Le nuage est dense, surchargé, il se noircit. Le ciel gronde, un flash rapide se faufile et éclate en une longue plainte. Le vent souffle, lui qui fait habituellement si doucement danser les arbres, le voici qu'il les secoue avec violence, leur arrachant les feuilles. Feuilles qui s'envolent à travers Paris, pour terminer leur chemin sur un toit, le gazon, ou sur le pavé, juste à côté de mon corps boueux gisant au sol. Les nuages pleurent, tout comme moi. J'aurais pu croire que j'étais la cause de cette tempête, tant elle reflétait mes sentiments, mes émotions.
Il n'y avait personne, j'étais seul, allongé contre le sol froid d'une petite rue. Je n'arrivais pas à me relever, ou bien je ne voulais pas, je ne savais pas ce que j'espérais à ce moment là.
Puisque tous mes espoirs venaient d'être réduits à néant.Soudain, j'entendis des pas. Ils résonnaient dans le pavé, faisant vibrer mes tympans. Ils se rapprochaient de moi, paisiblement. Je levais les yeux, frémissant à l'idée que ce soit Emma.
Ce que je vis à la place fut un jeune homme, qui devait avoir le même âge que moi, c'est à dire dix-sept ans. Il était très blond, et je devais reconnaître que malgré ces cheveux d'une couleur inattendue, il était plutôt bel homme. Je me souviens de son visage sur lequel je n'arrivais à déchiffrer aucune expression. D'ailleurs, quand j'y pense, je n'ai jamais réussi à savoir ce qu'il pensait. Il n'était pas particulièrement élégant. Il arborait ces habits que l'on pouvait trouver dans chaque boutiques. Une simple chemise blanche, une cravate banale, et un pantalon à bretelles tout ce qu'il y avait de plus commun.
Il portait un parapluie noir pour se protéger de la pluie, ce qui de mon point de vue, m'empêchait de voir le ciel, et ne m'offrait pour vue que le visage de cet homme. Cet homme qui devint si important pour moi.
-Tu vas bien ? m'a-t-il demandé.
-Pas vraiment non, ais-je répondu.
Il m'a sourit, se rendant probablement compte combien sa question était stupide. Il m'a tendu sa main, une main osseuse et blanche. Quand je l'ai pris, un frisson m'a parcouru tout entier, tant sa peau était froide. Maintenant que j'y repense, on pourrait dire qu'il était froid comme un cadavre. Et cette comparaison est bien choisie.
Je ne me souviens pas exactement de quoi nous avons discuté par la suite. Sûrement de choses bancales que tous les inconnus se disent. Mais je me rappelle du moment où il est partit. Il m'a confié son parapluie, que je garde toujours précieusement dans un placard dans ma demeure que j'ai laissé derrière moi pour rentrer dans cet établissement.
Je ne connaissais pas son prénom à ce moment. Mais pourtant, ce garçon, ce mystérieux personnage sortit de nulle part, m'avait marqué. Il était l'une de ces personnes généreuses pour aucune raison, qui vous trouble l'esprit.
Je me souviens avoir pensé à notre rencontre pendant au moins une semaine. A chaque fois que j'avais l'occasion de plonger dans mes pensées, il apparaissait dans mon esprit, comme si il s'y était creusé un nid en me serrant la main ce jour-là.
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Poudre au Coeur
Fantasy1939, le début d'une amitié ambiguë entre deux jeunes soldats de la guerre. Ils ont chacun leurs doutes, leurs peurs, leur passé, et ont un point commun : ils sont réticents face à la guerre. Cette histoire, c'est l'un de ces jeunes hommes qui la ra...