Ballet sous la pluie

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Assise sur le côté du lit, au milieu de la nuit, je t'observe dans ton sommeil. Tu as ce visage d'enfant lorsque tu dors à point fermés. Quelques mèches blondies par le soleil retombent devant tes yeux et sur tes épaules dénudées. J'y dépose un léger baiser, tu ne bouges pas d'un poil. À te regarder ainsi, je suis projetée quelques années en arrière.



C'est notre premier baiser que je revois, sur le palier de l'appartement de mes parents. J'étais au lycée, toi tu étais déjà étudiante depuis deux ans. Cette petite différence d'âge me faisait me sentir importante, j'avais des connaissances proches dans l'enseignement supérieur.


Surtout, j'étais fière d'être aimée par une fille comme toi, tellement plus mature, je ne comprenais pasque tu me portes de l'intérêt mais ça me plaisait. Énormément !


Un jour tu m'as emmenée voir une comédie musicale au cinéma, il n'était pas trop tard. Les acteurs n'arrêtaient pas de danser, partout, tout le temps. Ils sautillaient, se déhanchaient, virevoltaient sur de nombreuses mélodies plus qu'harmonieuses, certaines presque féeriques.


Les musiciens ne manquaient pas, les violonistes amenaient le rythme tandis que les pianistes prenaient en charge la paisibilité. La magie était cependant laissée à la harpe qui, de ses pincements poétiques, séduisait.


Apparaissaient aussi parfois des chanteurs, pas toujours; le chant n'est pas forcément nécessaire quand les instruments s'expriment d'eux mêmes pour te transporter là où, physiquement, tu n'es pas.


J'adorais ça, tu le savais. Je n'avais de cesse d'exécuter quelques pas de danse, pour le simple plaisir, parfois lorsque je me promenais. J'avais conscience d'attirer des regards en coin, d'autres moins discrets, attirés par ces étranges manières, mais je n'y avais jamais porté aucun intérêt.


Cette soirée là, d'ailleurs, lorsque nous sommes sortie du bâtiment, il pleuvait, depuis un certain temps déjà. Les rues étaient trempées; les effluves du macadam mouillé venaient égayer notre olfaction lorsque les gouttes venaient s'abattre sur nos têtes, inonder nos cheveux, rouler le long de nos bras et éclabousser nos chaussures.


Je n'avais qu'une envie c'était de danser, ici, au milieu du parking, sous cette pluie battante, entre toutes les voitures, avec toi. La pluie incarnait pour moi une métaphore incontestable du romantisme.


Il n'y avait pas de meilleure scène à imaginer que toi et moi, dans de magnifiques robes, tournoyant sous la pluie avec légèreté et riant face à notre désinvolture. Au fond, c'est une tempête dont j'aurais rêver. Une puissance qui nous entraîne malgré nous mais pour notre plus grande satisfaction.


Je t'aurai embrassé à ce moment. Un baiser sous la pluie, le premier qui plus est, était pour moi au summum du romantisme. Un rêve ultime, la perfection incarnée.


Je me suis tournée vers toi, plus que réjouie de ces intempéries qui nous prenait de court, et je t'ai vue, portant ta veste tant bien que mal au dessus de ta tête pour te protéger. J'ai de suite oublié la scène qui se jouait quelques secondes avant dans mes pensées.


Tu m'a attrapé la main et attirée vers toi afin d'arriver le plus rapidement possible près de ton véhicule. Ce contact m'entraînait, me faisait voler à tes côtés. Finalement, je ne désirait rien de plus.


Une fois sur la route, tu conduisais distraitement. Je ne sais pas si tu le sais mais je t'observais, je ne pouvais détacher mon regard. Je faisais de mon mieux pour que tu ne le remarques pas. Ta beauté est à couper le souffle, c'est indéniable. Tu passais ta main dans tes cheveux, mais tu ne cherchais pas à te recoiffer, c'était un simple geste machinal. Et moi, je trouvais tes attitudes si élégantes, si attirantes.


J'avais envie de te prendre contre moi, te serrer, poser mes lèvres sur les tiennes. J'étais heureuse de t'avoir à mes côtés et ressentait également une pointe de fièreté d'être celle avec qui tu avais choisi de passer la soirée.


Je n'osais pas te le demander mais j'aurais voulu que tu conduises lentement, très lentement. Je n'avais aucuneenvie de rentrer chez moi, aucune envie que ça se finisse, jevoulais rester là, dans ta voiture, éternellement.


Tu as lentement tourné la tête alors que nous étions arrêtées à un feu, ton regard s'est attardé sur moi, mon cœur a raté un battement.


Est arrivé le moment fatidique où tu t'es garée devant mon immeuble. Tu m'as dit que tu avais passé une bonne soirée, qu'on se reverrait bientôt. J'ai attendu quelques secondes mais rien ne s'est passé. Alors je suis sortie, rejoignant lentement la porte d'entrée. La pluie n'avait plus rien d'excitant.


Arrivée à mon étage j'ai entendu du bruit dans la cage d'escalier. Tu montais les marches quatre à quatre. Tu t'es postée devant moi, juste sur le seuil de la porte. Tu m'as regardée, ce moment m'a paru durer une éternité. Mes mains se sont mises à trembler, suivies du reste de mon corps, je ne comprenais pas ces réactions, je suis plus courageuse que ça.


Enfin tu t'es penchée vers moi, a posé tes lèvres sur les miennes, pour de vrai. Cette fois ce n'était pas l'œuvre de mes pensées. Les sensations que j'éprouvais étaient bien plus intenses que ce que j'aurais pu imaginer. C'était une explosion en mille couleurs, un petit feu allumé dans le bas de mon ventre.


J'aurais voulu que ce moment dure pour toujours mais tu m'as souhaité bonne nuit et t'es retournée avantde t'éloigner. Je ne pouvais que constater que je n'aurai osé rêvé mieux, c'était délicieusement parfait.


Je te contemple endormie dans la pénombre de la chambre, si belle. Rien n'a changé. Je t'aime toujours autant.


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Voilà ma première nouvelle, fortement inspirée d'une chanson. 


J'espère que ça vous plaîra. 


D'autres arriveront prochainement ;)


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⏰ Last updated: Sep 02, 2017 ⏰

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