Chapitre 43 : Les armes pour se battre

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La mort d'Azusa et Subaru semblaient être des fardeaux bien trop douloureux à porter pour la future maman qui jour après jour se repliait sur elle-même. Finis les soirées autour du thé, à lire et discuter, finie l'innocence de l'ignorance. Les nuits s'assombrissaient pour Anju, et le poids du deuil était aussi lourd que son ventre.

Carla l'observait, pensif. Il se doutait qu'elle réfléchissait à son rôle dans tout cela et l'implication qu'elle pourrait avoir. Il redoutait de la voir s'enfuir de manière irréfléchie pour voler au secours de l'un des vampires. Kyra l'avait prévenu de son côté altruiste à son propre défaut.

Elle était aussi révoltée que les autres et avait cherché des solutions pacifiques sans en trouver une viable sur le long terme. Carla ne pouvait rabaisser cette détermination naïve, mais il cherchait à la parer ; car si la jeune vampiresse décidait de s'éclipser, il ne savait pas s'il pourrait l'arrêter. Même s'il l'enfermait, le problème ne serait pas résolu.

Aussi, Carla demanda à son frère et Kyra de garder un œil sur les actions de la demoiselle. Bien qu'il sache que l'issue n'en risquait pas moins d'être différente que ce qu'il aurait souhaité, il espérait retarder l'échéance. Lui aussi cherchait des solutions à cette situation. Il avait tellement à faire... Reprendre le trône de son père n'avait été qu'un cadeau empoisonné, pensa ironiquement le jeune roi.

Et les nuits passèrent, les unes semblables aux précédentes. Les feuilles d'automne balayaient dans les airs, les couleurs chatoyantes et enivrantes volaient et tombaient, s'écrasaient et craquaient sous les pieds martelant le sol.

Mais les couleurs orangées, jaunes et rouges de l'automne apportaient également leur signification mortuaire. Anju le savait, là-bas ce n'étaient pas les feuilles parées de vermeil mais les rues et leurs mains. Et elle, bloquée ici par ses propres choix, avait abandonné ses amis et sa nouvelle famille.

Ses mains se posèrent sur son ventre où reposait l'être qu'elle protégeait. Lui en voudrait-il s'il savait ? Et si Ayato ne voulait pas de cet enfant ? Le temps passait et déjà elle n'était plus sûre de la décision qu'elle aurait dû prendre. Rester, au risque de tout perdre ? Ou s'éloigner, et ne peut-être rien retrouver ?

Les arbres dénudés et les tapis qu'elle foulait ne faisaient que lui rappeler la mort qu'apportait la saison. Un œil au calendrier humain suffit à lui confirmer que la fête des morts approchait. Elle espérait tant ne pas recevoir d'autres missives...

Mais sans pour autant en recevoir, les vents et tempêtes apportés par le neuvième mois de l'année semblaient faire tourbillonner ses idées noires. Les jours apportaient la quiétude manquée par la nuit, et bien que vampiresse, Anju retrouva un cycle humain.

Elle était à bout et ne savait si elle craquerait avant que son enfant ne vienne au monde. Elle se sentait surveillée, mais elle connaissait aussi ses propres forces. Elle se doutait des moyens dont elle disposait pour s'échapper facilement...

Elle espéra, encore deux jours, encore un mois...

Puis vint une soirée où elle craqua.

Elle prépara ses affaires et s'en alla.

Pourtant sur le chemin, elle fut arrêtée par deux chauves-souris. Le monde sembla s'écrouler.

Elle les voyait comme les piliers, ceux sur qui les autres pouvaient compter sans ciller... Mais ils venaient de plier.

Les larmes coulèrent d'elles-mêmes. Personne n'était là pour l'épauler sur ce sentier poussiéreux. Elle était seule, et elle le savait, elle allait vers un cimetière à ciel ouvert. Elle était seule et se dirigeait vers l'enfer dans le monde des démons, démunie face à ces deuils de plus en plus nombreux.

Le nombre était désormais de quatre morts. Tout d'abord, il y avait eu Subaru, le premier tombé, le plus grand choc. Elle espérait sincèrement qu'il reposait aux côtés de Rhin, enfin heureux.

Par la suite, il y avait eu Azusa. Cette nouvelle les avait pris au dépourvu, le deuil fut difficile à accepter alors qu'elle peinait encore à digérer la mort du benjamin Sakamaki.

Pourtant... désormais elle devait affronter la perte de deux amis, deux décès qu'elle n'attendait pas. A ses pieds, une paire d'écouteurs appartenant à Shu et un élastique pour cheveux anciennement à Yuma. Ils venaient de rejoindre le paradis.

À travers ses yeux (Diabolik Lovers)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant