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Le souffle court et sifflant, les jambes en feu et le vent dans les cheveux. Jungkook courait.

Il courait à travers les rues, que la masse grouillante de travailleurs commençait à occuper. Les corps le bousculaient, se frottaient à lui. Ses jambes lourdes le ralentissaient. Jungkook était compressé et la chaleur humaine lui faisait tourner la tête. Il ne tenait plus debout, son corps était courbé, trop lourd à porter. Il sentait l'humidité de l'air mélangée aux odeurs des passants et son sac de cours frappait inlassablement son dos.

La gare se rapprochait peu à peu de lui. Cette fois, Jungkook était vraiment en retard.

Ses professeurs l'avaient surchargé de travail. Il n'en avait pas dormi de la nuit. Ses yeux étaient rouges de fatigue et des valises noirâtres roulaient sous ses yeux.

Il les détestait. Il les maudissait. Sa haine était si grande que Jungkook ne remarqua pas les nuages qui recommencaient à gronder au dessus de lui. Ses pas se faisaient saccadés et ses chaussures en toile étaient détrempées.

Finalement, après quelques minutes de course acharnée, Jungkook arriva à la gare. Ses cheveux mouillés collaient à son front et sa veste imbibée goutait sur le sol du hall. Il s'arrêta et tenta tant bien que mal de reprendre son souffle.

Aujourd'hui, Jungkook ne pensait pas à voir son pianiste.

Il était obnubilé par sa rage et en avait complètement oublié le petit homme à la chevelure menthe qui le hantait depuis quelques semaines déjà. Le visage de Jungkook s'était assombri. Ses émotions tendaient les muscles de son visage, dissuadant quiconque de l'approcher.

Il ne sentait pas l'ombre qui le suivait depuis quelques minutes déjà.
Pourtant, la discrétion n'était pas son fort.

Jungkook reprit sa marche, faisant mille fois le tour de la gare afin de trouver son quai. Qu'est-ce qu'il en avait marre ! En plus, son train avait du retard.

L'environnement autour de lui le brusquait, il ne voyait plus droit, les gens filaient telles des flèches, perturbant sa vision et sifflant dans ses oreilles à leur passage. Jungkook se sentait surmené et entraîné férocement dans la tempête d'événements qui l'entouraient.

Il avait l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds, que le sol s'était mis à trembler et que la Terre s'était mise à tourner beaucoup trop rapidement.

Jungkook ne se laissa pourtant pas aller, il devait coûte que coûte choper son train et rendre ses devoirs qu'il avait mis des heures à rédiger correctement.

Il prit donc un temps de repos. Là, au milieu de la foule. La respiration de Jungkook se faisait de plus en plus lente, ses yeux étaient fermés et les battements de son coeur refrénés.

Jungkook s'était déconnecté du monde.

Il airait très bien pu se faire bousculer, voler, toucher, hurler dessus qu'il n'aurait rien remarqué.

Les bruits de la gare s'étaient transformés en bruit de fond, Jungkook rouvrit les yeux.

Il se sentait bien plus serein.

Alors il se dirigea vers le quai, où de nombreux étudiants de son lycée patientaient déjà.

Le train apparut au bout des rails, le haut parleur avait annoncé son arrivée, Jungkook fourra sa main dans son sac, histoire d'avoir son billet s'il devait être contrôlé.

Sauf que Jungkook ne tomba pas sur son billet en premier.

Un parapluie bleu s'était invité dans son sac.

Curieux, le lycéen le retourna dans tous les sens. Il ne se souvenait pas d'avoir pris un parapluie pour partir. Il n'avait même pas le souvenir d'en avoir un bleu.

Un petit bout de papier humide sorti de l'étui du parapluie. Un mot.

"J'espère qu'il te servira, il devrait encore pleuvoir aujourd'hui."

Piano | y.kookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant