Ace s'avança lentement sous l'averse. Depuis qu'Aya l'avait quittée, il se sentait comme perdu et délaissé. Le goût de vivre avait disparu de son cœur ... Comme un sentiment refoulé et renié. En cet automne glacial, Ace avait perdu sa femme dans un accident de la route. Il lui avait fallu une vie entière pour la trouver, et seulement quelques secondes pour la perdre. C'est ainsi que les choses fonctionnaient dans la vie, un être humain était destiné à souffrir, et ce qu'importait le moyen par lequel cela s'effectuait. Tout autour de lui semblait n'être qu'une simple poche d'air ... qu'il repoussait par ce lourd destin auquel il avait été soumis. Tous ces lieux ... Tous ces souvenirs, toutes ces choses qui construisaient sa vie et qui aujourd'hui la détruisaient ... Tous ces mots qu'il se remémorait, c'était juste comme un enfer interminable qui avait fini par lui ronger le cœur jusqu'au sang. Le visage de sa bien-aimée lui apparaissait en rêve. Les fins contours de son visage, qu'il avait l'habitude de caresser, les doux traits de son sourire qu'il ne cessait d'admirer, les chaleureux baisers qu'il échangeait avec elle ... Tous ces détails qui lui permettaient de garder l'image de sa femme intacte, même au plus profond de son cœur. Il rêvait d'elle ... Jours et nuits. Dès qu'il fermait les yeux il la voyait, comme au premier jour. Cette sensation de bien-être et d'envie était restée la même. Peu importe le nombre d'années qui s'étaient écoulées, peu importe le nombre de disputes qu'ils avaient endurées ... Cette impression n'avait jamais changé. Il l'avait aimée comme sa perle, protégée comme son cœur ... Il était juste fou d'elle. Fou au point d'en perdre sa raison de vivre.
« Je t'aime Aya ... N'en doute jamais. Quoi qu'il arrive, nous serons toujours ensemble. Comme depuis que je t'ai épousé. Rien ne nous séparera ... car sans toi, je n'ai plus de raison de vivre. Tu es la seule. La seule. »
Ce jour-là, il l'avait serrée fort tout contre lui. Il l'avait embrassée de ses bras, pour s'assurer qu'il ne vivait pas qu'un simple rêve, pour se promettre de ne jamais la quitter car sans elle, il ne parvenait pas à être heureux ... Il ne pouvait pas oublier, pas ignorer. Ses sentiments étaient toujours là, toujours présent, toujours aussi fort pour elle et son cœur battait toujours plus fort lorsqu'il prononçait son nom.
« Aya ... Aya ... Aya ? ... Aya ?? ... Aya ! ... A-ya ... »
Il laissa émaner un cri de désespoir ... Le monde lui avait enlevé ce qu'il avait de plus cher. Il criait de rage et de haine. Que devait-il faire ? Non ... La question était : Que fallait-il faire ? Comment pouvait-on vivre avec cette douleur ? Après avoir crié, hurlé et pleuré, au point où ses yeux étaient devenus rouge et sa main irritée par les frottements, il s'endormit. Là. Au beau milieu de nulle part. Dans ce champ abandonné. Il rêva. Encore. Au loin, porté par le vent on l'entendit murmurer dans son sommeil, de sa voix frêle et attristée : « Aya ... »
Elle était là. Comme toujours, elle l'attendait assise en haut de cette grande rose blanche. Ace la regarda, non ... il la fixa, les larmes aux yeux. Comme chaque soir, il escaladerait la fleur et se blesserait à cause de ses épines tranchantes. « C'est la preuve même que qu'importe la douleur ou les obstacles ... Tu viendras à moi, mon chéri. La preuve que notre amour est le plus fort. » ... Voilà ce que lui avait avoué Aya lorsqu'il lui avait demandé pourquoi il devait franchir ses épines avant de pouvoir la rejoindre et l'aimer comme il l'avait toujours fait, avant de pouvoir la serrer contre lui et l'embrasser comme si c'était la première fois. Il était si doux, si heureux, si paisible en sa compagnie. La voir lui suffisait pour être à nouveau celui qu'il était autrefois ... Cet homme plein de gaieté et d'espoir. Lorsqu'il lui prenait la main, il priait pour ne jamais plus se réveiller et passer le restant de ses journées avec elle ... Comme ils se l'étaient promis le jour de leur mariage. Mais soudain, la rose perdit son premier pétale. Puis un deuxième. Et un troisième. Et ainsi de suite. C'était le signe que le rêve prenait fin. Le moment qu'il redoutait et haïssait le plus. Cet instant même qui le faisait plus souffrir que n'importe quelle autre chose. Puis, enfin, le dernier pétale se détacha et la fleur commença à faner. Ace ferma les yeux et serra Aya le plus fort possible contre lui. Mais une fois encore, elle lui échappait déjà. Elle n'était plus là. Seul le vide avait pris place entre lui et le spectre de sa femme. Il tenta tant bien que mal de la saisir, l'attraper, juste de la retenir ... Mais en vain. Il était seul. A nouveau. Comme toujours. La fleur disparue. Il chuta, sombra et se réveilla en sursaut là où il s'était endormi. Il regarda autour de lui, hâtivement, furtivement ... Dans l'espoir de la voir ... Mais rien. Les vieux saules pleureurs étaient les seuls témoins de sa folie. Ace se jeta à terre, les poings serrés et frappa le sol avec toute la force qu'il avait. Il se releva, la mine sombre, le cœur détruit, les poings en sangs, les bras ballottant. Il avança lentement puis se mit soudainement à courir. Une ombre circulant dans la forêt ... un esprit cherchant sa route ... Ace courant rejoindre sa bien-aimée. Là, au beau milieu de cette prairie, au pied d'un arbre, il se dirigea vers cette stèle. Il se pencha comme pour l'admirer, la caressa du bout de ses doigts et se coucha dessus.
« Je suis là Aya ... Je suis là. Avec toi. »
Il ferma les yeux. Et ne pensa à rien d'autre qu'à leur union. Il s'endormit, espérant la revoir. Mais elle ne vint pas. Quelques heures plus tard, il ouvrit à nouveau les yeux. Ne bougea pas, ne broncha pas. Il ne l'avait pas vu. Etait-ce la fin ? Etait-elle vraiment partit ? Ace ne put s'empêcher de verser une larme à l'idée que le charme avait été rompu. Il colla son front à la stèle et pleura toutes les larmes de son corps. Il se releva s'assis en face de l'arbre et contempla les douces roses blanches ornant la pierre. Il saisit l'une d'entre elle et sentit son odeur. Serra les dents, et pleura à nouveau. Une de ses larmes se versa dans le doux cœur de la fleur et y demeura sagement. Il y déposa un baiser et la posa sur la stèle. Un amour, si puissant, est éternel. Ace le sait. Il ne trouvera personne d'autre à aimer autant qu'elle.
« Je t'aime Aya. Dans mes rêves ... Mon coeur ira rejoindre le tien ... »
FIN
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Une Fleur Pour Une Larme - Histoire Courte
Novela JuvenilQue feriez-vous si la mort vous ôtait une être précieux, aussi vite que la vie vous l'avait offert ? Jusqu'où iriez-vous pour récupérer ne serait-ce qu'un sourire de cette personne ? Que seriez-vous prêt à affronter si on vous offrait la chance de l...