Londres, Automne 1888
« - Inspecteur Abberline ! Nous avons des nouvelles pour ce qui s'agit de l'Eventreur ! S'écria un homme en entrant dans le bureau. »
L'inspecteur leva les yeux sur le blondinet qui venait de déposer le journal matinal sous son nez. Il tira sa moustache en voyant avec désarrois la une de presse. Il prit le papier en prenant soin de poser ses lunettes au bout de son nez. Attentivement, il lut chaque ligne de l'article avant de ne soupirer et de faire signe à l'homme de quitter la pièce d'un simple geste. Le blond se retourna pour partir, mais au moment d'ouvrir la porte, il se percuta à un jeune homme l'air pressé.
« -Oh ! Euh, je suis désolé ! Fit le jeune brun avec un fort accent français en serrant contre lui une mallette. »
Il ne prit guère conscience de ses excuses et préféra quitter rapidement le commissariat. Abberline se leva et offrit un large sourire au garçon.
« - Maxime, je ne m'attendais pas à te voir arriver aujourd'hui.
-J'avoue ne pas avoir pensé que le voyage entre Paris et ici soit aussi rapide.
-Eh bien, pose-moi cette valise, tu ne vas t'encombrer plus longtemps.
-Oh, je pensais la déposer dans ma chambre d'hôtel. »
L'inspecteur frotta ses mains, perplexe. Il dévisagea le jeune homme, il avait les cheveux courts, une légère barbe et n'était pas particulièrement grand. Ses yeux bruns paraissaient vifs d'une intelligence qu'on lui avait longtemps conté. À vrai dire, Maxime était le fils d'un de ses amis de longue date, qui après s'être pris d'engouement pour une jeune française il y a de cela plusieurs années, avait quitté le Londres pluvieux pour découvrir le paysage français.
« -Où as-tu pris ton hôtel ?
-Dans Westminster ? Pourquoi ? Cela pose un problème ? »
Abberline souffla tout en asseyant lourdement dans son siège puis fit signe au jeune homme de s'asseoir en face.
« -Vois tu... Depuis peu, Londres est frappé par une vague de meurtre atroce dont un certain Jack l'Eventreur en serait l'auteur.
-Il frappe tout Londres ?
-Non, uniquement Westminster.
-Je vois...
-Et comme tu peux t'en douter, je me suis penché sur cette affaire, et j'ai bien peur qu'une épée de Damoclès soit au-dessus de ma tête. »
Maxime écoutait avec attention l'homme tout en jouant avec la manche de sa chemise.
« -Je préfère donc ne pas te laisser loger seul dans une ville qui t'es encore inconnue.
-Je comprends... »
Soudain, la porte s'ouvrit brusquement sur un rouquin, à peine plus jeune que Maxime. Les cheveux en bataille, sa veste mise rapidement et sa chemise mal fermée au bas, il était tout essoufflé.
« -Désolé Inspecteur Abberline, je me suis réveillé en retard...
-Ce n'est rien Cyril, on ne change pas une équipe qui gagne. Rigola-t-il doucement. »
Cyril entra dans la pièce et se plaça à côté de Maxime qui s'était levé pour le saluer. Il le fixa longuement avant de lui esquisser un sourire et de se tourner vers l'inspecteur.
« - Maxime, voici Cyril, mon apprenti. Il souhaite devenir historien, mais les enquêtes que je mène l'intéresse au plus haut point.
-C'est l'histoire de demain Inspecteur. Répondit sur-le-champ le jeune apprenti.
-Je le sais bien Cyril. Il frotta ses mains entre elles avant de reprendre. Cyril, je te présente Maxime, le fils d'un ami. Il est venu passer quelques jours à Londres.
-Bienvenue, Fit Cyril en lui tendant sa main. Tu ne viens pas durant les plus beaux jours de la ville.
-J'ai cru comprendre. Répondit-il tout en lui serrant sa main. »
Le plus âgé prit sa veste qu'il enfila et ramassa de quoi écrire sur son bureau.
« -Bon, eh bien les garçons, il serait temps d'aller sur le terrain. Cyril, l'Eventreur a encore frappé.
-Qui est la victime ?
-Une prostituée, au Sud de Westminster. »
Cyril baissa les yeux un instant, pris d'empathie pour la jeune femme, qui, malgré le métier peu promable qu'elle exerçait, elle ne méritait pas une mort aussi atroce. Car il s'en doutait, le sort qui lui avait été réservé était sûrement le même qu'aux précédentes. Maxime lui, ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais il suivit le mouvement des deux hommes, laissant sa valise dans le bureau.
