prologue

6.4K 374 122
                                    

prologue

chanson écoutée durant l'écriture :
numb — linkin park

point de vue de wazter

Est-ce que la mort ressemble à ça ? Se sentir vide, ne plus rien ressentir. Est-ce que la mort, au final, ne serait pas la définition de Paix ? Après toutes les choses qui se sont passées dans ma vie, est-ce que la mort, serait en fait mon seul remède ?

— Oh venez par-là ! Il y a un garçon, juste derrière le buisson ! Je crois qu'il est vivant !

Bordel, je les entends. J'entends les sirènes, les voitures, j'entends les gens s'affoler autour de moi, sauf que je n'arrive pas à réagir. Mes oreilles pulsent sous tout ce brouhaha, et bientôt, je me retrouve une fois de plus dans le noir le plus complet. Je me retrouve une fois de plus, face à moi-même.

* * *

          Bip... Bip... Bip...

Ce même bruit m'accompagne depuis des heures. Quand j'essaie de penser aux événements qui m'ont certainement conduit dans un hôpital, le bip s'accélère, réveillant tous mes sens. La douleur physique n'existe plus depuis longtemps, seule celle qui me donne des cauchemars résiste.

Allez, Waz, réveille-toi... Saute de ce putain de lit et va rejoindre ta famille à l'autre bout du couloir.

Je prends une longue inspiration, et dans un élan que je ne me suis jamais connu, j'ouvre les yeux sur un plafond immaculé. La lumière m'aveugle au premier abord, mais c'est petit-à-petit que je m'habitue à la clarté du jour.

Au moment où j'essaie de bouger ma main pour attraper la télécommande du lit, une infirmière débarque avec un chariot.

— Je vous ramène de l'eau et j'appelle le docteur Xiang tout de suite, dit-elle en s'approchant d'un pichet posé sur une petite table au coin de la chambre.

Je cligne plusieurs fois des yeux, confus. Je ne m'étais même pas rendu compte de ma gorge qui semble appeler à l'aide, ni même du tremblement de mes mains sous la fine couverture. Putain, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que plus rien ne tourne rond chez moi ? 

L'infirmière me sourit gentiment en remontant le dos du lit. Elle a ce genre de regard super maternel qui te rassure dès que tu le croises. Pourtant, je me sens toujours aussi vide, aussi... mort.

— Essayez de boire ça, ne vous pressez pas, sinon, vous allez avoir mal. Je reviens dans quelques minutes, annonce-t-elle en me tendant le verre d'eau rempli à moitié.

Je lui souris piteusement en attrapant le verre. L'eau me brûle une fois qu'elle traverse ma gorge. Une petite grimace me prend, et je serre les paupières jusqu'à ce que la sensation s'estompe.

Bordel, ce n'est pas croyable. Hier soir devait être le meilleur soir de ma vie ; je devais retrouver ma famille. Je les ai retrouvés. Je m'en souviens. Je me souviens des larmes et des accolades, des pardons et des cris de joie, je me souviens m'être assis avec ma sœur à l'arrière du pick-up de mon père, souriant. Tout roulait comme sur des roulettes, ma famille était enfin à mes côtés et je me sentais tellement... invincible. Comme si toute cette galère que j'endure depuis des années c'était envolée, comme si j'allais enfin pouvoir être heureux. Et me voilà au fond d'un lit d'hôpital, aussi impuissant que je ne l'ai jamais été.

La porte s'ouvre brusquement sur un petit homme aux lunettes rectangulaires, blouse blanche sur le dos.  Il jette un coup d'œil au dossier qu'il a dans les mains en soupirant.

— Wazter Kal, dix-sept ans, né le seize octobre, c'est bien ça ? demande-t-il en remontant ses lunettes sur son nez.

— Je sais déjà tout ça, je marmonne en me redressant un peu plus.

Il hoche la tête en ignorant ce que je viens de dire avant de s'avancer pour m'examiner. Le docteur Xiang prend ma température, vérifie ma tension, ma vue et mon ouïe très rapidement. Une fois que son petit examen est fini, il pousse un énième soupir en s'asseyant sur la chaise à mon chevet. 

— Bon, tu sembles parfaitement stable, tu as juste des points de sutures ici et là que l'on t'a fait plus tôt dans la journée et une des côtes est abimée. On ne peut rien faire pour ça à part te prescrire des antidouleurs.

Je hoche la tête comme si je comprenais tout ce qu'il racontait. On peut venir au point où il me raconte pourquoi je suis ici, par hasard ?

— Je déteste faire ça, bonhomme, mais il va falloir que je t'explique quelques petites choses avant que tu ne sortes de ce lit, dit-il en me regardant bizarrement.

Je tends l'oreille, inquiet.

— Tu es le seul survivant de l'accident de voiture qui s'est produit hier soir et...

Je n'entends plus ce qu'il me dit. Plus rien, il n'y a absolument plus rien autour de moi. Le vide total, le néant. Le seul survivant ? C'est impossible. On ne peut pas me retirer mon bonheur alors que je viens de le trouver. C'est... c'est pas concevable. Rien de tout ceci n'est vrai. Je n'ai jamais quitté la prison pour mineurs dans laquelle je pourrissais et ils ne sont jamais venus me chercher, jamais cet accident n'a eu lieu.

Ce n'est qu'un cauchemar. C'est la seule solution.

—... je suis vraiment désolé. Toutes mes condoléances. Ton parrain est en route, il vient avec son fils. La psychologue qui va te suivre pendant quelques semaines va venir te voir dans l'après-midi, si tu as besoin de quoi que ce soit, appuie sur le petit bouton rouge.

Sur ces mots, il se lève et quitte la chambre.

Je fixe un point droit devant moi, immobile. C'est une blague, un cauchemar, c'est rien du tout. Ils ne peuvent pas être morts. Pas maintenant.

Finalement, après avoir passé en revue chaque recoin de la pièce, après avoir essayé de me convaincre des centaines de fois que tout ceci n'est pas réel, je me rends à l'évidence : je suis encore une fois seul.

Seul comme je ne l'ai jamais été. Une coquille vide. Il ne me reste plus rien. Plus aucunes raisons de me battre, plus aucunes raisons de vivre. Alors je ferme les yeux en attendant que l'orage passe. Je ferme les yeux et je pleure, pour ce qu'il me semble être une éternité.

__________________________________________________

I A M B A C K B I T C H E S

Et ouiiiiii ! Me revoilà avec la réécriture d'Heaven que j'ai reprise (enfin !) et j'espère qu'elle vous plaira.

Moins de clichés, moins de gamineries (les chamailleries de lycées américains, trop peut pour moi), j'ai décidé d'améliorer l'histoire pour la rendre plus réaliste, plus vraie et plus authentique.

Dites moi ce que vous en pensez en commentaires, comme d'habitude (vous m'avez manqué !).

des bisous,

Heaven [réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant