Charlie

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Maman. Tu n'as pas répondu à ma dernière lettre. Aussi, j'ai oublié de continuer à t'écrire. Mais en ce 6 novembre, où des milliards de milliers de choses se sont passées, je dois t'informer. Allons, par où commencer...

J'ai rejoint une association. Des gens qui luttent contre Le sida. Je ne te dirais pas Le nom, tu irais porter plainte à la police. Tu as toujours haïs les groupes dans lesquels je "trainais". Je n'ai pas besoin d'amis selon toi. Mais là, ton fils contaminé en a réellement besoin de cette association.

Ils ne sont qu'une dizaine. Peut-être une vingtaine tout au plus. Il y a de tout: des hétéros, des homos, des bis, Pas de trans néanmoins, ni d'asexués, des jeunes, des vieux, des pauvres, des riches, des parents, des enfants. C'est drôle de songer qu'il y a autant de diversité dans un petit groupe. Il y en a plus que j'en ai jamais vu. Je vois venir Papa: oui, mon père adoré, je traîne avec des "pédés". Et ils sont plus charmant que quiconque.

Alors Papa, vas-y. Dis-moi que tu me renies, dis-moi que je ne suis plus ton fils, dis-moi tout cela. Je ne pense pas Vivre assez longtemps Pour Le toucher, ton fameux héritage. Je m'en fous. La vie est trop précieuse pour s'emmerder papa. Et si je veux traîner avec ces gens absolument géniaux, Je Le ferais. Ça y est, je suis majeur.

Dans ce groupe, il y a ce mec. Il s'appelle Charlie. Il est séropositif depuis un an. Ces résultats sont plus ou moins Bon. Il est gentil avec moi, et je me suis enfin fait un véritable ami. À quoi ressemble-t'il, dois-tu te demander Maman. Un métisse aux yeux clair, aux cheveux légèrement ondulés, fin comme une aiguille, avec un style se rapprochant de celui des années 90. C'est Charlie.

Il a tout fait, celui-là. Il a été anorexique, boulimique, en dépression, et maintenant séropositif. Il m'a dit tout ça sans se départir de son sourire. Et oui, il est comme ça Charlie. Il sourit sans raison, tout le temps. Je trouve que c'est une grande qualité.

Mes tests se détériorent vite. Trop vite selon le médecin. La phase terminale me hante. Je passe mon temps à vérifier mes pieds, à chercher d'éventuelles lésions. J'inspecte sans cesse mon corps. Je suis inquiet, c'est vrai. Pas de nouvelles de Carole. J'espère juste qu'elle n'est pas morte.

Je te fais un signe de la main en guise d'au revoir,

Oscar.

ZéropositifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant