Miroir Diforme

Miroir Diforme - Part 2

Tout est blanc autour de moi. J'ai l'impression de me perdre dans un monde sans couleurs. Et pourtant, les cours de sciences du collège m'ont pourtant certifié que le blanc était un mélange de chaque couleur qui composent ce monde. Mais çà me parait si fade, sans avenir. Je ne perçoit rien dedans. Comme si on avait aspirer la réalité.

"Emy."

Mais qu'est-ce que la réalité au fond ? Si çà se trouve, c'est une énorme supercherie, peut-être que nous vivons dans cet endroit qui n'est que la création d'autres êtres, plus intelligents, puissants et évolués que nous. Peut-être que nous sommes des robots. Des personnes programmés pour ne pas se rendre compte de ce qui se passe ici. Cela ne m'étonnerait pas que là-haut, les gens s'amusent à nous rendre la vie dure, en nous affligeant des maladies, les accidents, la tristesse et la colère. Ils se pètent littéralement une barre.

"Emy ?"

Putain, mais qu'est-ce que çà pu le mort dans cet hôpital. Tout m'agresse, les sons, les lumières, l'odeur. Je ne reparlerais pas de la blancheur des murs. Le tic-tac de l'horloge. Non, je me trompe. Le tic-tac de l'électro-cardiogramme. Je divague.

"EMY !"

Je sursaute.

" - Emy, tu n'as vraiment pas l'air bien en ce moment. Je ne sais pas ce que tu trafiques la nuit, mais en tout cas, çà ne me dit rien qui vaille."

Toujours aussi naïve à ce que je vois. Je ne réponds pas. Après tout, elle me connaît mieux que personne. Et elle sait très bien que je cache quelque chose. Elle sait tout de moi. Enfin, excepté l'autre reflet du miroir. Mais elle ne doit pas savoir. Si elle apprenait la vérité, les gens au dessus de nous la tueront. C'est ma souffrance contre la sienne.

"Tu sais que je ne veux pas que tu tombes en dépression ou un truc dans le genre. T'es comme une grande-sœur pour moi. Tu te souviens non ? C'est ta souffrance contre la mienne."

Oui. Je me souviens.

"Tes cheveux repoussent."

Elle me fixe d'un air curieux. Je sais très bien qu'elle se dit que je change de sujet, mais je m'en moque.

"Ouais. En fait, la chimio çà à fait un bien fou à mes tifs. Ils sont plus doux, plus soyeux. Je crois que c'est la seule chose qui vaut le coup quand on a le cancer."

Silence pesant. Elle a l'air énervée.

"-  Excuse-moi, je voulais pas te blesser.

- Nan mais t'inquiètes pas, t'as raison. Change de sujet. De toute façon, tu ne me diras jamais ce que tu trafiques la nuit.

- Ce n'est pas comme si j'avais le choix.

- Bien sûr que si, tu as le choix. Je te l'ai répété des milliers de fois déjà. Comment trouves-tu tout cet argent ? C'est vrai qu'il m'aide beaucoup pour le traitement, mais ce n'est pas à toi de faire çà, madame Emilia Smith. Mes parents se débrouillent, ils font des demandes pour collecter un maximum de fric, pour m'aider. Je t'interdis de continuer ce que tu es en train de faire, c'est compris ? Je ne veux plus de çà."

Son visage est rouge de colère. Enfin, je la comprends. J'aurais surement réagi pareil si elle me faisait des cachotteries.

Je me lève de ma chaise et enfile ma veste en faux-cuir. Timidement, de la poche de mon jean, je sors une enveloppe, et la pose délicatement sur sa table de chevet. Elle est sûrement en train de me regarder avec des yeux de tueurs, comme elle sait si bien le fait. Mais je n'y fait guère attention.

"Envoie-moi un message si tu as besoin de moi, pour quelque raison."

Je reprends les clefs de ma caisse puis claque la porte derrière moi, ce qui provoque la colère d'une infirmière qui passait par là au même moment.

"Mademoiselle ! Je vous prierai de faire moins de bruit désormais, vous risquez de réveiller des patients qui souhaitent se reposer !"

Je ris très fort.

"Mais madame, avec tout le respect que je vous dois, j'en ai absolument rien à foutre."

Elle est complètement outrée. Tant mieux, c'était exactement ce que j'attendais pour me permettre de m'éclipser.

Je tourne le dos à la chambre n°204, patiente Laure Clark, atteinte depuis 1 an d'un cancer du sein. Je rentre chez moi.