Inconnus.

Lui♡

J'étais assis dans ce bus depuis une dizaine de minutes, et ma seule occupation était de regarder les gouttes d'eau faire la course sur la vitre. Je levai les yeux vers la jeune femme qui venait de s'asseoir sur le siège en face du mien. Elle avait l'air épuisée, j'eus de la peine pour elle. Elle cala sa tête contre la vitre et commença à regarder le paysage nocturne qui défilait sous ses yeux. Dix minutes minutes plus tard, ses paupières étaient closes et j'en profitai pour l'observer, me laissant bercer par sa respiration calme et régulière. Je m'approchai d'elle pour remettre en place une mèche échouée sur son visage tandis qu'une odeur légèrement vanillée enivra mes narines, que je devinais être son parfum. Je dus me faire violence pour ne pas nicher ma tête dans son cou et continuer à inhaler son odeur. Son souffle chaud et silencieux heurtait mon visage, ce qui me fis frémir.

Une bonne demi-heure s'était écoulée depuis qu'elle s'était endormie et je ne me lassais pas de la dévorer du regard. Avoir cette parfaite inconnue si près de moi faisait naître en moi des milliers de sensations toutes plus agréables les unes que les autres. Elle était belle et respirait la pureté. Son visage était incroyablement doux à regarder et elle avait l'innocence d'un nouveau-né. Son teint rose et frais lui donnait un air enfantin que j'appréciais particulièrement. Je m'imaginais embrasser ses lèvres rosées et charnues à souhait tandis que plusieurs scénarios lubriques me vinrent à l'esprit. Je m'empressai de les chasser pour reprendre ma contemplation.
Elle émergea lentement de son sommeil et me sourit. Je commençais à engager la conversation, mais, à vrai dire, c'était un prétexte pour me noyer dans son regard de jade. Il m'attirait comme un aimant et je ne voulais plus jamais m'en défaire... Je me suis senti vulnérable à la seconde où mon regard a croisé le sien. Ses iris étaient teintés d'une lueur rieuse qui les rendait irrésistibles. Elle détourna vivement la tête et se cacha derrière ses boucles de feu pour chercher quelque chose dans son sac. Je devinais qu'elle était mal à l'aise, ses joues avaient rosi. Elle se retourna vers moi et ses perles d'un vert émeraude rencontrèrent de nouveau mes yeux. Les siens avaient une délicate forme en amende et allaient en harmonie avec le reste de son visage aux traits parfaits. Je n'irai qu'ils étaient mis en valeur par un simple trait noir et fin sur la paupière mobile. Elle me fixait d'une façon hypnotique, presque douteuse, mais j'aimais tellement ça... Je la caressais du regard et elle semblait aimer : elle ne disait rien mais ses yeux parlaient pour elle. Ils brillaient. Tout était devenu flou autour de nous, ni elle, ni moi ne portions de l'attention au monde qu'il y avait autour de nous. J'aurais voulu que ce moment dure. J'aurais voulu continuer à détailler chacune des tâches de rousseur qui parsemait son si joli visage à la peau laiteuse . J'aurais voulu connaître son prénom, mais j'avais trop peur de briser la féerie des instants que nous étions en train de vivre. J'aurais voulu que ce moment ne s'arrête jamais. Mais non. Ce fut l'arrêt brutal du bus qui nous ramena à la réalité. Je sentis mon cœur se briser dans ma cage thoracique quand je la vis se lever. C'est plutôt étrange qu'une parfaite inconnue comme elle me fasse ressentir de telles sensations... Je lui fis un sourire triste qu'elle me rendit avant de sortir du bus. Elle me lança un regard désolé avant de descendre du bus. Par l'intermédiaire de la vitre, nos regards se trouvèrent pour la dernière fois, ce qui me fis frissonner de plaisir. Je vis ensuite le halo de ses boucles de feu s'éloigner au loin. Le bus redémarra et je continuai de fixer sa silhouette jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un modeste point au loin. Le souvenir de ces yeux verts qui ont eu le pouvoir de tout me faire oublier le temps d'un trajet en bus restera à jamais gravé dans ma mémoire. Cette passagère a le genre de regard que l'on oublie pas.