Partie 4

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(Aicha en média)

Miss Majorette, c'est comme ça qu'il me taquinait quand j'étais dans son bureau. C'était lui, M. Thiam. Je décidai néanmoins de faire semblant.
"C ki?", répondis-je.
J'attendais sa réponse mais 11minutes plus tard, il n'avait toujours pas lu mon message et son profil que je guettais montrait qu'il était toujours en ligne. Je me demandais pourquoi est ce qu'il n'avait pas mis de photo sur son profil. Je commençais à m'énerver qu'il ne me réponde pas quand je reçus son message. Juste pour lui rendre la pareille, je me suis dit qu'il fallait que j'attende moi aussi un certain temps avant de lui répondre. Je suis une vraie gamine, je sais. De toute façon, j'ai attendu aussi 15minutes pour ouvrir son message.
"Une personne ", disait son texto.
"Encore heureux, c'est pas un sorcier ", lui répondis-je.
"Lol tu as peur des sorciers? Moi qui croyais que tu en es une.."
"Pourquoi j'en serais une? "
"Parce que tu ensorcelle les gens".
Quand j'ai lu ce message, mon coeur a raté un battement. Il a dit que j'ensorcelle les gens. Peut-être qu'il parle de lui. Oh et me voilà en train d'exagérer de nouveau.
"J'ai ensorcelé qui", lui demandai-je avec une pointe d'espoir pour je ne sais quoi.
Il a vu mon message, mais ne m'a pas répondu. J'ai attendu plus de 30 minutes mais je voyais qu'il était déconnecté depuis un certain temps. J'ai fini par aller me coucher car il faisait tard et je devais avoir cours à 8h le lendemain. Je n'allais pas beaucoup dormir c'est sûr mais j'ai quand même l'habitude. Je suis une couche-tard et une lève-tôt  ( est-ce que ça se dit?).

6h tapantes, mon réveil sonne et je peine vraiment à me lever. J'ai dormi un peu plus de 3h et la journée allait être longue. J'avais cours 8h-13h et 15h-19h. Tout le matin, c'est M. Thiam qui allait nous prendre.
J'ai fini par me lever après 15 minutes de somnolence. Je fais comme d'habitude près de 30 minutes sous la douche avant de sortir faire ma longue prière du matin où je priais longuement mon seigneur pour moi, ma famille et tous les musulmans du monde. Je finissais toujours par la récitation du sourate Ya-sin. Et là seulement, j'étais certaine de passer une superbe journée. J'ai regardé l'heure, il faisait 7h21. Heureusement que je prépare chaque soir ma tenue du lendemain. Aujourd'hui, j'ai opté pour un legging noir taille haute avec un pull crop-top blanc imprimé gris et mes air-max rose-blanc-mauve. Un peu de poudre, un fin trait d'eye-liner sous les yeux, du mascara et un rouge à lèvre mat de couleur mauve foncé. Je mets une robe moulante 3/4 à rayures multicolores dans mon sac pour le soir. Et je descends prendre rapidement du café avant que papa ne me laisse en plan.

Je trouve une bonne ambiance comme d'habitude dans la cuisine. Entre cet idiot de Lamine qui charrie papa sur le fait qu'il vieillit trop et maman qui l'aide, c'était vraiment beau à voir. Je fais un énorme bisou à mon père en guise de bonjour. Je crois que je resterai fille à papa pour l'éternité.
"Néné gallè no mbada" (maman comment tu vas), m'adressais-je à ma mère.
"Boulma diomal dh mane ak say hal pulaar", me taquina ma mère.
Je ne parle pas excellemment le hal pulaar mais je me débrouille plutôt bien car je passe beaucoup de temps avec mes grands-parents maternels comme paternels qui ne parlent que le pulaar. Surtout baba thierno, le père de mon père, celui-là est mon préféré, c'est mon mari. Alassane, comme mes parents parlent super bien cette langue mais Lamine lui il ne comprends que dale "dafa galli ba yaqou".
"Ma tané sa golo gui dé en tout cas", fis-je à l'endroit de Lamine qui me jetait un scarface.
Maman: Didi laisse mon enfant tranquille. Lamine ne t'occupe pas d'elle.
Lamine: Laisse maman, elle adore me déclarer son amour au petit matin.
Moi: Amour? Hahaha dans tes rêves petit.
Papa: Didi viens qu'on parte, laisse Lamine faire son job de cadet.
Moi: Mdrrr c'est à dire faire ton impoli.
Il me lançait le torchon qu'il tenait et je l'attrapais en lui tirant la langue. Une vraie gamine, je sais.
Je bippais Yacine pour qu'elle sorte.

Le cours de M. Thiam était comme à son habitude bien reçue et bien suivie. C'était bien expliqué et concis. Je n'ai même pas vu l'heure passer, peut-être que c'est aussi le fait qu'il m'obnubilait qui accentuait ma concentration. En tout cas, j'étais attentionnée à mort à ce personnage devant moi.
Il était habillé d'un pantalon kaki bleu nuit avec un pull bleu clair en col V qui laissait entrevoir le col d'une chemise blanche. À ses pieds, des boots noires veloutés. Il avait porté des lunettes ce jour là, j'en déduis qu'il avait donc des problèmes de vision même si les jours précédents, il semblait avoir la plus nette des visions. Il expliquait et je tentais tant bien que mal de ne me concentrer que sur ce qu'il disait. Je n'ai pas une seule fois détourné mon regard de lui depuis que le cours a commencé. C'est Adja, assise à ma gauche qui m'a signalé l'heure de la pause. J'ai regardé ma montre qui affichait 10h35. J'ai attendu qu'il termine la partie qu'il expliquait et je levai ma main.
"Oui Mlle Diop", fit-il avec sa voix rauque que je trouvais virile et autoritaire.
Je me levais lentement mais sûrement pour parler.
Moi: Monsieur, il est l'heure de la pause.
Lui: Ah excusez-moi. J'ai pas vu l'heure passer. C'est combien de temps la pause?
Moi: D'habitude, on prend des pauses de 25 minutes pour des cours de 4h ou 5h.
Lui: Ok donc on revient à 11h05, il est presque 10h40.
Moi: Merci.
Et comme un coup d'envoi, tous les étudiants sortent de l'amphi, direction l'amicale sûrement. Ce que j'aime chez mes camarades de classe, c'est qu'ils sont très disciplinés. Quand ils te nomment délégué, ils respectent ça. Ils te laissent tout régler et placent une confiance extrême en toi. C'est pour cela que je fais tout pour ne pas les décevoir. Les professeurs de la faculté disaient beaucoup de bien de notre promotion et ça faisait vraiment plaisir à entendre.

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