Fantaisie

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Puisqu'elles sont oubliées

nos belles écritures

Les courbes, les tracés

du stylo, les ratures

Ne sont plus qu'à la craie

pour habiller les murs

Comme on habille nos cœurs

de vaines déchirures


Entends-tu les claviers

sur lesquels nos doigts dansent

Et fabriquent des lettres

à la noirceur intense

Entends-tu le silence

des jolis manuscrits

Planqués sous la poussière

et la mélancolie


Dis-moi quel est ce monde

où poussent les antennes

Comme poussaient les fleurs

quand nous étions enfants

Et des salles de concerts

où s'allument les écrans

Comme avant les briquets

quand nous étions moins grands


Aux réseaux des amours,

aux sourires de pixels

Il manquera toujours

une âme à l'inconnu

Et bien que passionnées,

les paroles les plus belles

Ne sont pas naturelles

quand elles sont retenues


Sur une table en bois,

le couvert est dressé

Mais les rires et les chants

ne s'allumeront plus

Dans le jardin désert

les jonquilles ont fané

Le vide est devant nous

et nous sommes déchus


Alors de temps en temps

pour me sentir en vie

Je coupe mon téléphone,

j'éteins mes insomnies

Et je pars quelques jours

pour des soleils moins gris

Dans un coin de ma tête

que j'appelle « fantaisie »

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