Premier jour : merdique

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Il fait beau.

Je hais le soleil.

Je déteste le beau temps. Quand le ciel est clair et bleu, quand il n'y a aucun nuage, que l'herbe grasse brille dans le parc, que les zozyos chantent avec bonheur pour les jeunes cons d'étudiants qui se retrouvent pour fumer un pétard. Weed pourrie. Aucun goût, ces khâgneux.

Je déteste ça. Encore pire quand y a un espèce de rasta blanc - encore pires que les rasta noirs - qui s'est ramené une guitare pour chanter des chansons tellement engagées et ô combien anti-sociétaires comme Saez ou Tryo. Bande de cons.

Putain. Et dire que j'ai encore cette putain d'habitude d'aller au parc tous les samedis. Je devrais pas. Rien que savoir que tous ces connards dehors existent pour de bon me donne envie de gerber, alors les voir en vrai...

Une connasse m'a fait une scène parce que j'avais giflé son gosse. Il avait qu'à pas cogner son ballon dans mes pieds alors que j'essayais de pioncer. Et puis, elle a osé me dire que "c'était inacceptable".  Tu parles, si elle était pas arrivée à ce moment, elle aurait vu ce qui est inacceptable, ouais. Vous croyez que ça peut bouffer combien de kilos de gravier, un mioche ?

Bordel, et les jeunes bobos hipster qui en finissaient pas avec leur gratte sèche et leur chanson du partisan. Putain, mais même mes parents ils sont nés après la guerre, qu'est-ce que t'y connais, toi, à la résistance, aux balles et aux morts, pauvre débile inconscient de la fourchette dorée que ses parents proprets ont fourré dans sa bouche dès la naissance ?

Et en plus ils connaissent trois accords sur leur merde. Putain. Ils auraient su ce que c'est que de jouer de la musique. S'ils étaient venus là plus tôt.

Bordel de merde. J'ai besoin d'une clope.

Et j'en ai plus. Je vais encore devoir sortir. Fais chieeer.

Ah oui ! Je vous ai pas dit.

Non parce que, tout le monde ayant décidé de me faire royalement chier, dans ce parc, je m'en étais bien entendu grillée plusieurs. Et voilà que j'allais m'en allumer une autre, quand une pauvre vieille me dit qu'on fume pas dans les lieux publics. Quoi ! C'est la meilleure ! Et v'là qu'elle me montre le panneau, avec une blonde dégueue barrée de rouge. Elle avait raison, la conne, c'est interdit. Loi numéro je-m'en-bats-royalement-les-parties. C'était ma dernière clope. J'en avais besoin pour ne pas faire bouffer leur pompes à tous les gens de ce putain de parc, clebs et marmots compris.

Alors je lui disais en sortant mon briquet que cette loi impénétrable comme le cul du seigneur m'en touche une sans me bouger l'autre, lorsqu'elle m'a choppé ma clope pour la piétiner.

Remercions maintenant mes parents pour m'avoir appris que la prison c'est pas bien. Sinon je crois que plutôt qu'un regard noir qui l'a faite traverser le parc plus vite que les Allemand la ligne Maginot, c'est un parpaing qu'elle aurait pris dans la tronche.

Bref, toute cette colère, ça fatigue.

Ces jeunes cons qui savaient pas jouer de musique me donnent le besoin impératif d'une clope.

Mais j'en ai plus.

Même plus de feuilles.

Il faut surtout pas que je mette de jazz.

Putain.

Et ce ciel qui est toujours aussi bleu.

Bordel de merde...

Journal d'un conOù les histoires vivent. Découvrez maintenant