•Lui•

•Lui• Partie Unique

Je ne peux pas être seul. Je ne peux pas avoir tout détruit.
Ça doit être un cauchemar.

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3 mois plus tôt

"Chim, dépêche toi un peu, tu peux pas te permettre de rater le train aujourd'hui."
Je grogne à l'entente de la voix stridente de ma mère. J'émerge doucement de mon sommeil pour ensuite traîner mon corps endormi jusque dans la salle de bain. J'en sors après trente minutes, lavé et habillé, puis me rends à nouveau dans ma chambre dans laquelle je vérifie une dernière fois le contenu de ma valise. Je la tire enfin derrière moi, la portant dans les escaliers, et, une fois en bas, vais à la rencontre de mes parents. Je hoche simplement la tête en les voyant, espérant éviter d'avoir à entretenir une quelconque conversation puis saisis un paquet de biscuits que j'enfouis dans mon sac à dos, posé sur une chaise du salon.
Malheureusement, ma mère habituellement peu bavarde semble avoir beaucoup de choses à dire en ce matin si particulier.
"Ton train passe bien à 8h45 ? Et tu as bien vérifié de ne rien avoir oublié ? Si tu en as marre tu peux nous appeler quand tu veux, tu le sais ? Ne te force surtout pas. Et puis surtout, fais attention."
Je me contente de mouvements de tête positifs pour lui répondre mais finis par prendre l'initiative de la rassurer un minimum.
"Maman, tout va bien se passer. Tout est prêt. Et puis tu devais bien t'attendre à ce que j'ai besoin de bouger pour aller à la fac."
Elle me répond par un sourire crispé puis me tourne le dos pour se rendre dans la cuisine où se trouve mon père en marmonant "Mais il y a aussi une fac ici quand même...". Je ne prends pas la peine de répondre puis fais moi même demi tour pour me rendre sur le perron de notre maison. Je m'assieds sur la première marche, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées.
Je pars aujourd'hui pour Séoul, dans une école de langue très réputée. Ce n'est pourtant pas pour cette dernière raison que je m'y rends. Je n'ai jamais beaucoup aimé les études, le niveau de mes établissements scolaires m'importe donc peu. Mais c'était une bonne excuse pour convaincre mes parents que je devais partir. La vraie raison est toute autre.

"Donc tu pars ?"
Je sursaute à l'entente de cette voix, puis mon visage s'assombrit lorsque je perçois son sourire en coin.
"Qu'est-ce que tu fous là ?" Dis-je lassé.
"Je pensais pas que tu partirais vraiment." Annonce-t'il, ignorant royalement ma remarque. "C'est dommage on s'amusait bien."
"Tu veux pas dégager ? J'ai franchement pas envie de te voir."
"Oh, range tes griffes Jiminie, j'ai rien fait de mal. Donne moi juste des nouvelles quand tu seras arrivé, ok ?"
Je souffle bruyamment. "Non. Je veux rien avoir à faire avec toi."
Je me lève immédiatement suite à ma déclaration puis rentre à nouveau dans l'enceinte de la maison.

Si je pars c'est à cause de lui. Il me fait peur. Et d'une manière qui m'était inconnue. Il m'intrigue. Mais je refuse de m'approcher de lui. Je ne peux simplement pas. Je ne suis pas comme ça.

Il est déjà bientôt 8h, il est donc temps pour moi de prendre le chemin de la gare. Après de longs adieux avec mes géniteurs, je me dirige d'un pas soutenu jusqu'à l'arrêt de bus qui me permettra d'atteindre mon train. Celui-ci arrive immédiatement et c'est avec vingt minutes d'avance que je m'installe sur mon siège, prêt pour un peu moins de trois heures de trajet. J'attend patiemment son départ, mes écouteurs dans les oreilles. Je balance la tête au rythme de la musique jouée par mon téléphone lorsque celle-ci est interrompue par l'annonce d'un message que je viens de recevoir. Je soupire en maudissant l'expéditeur de celui-ci mais me décide tout de même à l'ouvrir. Mon humeur se dégrade d'autant plus lorsque je remarque qu'il s'agit de lui.
"Fais bon voyage. Tu vas me manquer Jimin."
Je ne prends même pas la peine de répondre. Je me replonge dans ma musique, prenant cette fois la précaution d'activer le mode avion, et me laisse rapidement porter en observant les paysages qui s'offrent à moi.