrait constamment une attitude neutre. Comme si tout le monde était heureux, qu'il n'y avait aucun problème.

Il y en a, bien sûr. C'est probablement à cause de ce masque qu'ils doivent constamment porter que les japonais sont si portés sur le suicide ou d'autres réjouissances de ce type. Ça et la pression au travail et pendant les études. L'omniprésence de la perfection.

Le fait est que ce masque, je l'ai naturellement. C'est mon caractère, et c'est un aspect où je me suis dit "Je ne parle pas la langue de ces gens, mais je comprends mieux leur façon de penser que celle de ceux de chez moi".

C'est ça, j'avais l'impression de mieux m'identifier aux gens dans les métros là bas que dans les rues ici.

Je ne saurais pas vraiment l'expliquer. Je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ça, d'ailleurs. J'ai marché toute la journée avec ce besoin d'écrire un texte pour raconter mon point de vue ^^
Ça devient triste...

Comment avoir le swag pour les nuls !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant