Amnésie

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J'avais oublié, comment ai-je pu oublier ?

Qu'il serrait si fort ma main lorsqu'il la tenait.

Qu'il aimait tant la prendre dans la sienne,

Qu'il voulait tant que la chaleur lui parvienne.


J'avais oublié, comment ai-je pu oublier ?

Le grave de sa voix lorsqu'il me chuchotait:

"Elle est belle, ma fille, elle est belle"

Et pour moi comme ça sonnait:

"Quelle poubelle, ma vie, quelle poubelle"


Mais je ne faisais rien car encore j'oubliais.

J'étais inconsciente et je me préoccupais

D'autres choses, comme tous les cons de la jeunesse ;

De cours, de jeux, de taf, d'amour et d'ivresse.


Parfois, je m'imaginais s'il n'était plus là,

Ça m'attristait mais c'était faux et puis voilà...

J'ai été égoïste, je m'en voudrais

Je pense longtemps après, c'est clair, c'est lisse

J'aurais dû le voir plus souvent, c'est vrai.


Je ne me souviens presque plus de son visage

Je veux dire des détails de celui-ci, image

Trais pour trais, non, je ne sais plus le dessiner

J'en ai mal au cœur, je voulais me rappeler...


Dire que j'ai déjà oublié tout cela,

Alors que ça ne fait pas si loin qu'il s'en va.

Au dessus des monts, des mers, des rivages

Au dessus des plages, des roches, des sablons

Pourtant je ne peux pas tourner la page.


Il m'a cousue des robes que je ne peux plus porter

Tout ce qu'il me reste de lui, c'est un oreiller.

Ce n'est pas grand chose mais c'est énorme aussi,

Ainsi, il m'accompagne toutes les nuits...


Maintenant presque trois ans qu'il a disparu,

Laissant un vide derrière lui, creusé à la crue* ;

Mon papi, tu n'entendras pas cela,

Il serait bien cruel de te le reprocher

Je t'aime, et ce, pour l'éternité.












*Remontée d'eaux creusant un fossé dans la terre.

Médecine du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant