Partie 9

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Le temps passe vite. C'est un fait indéniable. Des fois j'ai l'impression que l'homme ne contrôle rien, il semble être un simple spectateur de la vie. On voit les jours défiler à une vitesse impressionnante.
Chaque jour, je me réveille avec l'envie de faire plusieurs choses. Le soir quand je me couche, je me rends compte que j'en ai fait qu'une petite partie.
Il est donc nécessaire de passer son temps à faire le bien. C'est la seule chose qui compte finalement.

On était déjà à une semaine du mois de ramadan et pourtant j'avais l'impression que c'est la veille qu'on avait entamé le jeûn.
On dit que les premiers jours du mois de ramadan sont souvent difficiles à gérer, mais moi je ne le voyais pas comme ça. Bien vrai que je suis même le porte-drapeau des gourmands de la planète, je résiste bien à la faim. Et pour dire vrai, j'aimais tellement le mois de ramadan que jeûner m'était facile.
Il faut aussi comprendre que jeûner ce n'est pas seulement la privation de nourriture, c'est surtout spirituel. Il ne s'agit pas de juste rester toute une journée sans manger ni boire, ceci s'approche plus d'une grève de la faim. Il faut plutôt se lancer dans la quête de Dieu, beaucoup prier, méditer sur sa foi et son comportement, lire le Coran, se repentir, rester humble, ne pas parler de ce qui ne te regarde pas ni calomnier, faire en sorte que tes oreilles n'entendent que le bien, tes yeux ne regardent que le bien, mais aussi de ne sortir de ta bouche que de bonnes paroles. C'est une période où il faut récolter le plus de bonnes oeuvres car comme on le dit, c'est un mois béni et sain.

Aujourd'hui, je me suis réveillée avec une humeur bizarre. Je ne me sens pas bien, et c'est pas physique. On dirait plutôt que c'est émotionnel mais je ne saurais l'expliquer.
Et pourtant j'ai trop bien dormi. Je me suis réveillée vers 12h environ et j'ai traîné les pieds avant de prendre ma douche. Aussitôt après je me suis recouchée sans pour autant dormir. Je décide alors de lire un ouvrage de Paulo Coelho que m'a envoyé Alassane en fichier électronique. Il s'intitule "L'alchimiste". À ce qu'il paraît c'est une oeuvre très instructive.
En même temps que je lis, je vois que j'ai reçu beaucoup de messages dans notre groupe classe sur whatsapp mais je ne fais pas attention vu qu'ils ne font que des blagues pourries à longueur de journée.

Je reçois un appel de Adia alors que j'étais super concentrée sur ma lecture. J'ai hésité avant de décrocher mais j'ai quand même fini par la prendre pour ne pas risquer d'entendre ses insultes plus tard.
"Allô", dis-je nonchalamment.
Adia: Didi yaw fo nek. Je ne t'ai pas vu intervenir dans la discussion du groupe wala t'es pas connectée?
Moi: Mo j'ai même pas regardé da niou niak khorom.
Adia: D'accord j'arrive chez toi, je ne suis pas très loin.

Avant que je ne lui demande ce qu'il se passe, elle avait déjà raccroché. J'ouvre alors les discussions et je vois tout le monde écrire des "repose en paix". Il y avait 157 messages en tout et je commençais sincèrement à paniquer. Je jettais donc un coup d'oeil aux statuts de mes contacts et je tombais des  nues. Je voyais tous mes contacts mettre la photo de Abdel en statut avec la légende "rest in peace" et des émoticônes pleurs à n'en plus finir.
C'était vraiment une blague de mauvais goût. Du moins je le voyais comme ça.
Je restais immobile là où j'étais assise sur mon lit. Je ne voulais pas bouger, pas d'un seul iota, en aucun cas, comme si rester à cette place me gardait dans ma résolution que tout ceci était une blague. Je refusais de faire un quelconque mouvement par peur de me confronter à la possible réalité que ce n'était pas une blague.
J'entendais quelqu'un frapper à ma porte mais c'était comme si j'étais très loin de cette porte. Je ne percevais que vaguement les coups sur ma porte.
Je vis Adia entrer après quelques instants et se mit à côté de moi. Son voile sur la tête me fit encore plus peur.
Je la fixais tristement, mes yeux lui posaient la question de façon muette. Ses yeux s'embuèrent de larmes et je compris.
Je compris que ce n'était pas une blague. Abdel était parti. Je ne le reverrai plus.
Et pourtant hier seulement, on a parlé au téléphone des minutes durant. Comment aurais je pu savoir que c'était nos adieux.
Mes larmes coulèrent doucement quand j'ai repensé à notre discussion de la veille.

Au Coeur De Mes Sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant