J'ai écris cette nouvelle sur le coup, un petit "ras-le-bol", donc pardonnez mon point de vu plutôt amer. Merci, et bonne lecture.
EliaTagada.
Arrêtez. Non, arrêtez.
Arrêtez de me fixer avec cet air emprunt de dédain, d'une manière si déconcertante.
Arrêtez de me reluquer, votre regard balayant mon corps de haut en bas, un sourcil moqueur traçant un accent circonflexe sur le haut de votre visage, ce dernier marqué d'un fin sourire.
Je baisse les yeux, de manière à fixer le sol tout en avançant rapidement, feignant une indifférence la plus totale.
"Assume-toi comme tu es !" ; " Le plus important, c'est que toi, tu te sentes bien dans ton corps." ; "Qui sont-ils pour te juger ?"
Tout, justement. Ils sont tout. Vous êtes bien drôles, à clamer à tort et à travers que le regard des autres ne vous fait ni chaud ni froid, que vous vous assumez tel que vous êtes, que si vous ne leur convenez pas, tant pis, c'est leur problème. Mais je sais que vous voulez simplement paraître plus fort que vous ne l'êtes, tentant même peut-être de l'auto-persuasion pendant que vous vous effarez à affabuler ces propos. Moi, je sais très bien qu'au fond, cela vous affecte plus que ce que vous voulez prétendre. Que chaque soirs, lorsque vous vous allongez dans votre lit avant d'aller vous coucher, vous avez les yeux rivés au plafond, attendant peut-être un message qui ne viendra probablement jamais, les larmes vous venant alors aux yeux, sans que vous vous en rendiez compte. Que les fines goûtes d'eau se transforment alors en sanglots que vous tentez tant bien que mal d'étouffer afin de ne pas alerter les autres habitants de votre détresse. De toute façon, vous vous dites, si ils la voyaient, ça ne ferais que les inquiéter pour pas grand chose, finalement. Cependant vous espérez tout de même que quelqu'un parviendra à voir votre malheur, mais comment voulez-vous ? Le masque que vous avez fini par créer est tellement parfait qu'il ne peut tromper personne. Et, si, par mégarde, il s'effrite quelque peu de temps à autres, un simple "j'ai mal dormis" suffirait à ce que vos proches hochent la tête et arrêtent de creuser. Or, vous continuez d'espérer. Et de cet espoir né alors le désir qu'on te prête de l'attention. Vous allez même jusqu'à modifier ce que vous êtes au plus profond de vous, de vos convictions à vos propres sentiments. Pourtant, ce masque-la est bien plus fragile que celui de votre bien-être illusoire. Alors, quelques pensées obscures vous envahiront petit à petit, puis entièrement, et votre raison se taira, laissant votre désir égocentrique s'amplifier. Vous commencerez alors à faire comme tant d'autre, sombrer dans l'anorexie ou vous mutiler à coups de lames de rasoir. Cette dernière solution vous semblera être la meilleure car, de toute façon, vous passez votre temps à critiquer ces mêmes personnes atteintes de cette maladie, il ne faudrais pas que vous ressemblez à cela afin de ne pas être écartés de vos nouveaux amis. Vous commencez à vous faire quelques traces, mais arrêtez rapidement. La douleur étant tellement forte, vos hurlerez de douleur dans la salle de bain, laissant tomber la lame ensanglantée dans le lavabo. Vous observerez alors le sang couler de votre poignet le long de votre main, votre vision rendue trouble à cause de vos larmes. Vous vous calmerez, vous partirez vous asseoir, désinfecterez la plaie avant de mettre un pansement. Le lendemain, après votre justification ("mon chat m'a griffé"), vous soufflerez et rentrerez en cours en souriant, continuant, comme à votre habitude, de dénigrer ces personnes vous ressemblant tellement, mais qui, elles, n'avaient pas l'hypocrisie de feindre le contraire.
Alors, 6 mois plus tard, je ne serais pas étonnée d'entendre que vous vous êtes suicidés, cédant à la facilité, préférant être lâche jusqu'au bout et de ne plus supporter cette vie qui n'a, certes, pas été clémente, mais que vous avez finis par vous-même aggraver. Mais j'irais quand même à votre enterrement. J'irais quand même déposer des fleurs sur vos tombes. J'irais quand même prier à vos côtés, pour pouvoir me rappeler. Me rappeler que je finirais comme cela, moi aussi, à continuer de feindre comme vous l'avez fait. À continuer à pleurer toute seule chez moi, le soir, en boule, sur mon lit. Je resterais dans mon coin, mes écouteurs vissés aux oreilles, le volume au plus fort pour ne plus entendre leurs critiques inaudibles. Mais...
Arrêtez. Non, arrêtez.
Arrêtez de me fixer avec dédain, de cette manière si déconcertante.
Arrêtez de me reluquer, votre regard balayant mon corps de haut en bas, un sourcil moqueur levé, accompagner d'un fin sourire.Fin.
Écrit le vendredi 8 septembre, finit à 13:29.
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{Short Stories} : Cauchemar.
EspiritualDans la série "Short Stories" : 1) Je t'en veux 2) L'ombre de la lumière 3) Cold poison Finit d'écrire le 8 septembre 2017 à 13:29.